Lecture des tests épicutanés : il faut prendre l’avis de la grenouille !

jeudi 24 avril 2008 par Dr Alain Thillay1492 visites

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Lecture des tests épicutanés : il faut prendre l’avis de la grenouille !

Lecture des tests épicutanés : il faut prendre l’avis de la grenouille !

jeudi 24 avril 2008, par Dr Alain Thillay

Pour obtenir des résultats fiables de tests épicutanés, l’allergologue s’entoure de précautions touchant surtout la propreté de la peau, sa sécheresse, l’absence de pilosité et une zone sans frottements. Il préviendra le patient d’éviter toute sudation par un effort physique conséquent. Mais, pense-t-il aux conditions météorologiques ? C’est tout le sujet de cette étude effectuée à partir d’une base de données allemande et autrichienne.

Impact des conditions météorologiques sur les tests épicutanés pratiqués avec 12 allergènes (parfums, biocides et les ingrédients topiques cutanés). : Uter W, Hegewald J, Kränke B, Schnuch A, Gefeller O, Pfahlberg A.

Department of Medical Informatics, Biometry and Epidemiology, Friedrich-Alexander University Erlangen-Nürnberg, 91054 Erlangen, Germany

dans Br J Dermatol. 2008 Apr ;158(4):734-9. Epub 2008 Feb 16.

 Contexte :

  • La fluctuation de l’irritabilité de la peau induite par une température ambiante basse et par l’humidité faible risquent de compromettre la reproductibilité des tests épicutanés.

 Objectifs :
-*Evaluer l’impact de la température et de l’humidité absolue, au moment où sont posés les tests épicutanés, sur l’occurrence de réactions d’irritation ou douteuses (RI/ ?), faiblement positif (+) et de réactions fortement positives (++/+++), respectivement, sur 12 allergènes inclus dans la batterie standard allemande.

 Méthodes :

  • L’analyse des données cliniques recueillies à partir du réseau de surveillance IVDK (http://www.ivdk.org) entre janvier 1993 et décembre 2001 (n = 73691 patients) a été pratiquée en combinaison avec les données météorologiques obtenues des services nationaux en Allemagne et en Autriche.
  • L’analyse de régression logistique multinomiale a été utilisée pour estimer le risque lié à la température, l’humidité absolue et la pression de vapeur, respectivement, ajustée pour le sexe, l’âge, la dermatite atopique et la durée d’application du test.

 Résultats :

  • A température et humidité basses, une augmentation de la fréquence des RI/ ? a été observée pour le mélange des parabènes, le (chloro-) méthylisothiazolinone.
  • A la fois les réactions RI/ ? et + ont été sensiblement augmentées à l’égard des allergènes mélange de parfum, la térébenthine, méthyldibromo glutaronitrile + phénoxyéthanol, et, en particulier le formaldéhyde, tandis que les réactions ++/+++ n’ont guère été affectées par les conditions météorologiques.

 Conclusions :

  • L’augmentation observée des réactions RI/ ? peut être due à des déficiences de la fonction barrière de l’épiderme.
  • L’impact de la sécheresse/froid sur les réactions + en termes de faux positifs est limité à quelques allergènes.
  • Dans le cas des réactions + non pertinentes, un nouveau test effectué dans des conditions de chaleur ou la vérification des critères tels que la répétition d’application en ouvert ou de l’utilisation de test de provocation peuvent être recommandés.

Cette étude évalue l’effet des conditions météorologiques sur la reproductibilité des résultats des tests épicutanés.

Il s’agit d’une étude allemande, seuls 12 tests de la batterie standard allemande ont été considérés parmi les parfums, les biocides et les ingrédients des topiques cutanés.

Les auteurs ont ainsi pu faire une analyse rétrospective sur 73691 patients entre janvier 1993 et décembre 2001.

Il s’avère que le temps froid et sec contribue beaucoup à une augmentation des réactions douteuses et d’irritation pour le mélange des parabènes, le (chloro-) méthylisothiazolinone. Alors qu’à la fois, les réactions douteuses ou d’irritation et faiblement positives sont augmentées pour le mélange de parfum, la térébenthine, méthyldibromo glutaronitrile + phénoxyéthanol, et, en particulier le formaldéhyde. Les réactions fortement positives ne semblent pas influencées. En un mot, plus il fait froid et sec plus la spécificité du test devient mauvaise.

Cette notion météorologique est sans doute un élément de plus à intégrer dans l’interprétation des tests épicutanés tout particulièrement dans l’analyse des réactions douteuses.

Les tests épicutanés ne sont pas simples à interpréter, cela nécessite d’être parfaitement entraîné à la lecture qui se fera, le plus souvent, 2 fois avec un bon éclairage et éventuellement avec l’aide d’une loupe. Bien sûr, les résultats sont à intégrer dans l’histoire du patient.

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