Le retour du lupin masqué !

vendredi 3 avril 2009 par Dr Hervé Couteaux781 visites

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Le retour du lupin masqué !

Le retour du lupin masqué !

vendredi 3 avril 2009, par Dr Hervé Couteaux

S’il existe des cas d’allergie isolée au lupin, cette dernière est le plus souvent évoquée dans le cadre d’une allergie à l’arachide. C’est précisément le cadre de recherche de cette étude. N’oublions pas que l’allergie au lupin (et à l’arachide) peut être liée à une réactivité aux PR-10 …

Pertinence clinique de la sensibilisation au lupin chez des adultes sensibilisés à l’arachide. : K. A. B. M. Peeters 1 , S. J. Koppelman 1,2 , A. H. Penninks 2 , A. Lebens 1 , C. A. F. M. Bruijnzeel-Koomen 1 , S. L. Hefle 3 , S. L. Taylor 3 , E. van Hoffen 1 , A. C. Knulst 1

1 Department of Dermatology/Allergology, University Medical Center Utrecht, Utrecht, the Netherlands ; 2 TNO Quality of Life, Zeist, the Netherlands ; 3 Food Allergy Research and Resource Program, University of Nebraska, Lincoln, NE, USA

dans Allergy
Volume 64 Issue 4, Pages 549 - 555

 Contexte :

  • L’utilisation de lupin dans l’alimentation a augmenté au cours de la dernière décennie et des réactions allergiques au lupin ont été signalées, en particulier chez des patients allergiques à l’arachide.
  • La fréquence et le degré de réactivité croisée avec d’autres légumineuses ne sont pas connus.

 Objectifs :

  • L’objectif de cette étude était d’enquêter :
    • sur la fréquence de la sensibilisation au lupin, ainsi qu’au pois et au soja,
    • sur sa pertinence clinique chez les patients sensibilisés à l’arachide.
  • Un objectif complémentaire était de déterminer la dose déclenchante (ED pour « eliciting dose ») du lupin par l’utilisation de test de provocation en double aveugle contre placebo (DBPCFC)

 Méthodes :

  • 39 patients sensibilisés à l’arachide, non triés, ont été évalués par des tests cutanés (SPT) et ImmunoCAP vis-à-vis du lupin, des pois et du soja.
  • La réactivité clinique a été mesurée par test de provocation (DBPCFC) au lupin, et par une histoire pour le pois et le soja.

 Résultats :

  • 82% de la population étudiée était sensibilisé au lupin, 55% au pois et 87% au soja.
  • Une sensibilisation cliniquement pertinente au lupin, pois ou soja, a été observée pour respectivement 35%, 29% et 33% de la population étudiée.
  • Aucun des patients n’était conscient de l’utilisation du lupin dans l’alimentation.
  • La plus faible ED de lupin, induisant des symptômes subjectifs légers, était de 0,5 mg, et la dose sans effet indésirable (NOAEL) était de 0,1 mg.
  • Aucun facteur prédictif de l’allergie au lupin n’a été trouvé.

 Conclusions :

  • Chez des patients sensibilisés à l’arachide, une sensibilisation cliniquement pertinente au lupin, au pois ou au soja s’observe fréquemment.
  • La ED de lupin est faible (0,5 mg), ce qui n’est que seulement cinq fois plus élevé que pour l’arachide.
  • Les patients ne sont pas conscients de l’allergie au lupin, ni de la présence de lupin dans l’alimentation, ce qui indique que l’éducation est importante pour alerter les patients.

Parmi les patients sensibilisés à l’arachide, nombreux sont ceux qui sont allergiques au lupin, aux pois ou au soja.

Des quantités faibles de lupin peuvent déclencher des symptômes, ce qui doit d’autant plus préoccuper l’allergologue que le lupin peut être considéré comme un allergène masqué, qui plus est peu connu des patients.

35% d’allergie au lupin chez des IgE-réactifs à l’arachide, ce sont les chiffres admis pour les zones « bouleau » ; ces chiffres sont en général plus faibles en dehors de la présence de bouleau (aux environs de 20%).

Notons qu’on ne retrouve pas cette influence de l’exposition aux pollens de bouleau pour le soja dont la réactivité clinique n’a pas été prouvée dans cette étude par des tests de provocation.

Peu d’études ont été réalisées pour les pois ; l’allergie croisée avec l’arachide peut dans ce cas dépendre de protéines de stockage comme les Vicilines, la présence de PR-10 n’ayant pas été confirmée pour les pois jusqu’à présent.

Comme pour le soja, des tests de provocation n’ont pas été réalisés pour les pois.

On peut comparer les résultats de cette étude avec les données rapportées en 2004 par Fabienne Rancé (étude de Monneret-vautrin et al parue dans le JACI en 99) selon lesquelles un patient allergique à l’arachide sur deux présenterait une allergie associée au lupin.

Enfin, on peut regretter l’absence d’identification des allergènes en cause, par exemple par des études d’inhibitions allergène-allergène ou produit-allergène) qui serait un apport notable à la compréhension de ces réactivités multiples et des éventuelles réactivités croisées qui les sous-tendent probablement.