Du neuf dans l’allergie à l’œuf…

mercredi 24 septembre 2008 par Dr Gérald Gay3895 visites

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Du neuf dans l’allergie à l’œuf…

Du neuf dans l’allergie à l’œuf…

mercredi 24 septembre 2008, par Dr Gérald Gay

On ne dispose pas toujours de critères tangibles pour conseiller nos patients dans le domaine de l’allergie alimentaire. La prescription puis l’analyse des paramètres biologiques doivent être prudentes. Après lecture de cet abstract, vous serez en mesure de conseiller au patient d’aller se faire cuire un œuf… ou pas !

Utilité du dosage des IgE spécifiques à l’ovomucoïde dans la prévision d’une allergie clinique à l’œuf. : Hitoshi Ando, MD, PhDa, Robert Movérare, PhDbc, Yasuto Kondo, MD, PhDd, Ikuya Tsuge, MD, PhDd, Akira Tanaka, MSce, Magnus P. Borres, MD, PhDbf, Atsuo Urisu, MD, PhDgCorresponding Author Informationemail address

a Department of Pediatrics, Toyokawa City Hospital, Toyokawa, Japan

b Phadia AB, Uppsala, Sweden

c Department of Medical Sciences, Respiratory Medicine and Allergology, Uppsala University, Uppsala, Sweden

d Department of Pediatrics, Fujita Health University, School of Medicine, Toyoake, Japan

e Phadia KK, Tokyo, Japan

f Department of Pediatrics, Sahlgrenska Academy of Göteborg University, Göteborg, Sweden

g Department of Pediatrics, Fujita Health University, The Second Teaching Hospital, Nagoya, Japan

dans JACI Volume 122, Issue 3, Pages 583-588 (September 2008)

 Objectif :

  • Les enfants allergiques au blanc d’œuf cru peuvent parfois tolérer de petites quantités d’œuf dur.
  • Le dosage des IgE spécifiques à l’ovomucoïde pourrait être un critère prédictif de tolérance de l’œuf dur.
  • Le but de cette étude est d’évaluer l’utilité et la valeur diagnostique ajoutée à la mesure des IgE au blanc d’œuf, à l’ovalbumine et à l’ovomucoïde chez les enfants allergiques à l’œuf.

 Méthode :

  • Cent huit jeunes patients âgés en moyenne de 34 mois ½ et suspects d’une allergie à l’œuf ont réalisé des tests de réintroduction du blanc d’œuf, cru ou cuit, en double aveugle et versus placebo.
  • Les résultats cliniques de ces réintroductions ont été comparés avec le dosage des IgE sériques totales et spécifiques (technique ImmunoCAP).

-Résultats :

  • Trente-huit patients ont réagi à l’ingestion de blanc d’œuf cuit (et ipso facto furent considérés également allergiques à l’œuf cru), 29 enfants ont réagi seulement au blanc d’œuf cru, et enfin 41 n’ont eu aucune symptomatologie clinique.
  • Une corrélation a été établie entre les paramètres biologiques mesurés et la clinique observée.
  • Le dosage des IgE au blanc d’œuf est utile au diagnostic d’allergie clinique au blanc d’œuf cru.
  • On peut poser le diagnostic d’allergie avec une spécificité de 95% pour un taux supérieur à 7,4 kU/l, et éliminer le diagnostic avec une sensibilité de 95% pour un dosage inférieur à 0,6 kU/l.
  • En ce qui concerne le blanc d’œuf cuit, la recherche d’IgE spécifiques à l’ovomucoïde est préférable.
  • Dans ce cas, le diagnostic d’allergie clinique peut être posé pour une valeur supérieure à 10,8 kU/l, et réfutée pour un taux inférieur à 1,2 kU/l.

-Conclusion :

  • Le dosage des IgE spécifiques au blanc d’œuf mais également à l’ovomucoïde et l’analyse des mesures obtenues comparées avec nos propres résultats chiffrés est utile pour poser le diagnostic d’allergie à l’œuf.

Est-il bien certain que tous les lecteurs de ces lignes connaissaient l’existence du dosage des IgE spécifiques à l’ovomucoïde (f233) avant aujourd’hui ?

Nous bénéficions d’un panel sans cesse élargi de dosages d’IgE aux composants allergéniques, tant pour les allergènes recombinants que pour les natifs. De solides connaissances en allergologie moléculaire sont indispensables à présent afin de prescrire ces actes biologiques à bon escient.

De même faut-il savoir les interpréter astucieusement dans le cas des allergies alimentaires pour éviter les dérives d’un autre temps : régimes autant inutiles que contraignants, ou à contrario allergies un peu vite innocentées chez de faibles producteurs d’anticorps…

Cette étude est un parfait exemple des nouvelles compétences que doit acquérir un allergologue pour conseiller utilement ses patients et évaluer au mieux un risque en cas de réintroduction, y compris selon le mode de cuisson : quel luxe !

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