Pas de pépins avec les 3 recombinants qui définissent le noyau dur de l’allergie à la pêche.

vendredi 12 décembre 2008 par Dr Hervé Couteaux1057 visites

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Pas de pépins avec les 3 recombinants qui définissent le noyau dur de l’allergie à la pêche.

Pas de pépins avec les 3 recombinants qui définissent le noyau dur de l’allergie à la pêche.

vendredi 12 décembre 2008, par Dr Hervé Couteaux

Peut-on encore parler d’allergie à un produit sans évoquer le contexte ? Non, on ne peut clairement ignorer les autres IgE-réactivités du sujet mais surtout son environnement, culturel et géographique. L’allergie à la noisette est différente en Allemagne et en Espagne. L’allergie à la pêche répond aux mêmes facteurs.

Aspects cliniques, anamnestiques et sérologiques de l’allergie à la pêche au Portugal. : Rodrigues-Alves R, Lopez A, Pereira-Santos MC, Lopes-Silva S, Spínola-Santos A, Costa C, Branco-Ferreira M, Lidholm J, Pereira-Barbosa M.

Serviço de Imunoalergologia, Centro Hospitalar de Lisboa Norte, Lisboa, Portugal.

dans Int Arch Allergy Immunol. 2008 Nov 26 ;149(1):65-73.

 Contexte :

  • La pêche est une source d’allergènes alimentaires dans toute l’Europe.
  • L’objectif de cette étude était de caractériser l’allergie à la pêche dans une population de patients portugais.

 Méthodes :

  • 30 patients allergiques à la pêche (allergie confirmée par test de provocation alimentaire en double-aveugle contre placebo) et 29 contrôles ont été inclus.
  • Tous les sujets ont complété un questionnaire standardisé en ce qui concerne :
    • les symptômes et les caractéristiques épidémiologiques,
    • Les tests cutanés aux aéroallergènes et aux aliments,
    • Les tests IgE spécifiques à la pêche, aux allergènes recombinants rPru p 1, rPru p 3, rPru p 4 et aux CCD.

 Résultats :

  • Les symptômes rapportés après ingestion de pêche se répartissaient comme suit :
    • Syndromes oraux pour 37% des patients,
    • Urticaires généralisées et/ou angiœdèmes pour 37% des patients,
    • Urticaires de contact localisées pour 17% des patients,
    • Anaphylaxie pour 10% des patients.
  • Une sensibilisation à d’autres fruits des Rosacées était présente chez 90% des patients.
  • Une sensibilisation à des « tree nuts » était présente chez 77% des patients.
  • L’histoire d’allergie respiratoire était significativement associée à des symptômes moins sévères (syndrome oral ou urticaire de contact, p <0,01)
  • Une réponse positive aux tests cutanés à la peau de pêche ou à la pulpe était significativement associée à des symptômes plus sévères (urticaire et/ou angio-œdème ou anaphylaxie, p <0,05).
  • 97% étaient réactifs à Pru p 3, 13% à Pru p 4, 3% à Pru p 1 et 10% aux CCD.
  • Les tests IgE positifs pour Pru p 3 étaient associés à une sensibilisation à Artemisia vulgaris et à une allergie aux « tree nuts » (p <0,05) mais n’étaient pas associés à la sévérité clinique.

 Conclusions :

  • La moitié des patients a signalé des réactions systémiques à la pêche.
  • L’allergie à la pêche semble principalement médiée par Pru p 3, mais certains patients ont été sensibilisés à Pru p 4.
  • En appliquant un seuil de 0.10 kU (A) / l, la valeur diagnostique de la combinaison des 3 allergènes recombinants a été remarquable, avec 100% de sensibilité et une spécificité de 90%.

Sur 30 patients allergiques à la pêche et vivant au Portugal, la moitié avait présenté des manifestations systémiques.

Principalement liée à une réactivité à la LTP de la pêche (97% des patients), l’allergie à la pêche est parfois également liée à une réactivité aux profilines (13% des patients) ; il n’a pas été mené d’étude de pertinence avec ces deux familles de protéines (pas de tests de provocation avec des protéines purifiées).

Une exploration biologique comprenant les tests IgE vis-à-vis des 3 recombinants rPru p 3, rPru p 4, et rPru p 1 offrait 100% de sensibilité et 90% de spécificité.

Rappelons que sensibilité et spécificité sont des propriétés intrinsèques d’un test.

La sensibilité mesure les capacités d’un test à détecter les sujets atteints (ici allergiques à la pêche) tandis que la spécificité mesure les capacités d’un test à détecter les sujets sains.

A la vue d’une étude parue dans le British Medical Journal en 2002, il apparaît que les médecins ne manipulaient pas (à cette époque !...) avec aisance les concepts de sensibilité et de spécificité.
Pour ceux qui trouvent que 2002 n’est pas si loin, voici le lien pour voir un commentaire de cette étude Suisse : http://www.cma.ca/index.cfm?ci_id=2...

Disposer d’un test avec de telles performances est tout à fait intéressant pour le praticien mais il faut toutefois se rappeler que de telles performances ne concernent qu’une population tout à fait comparable à la population retenue dans cette étude : rien ne dit que ce test présenterait les mêmes performances en Allemagne ou en France…

Il reste que ces données permettent de conclure que, dans les conditions de l’étude, nous disposons d’une connaissance théorique suffisante pour mettre au point un outil efficient en pratique courante.

Avec une sensibilité de 100%, nous pouvons conclure que nous connaissons les allergènes impliqués dans l’allergie à la pêche au Portugal.

Il est probable que la proportion de patients réactifs aux LTP (comme Pru p 3) serait bien inférieure en « zone bouleaux » (tandis qu’on y décèlerait bien plus de patients réactifs aux Bet v 1-like comme Pru p 1) et que la proportion de réactifs aux profilines (comme Pru p 4) serait supérieure en « zone Graminées ».

Enfin, s’affirme une fois de plus la sévérité particulière des réactions liées aux LTP.

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