La profiline au Portugal comme ailleurs, ça marche !

jeudi 5 mars 2009 par Dr Alain Thillay1207 visites

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La profiline au Portugal comme ailleurs, ça marche !

La profiline au Portugal comme ailleurs, ça marche !

jeudi 5 mars 2009, par Dr Alain Thillay

Les profilines sont des panallergènes du monde végétal retrouvées dans les pollens, les fruits et les légumes. Nombre d’études suggèrent fortement que la réactivité à ce type de molécule correspond à des réactions croisées entre les pollens de différentes plantes. Les auteurs portugais de ce travail ont cherché à évaluer chez des habitants de la région centrale du Portugal sensibilisés aux pollens la réactivité aux profilines. L’intérêt du test cutané à la profiline se précise.

Sensibilisation à la profiline dans la région centrale du Portugal. : Tavares B, Machado D, Loureiro G, Cemlyn-Jones J, Pereira C.

Immunoallergology Department, Coimbra University Hospitals, Apartado 9057, 3001-301 Coimbra, Portugal.

dans Sci Total Environ. 2008 Dec 15 ;407(1):273-8.

 Contexte :

  • Les profilines sont des panallergènes retrouvés dans les pollens et les fruits.
  • L’IgE réactivité à ces protéines peut expliquer quelques sensibilisations à de multiples espèces de pollens.
  • Nous avons voulu évaluer la sensibilisation aux profilines chez des patients souffrant d’allergie respiratoire et sensibilisés aux pollens, dans la région centrale du Portugal.

 Méthodes :

  • Les patients ont été évalués pour les symptômes asthmatiques, la rhinite, la conjonctivite et les allergies alimentaires.
  • Nous avons pratiqué des prick tests pour les aéroallergènes incluant 12 pollens différents et une profiline nPho d 2, profiline du fruit du palmier dattier (Phoenix dactylifera).
  • Les patients étaient répartis en deux groupes en fonction du lieu de résidence : région intérieure (groupe A) et région côtière (groupe B).

 Résultats :

  • Un total de 370 patients a été étudié (groupe A : 277 ; groupe B : 93).
  • 65,9% montraient des prick tests positifs dont 76,2% étaient positifs aux pollens (groupe A : 87,1% ; groupe B : 42,85%) ; p<0 ,0001).
  • Tous les patients sensibilisés aux pollens souffraient de rhinite (p=0,01).
  • La sensibilisation à la profiline était associée à la sensibilisation pollinique (p=0,014).
  • Quarante-trois patients étaient sensibilisés à la profiline (groupe A : 40 ; groupe B : 3 ; p=0,006).
  • Vingt et un pour cent des patients sensibilisés aux pollens l’étaient aussi à la profiline.
  • Trente-neuf patients étaient sensibilisés à au moins deux pollens (p<0,0001).
  • Quatre patients sensibilisés aux pollens et à la profiline présentaient un syndrome oral en mangeant du melon.
  • Ce syndrome était en relation avec la sensibilisation à la profiline (p=0,001).

 Conclusions :

  • Il est judicieux de pratiquer des prick tests à la profiline, particulièrement dans la région intérieure, pour effectuer un diagnostic différentiel entre réactions croisées et réelles sensibilisations aux pollens.
  • Ces résultats associés à l’histoire de la maladie permettraient de faire un meilleur choix de l’immunothérapie spécifique.

Les profilines sont ubiquitaires du monde végétal particulièrement, pour ce qui concerne l’allergologue, les pollens, les fruits, les légumes et même le latex.

Un rapide tour d’horizon sur le site www.allerdata.com permet de faire le point.

Dans le domaine des pollens de Graminées, les profilines ont la réputation d’être responsables de polysensibilisations aussi bien polliniques qu’alimentaires. Inversement, l’absence de sensibilisation aux profilines est plutôt l’apanage d’une monosensibilisation pollinique. La réactivité aux profilines de Graminées est plus fréquente dans la population méditerranéenne. Il existe une bonne réactivité croisée entre profiline des Graminées et du bouleau.

Les profilines des Oléacées croisent bien avec les profilines d’autres catégories botaniques. Là aussi, la réactivité est plus fréquente dans le pourtour méditerranéen (olivier, Graminées, herbacées).

A propos de la profiline des Bétulacées, Bet v 2, il est à rappeler que les profilines même si elles sont éloignées sur le plan taxonomique, croisent bien entre elles. Leur intérêt se confirme donc pour expliquer les réactions croisées dans le monde végétal.

Pour les Rosacées, les rares sensibilisations exclusives à la profiline (ayant éliminé LTP, PR-10 et latex) donnent des tableaux cliniques de moindre sévérité.

Les réactions croisées bouleau et fruits à coques sont surtout dues aux protéines PR-10 et plus rarement aux profilines.

Le plus souvent, les réactivités trouvées pour la pariétaire et le plantain sont en rapport avec une réaction croisée avec les profilines d’autres pollens. En cas de monosensibilisation au pollen de plantain, la profiline est négative.

Dans les Cucurbitacées, il faut retenir que la sensibilisation aux profilines semble être responsables de l’allergie au melon plus que la réaction croisée avec le latex.

Pour les fruits exotiques, il existe quelques pistes intéressantes. Ainsi la réaction croisée litchi armoise ferait intervenir les profilines. Ce rôle serait plus partiel dans le cadre de la réaction croisée, composés, mangue, armoise, céleri, carotte.

Les profilines sont présentes dans les plantes de la famille des Ombellifères sans que leur rôle soit parfaitement établi.

Le latex possède sa profiline, c’est Hev b 8, que l’on peut retrouver dans les gants. En général, si Hev b 8 est positif, il existe une ou des sensibilisations polliniques. On tient d’ailleurs le même raisonnement pour les agrumes.

La profiline existe dans les Solanacées (tomate, pomme de terre…) mais pas de réaction croisée démontrée.

Pour les Crucifères, la profiline est impliquée dans la réaction croisée pollen de colza et avec d’autres pollens.

La positivité à Gly m 3, profiline du soja, a été constatée dans le cadre d’une allergie bouleau/soja.

Cette étude portugaise confirme tous ces éléments. Les auteurs ont eu la chance de pouvoir pratiquer les tests cutanés avec un extrait de profiline naturelle en l’occurrence celle du palmier dattier, nPho d 2. Je n’ai rien lu concernant cette profiline quant à son caractère croisant. L’étude est intéressante car regroupant 370 patients qui ont été explorés de façon exhaustive sur le plan de la démarche allergologique.

Il ressort de cela que sensibilisation à la profiline est en faveur d’une polysensibilisation pollinique donc de réactions croisées, réciproquement que l’absence de réactivité profiline est en faveur d’une monosensibilisation, et que le syndrome oral au melon serait bien dû à la profiline.

Si l’allergologue français n’a pas de test cutané profiline, il a les ImmunoCAP Phadia. Ainsi, les profilines dont nous disposons sont : rBet v 2 pour le bouleau, rPhl p 12 pour les Graminées, rHev b 8 pour le latex et rPru p 4 pour la pêche. De quoi coller au plus près des tableaux cliniques difficiles en cas de tests cutanés montrant de nombreuses réactions polliniques ou aux fruits et légumes.

L’intégration de ces connaissances dans la prise en charge diagnostique et thérapeutique évitera de voir prescrit pour l’immunothérapie spécifique des mélanges complexes de pollens alors qu’un bon vieux « 3 pollens de Graminées » aurait fait l’affaire.

Nous avançons, nous avançons…

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