CSI et adhésion primaire chez l’asthmatique.

lundi 12 novembre 2007 par Dr Alain Thillay1461 visites

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CSI et adhésion primaire chez l’asthmatique.

CSI et adhésion primaire chez l’asthmatique.

lundi 12 novembre 2007, par Dr Alain Thillay

Nombre d’études ont déjà montré que l’asthmatique est peu observant de son traitement par corticostéroïdes inhalés. Ici, les auteurs de ce travail ont cherché à déterminer les facteurs liés à la non adhésion primaire, c’est-à-dire les caractéristiques des patients qui ne font pas exécuter leur ordonnance de CSI. La proportion de ce type de patients est-elle importante ? Comment les détecter ?

Les patients asthmatiques qui ne font pas exécuter leur prescription de corticostéroïdes inhalés : une étude primaire de non adhésion. : L. Keoki Williams, MD, MPHabc, Christine L. Joseph, PhDc, Edward L. Peterson, PhDc, Karen Wells, BSc, Mingqun Wang, MSb, Vimal K. Chowdhry, PhDb, Matthew Walsh, BBAd, Janis Campbell, RNb, Cynthia S. Rand, PhDe, Andrea J. Apter, MD, MScf, David E. Lanfear, MD, MSab, Kaan Tunceli, PhDb, Manel Pladevall, MD, MSb

a Department of Internal Medicine, Henry Ford Hospital, Detroit, Mich
b Center for Health Services Research, Henry Ford Hospital, Detroit, Mich
c Department of Biostatistics and Research Epidemiology, Henry Ford Hospital, Detroit, Mich
d Health Alliance Plan, Detroit, Mich
e Department of Medicine, Johns Hopkins University, Baltimore, Md
f Department of Medicine, University of Pennsylvania Medical Center, Philadelphia, Pa

dans JACI Volume 120, Issue 5, Pages 1153-1159

 Contexte :

  • L’adhésion aux corticostéroïdes (CSI) inhalée est connue pour être mauvaise chez les patients asthmatiques ; toutefois, on en sait peu à propos des patients qui n’ont pas fait exécuter leurs prescriptions de CSI (non adhésion primaire).

 Objectif :

  • Estimer les taux de non adhésion primaire et étudier les facteurs associés.

 Méthodes :

  • La population de l’étude était constituée des membres d’un grand organisme de surveillance de l’état de santé dans le sud-est du Michigan, les critères suivants ont été sélectionnés :
    • âge de 5 à 56 ans ;
    • diagnostic antérieur d’asthme ;
    • au moins une prescription électronique d’un CSI entre le 17 février 2005 et le 1er juin 2006 ;
    • et au moins 3 mois de suivi après la prescription du CSI.
  • L’adhésion a été estimée à l’aide des informations des prescriptions électroniques et des données récupérées auprès des pharmacies.
  • L’analyse multivariable par étapes a été utilisée pour identifier les facteurs associés à la non adhésion primaire comparativement à des patients observants.

 Résultats :

  • Mille soixante-quatre patients répondaient aux critères de l’étude et avaient une adhésion calculable.
  • Parmi ces patients, 82 (8%) n’ont jamais fait exécuter leur ordonnance de CSI.
  • L’analyse de régression a identifié les facteurs suivants associés à une augmentation du risque de non adhésion primaire :
    • plus jeune âge,
    • le sexe féminin,
    • les sujets afro-américains,
    • et une plus faible utilisation des médicaments de secours.
  • Les facteurs associés à la non adhésion primaire différaient entre les groupes ethnico-raciaux.

 Conclusion :

  • La non adhésion primaire était associée à une plus faible utilisation des médicaments de secours, ce qui peut refléter une mauvaise perception de la nécessité du traitement par CSI chez les patients atteints d’asthme léger.
  • Les taux de non adhésion primaire et les facteurs qui ont influencé ce résultat différaient en fonction de l’origine ethnico-raciale.

 Implications cliniques :

  • La compréhension des caractéristiques du patient associées à la non adhésion primaire apparaît importante pour la gestion de la maladie asthmatique car de nombreux patients ne font pas exécuter leurs prescriptions de CSI.

Cette même équipe américaine de chercheurs avaient déjà publié un article fin 2004 concernant la relation adhésion et mauvais résultats du traitement de l’asthme.

A l’époque, dans leur étude rétrospective sur 408 asthmatiques, ils montraient que 50% des patients étaient non observants et que cette mauvaise observance était en relation avec les mauvais résultats thérapeutiques et les hospitalisations en urgence.

Ici, là aussi, il s’agit d’une étude rétrospective sur 1064 patients asthmatiques recrutés selon des critères précis.

La rétrospectivité ne pose pas problème puisque l’élément recherché est clair : les patients n’ayant pas fait exécuter leur ordonnance de CSI. De plus, tous les éléments de sélections sont simples faisant partie du dossier électronique du service de soins.

Ainsi, 8% des patients soient 82 ne sont pas allés chercher leur CSI à la pharmacie.

Les facteurs liés à cette non adhésion dite primaire sont le fait d’être jeune, d’être de sexe féminin, d’être afro-américains (avec les bémols classiques essentiellement celui de correspondre à une classe sociale défavorisée) et d’être peu utilisateur des médicaments de secours.

Les auteurs interprètent le lien entre non adhésion primaire et rareté du recours aux médicaments de secours par le fait que ces patients atteints d’un asthme persistant léger sont peu sensibles à leur symptomatologie asthmatique.

Là-dessus, je suis bien d’accord.

La maladie asthmatique est une maladie sournoise qui peut évoluer relativement à bas bruit et, surtout, le patient peut s’y habituer et adapter son mode de vie en réduisant les efforts physiques par exemple.

L’ « asthmologue » devra donc déployer tous ses talents pédagogiques et être le véritable acteur de ses convictions.

Pédagogie, pourquoi ? Parce que l’on adhère mieux lorsque l’on a compris la maladie asthmatique. Il faut expliquer encore et encore le caractère inflammatoire chronique de la maladie asthmatique.

Conviction, pourquoi ? Parce qu’il faut développer cette pédagogie avec ferveur, empathie, dans le cadre d’une relation d’aide. Il est fini le temps où le médecin auréolé de toute son autorité pouvait ordonner au patient un traitement. Maintenant, le médecin négocie avec son patient en lui apportant tous les éléments de réflexion qui feront que celui-ci, inscrit dans une relation de mutuelle confiance, adhérera tout naturellement à son traitement.

Le patient s’approprie le soin, le patient en tant qu’acteur de sa propre guérison.

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