Ca sent le moisi pour les enfants asthmatiques !

mercredi 8 avril 2009 par Dr Philippe Carré1826 visites

Accueil du site > Allergènes > Aériens > Moisissures > Ca sent le moisi pour les enfants asthmatiques !

Ca sent le moisi pour les enfants asthmatiques !

Ca sent le moisi pour les enfants asthmatiques !

mercredi 8 avril 2009, par Dr Philippe Carré

L’exposition aux moisissures a été associée à la survenue d’exacerbations des symptômes d’asthme chez l’enfant. Les auteurs ont cherché à savoir si la présence de moisissures au domicile et la mesure d’un composant des moisissures étaient prédictifs chez l’enfant du développement ultérieur d’une maladie asthmatique.

Exposition aux moisissures dans l’enfance comme facteur prédictif de développement potentiel d’un asthme. : Iossifova YY, Reponen T, Ryan PH, Levin L, Bernstein DI, Lockey JE, Hershey GK, Villareal M, LeMasters G.

Department of Environmental Health, University of Cincinnati, Cincinnati, Ohio 45267-0056, USA.

dans Ann Allergy Asthma Immunol. 2009 Feb ;102(2):131-7

 Contexte :

  • L’exposition aux moisissures a été associée à la survenue d’exacerbations des symptômes d’asthme chez les enfants.

 Objectifs :

  • Rapporter comment la présence de moisissures visibles et l’exposition au (1-3) béta-D-glucane dans l’enfance affecte le risque d’asthme à 3 ans, comme défini par l’Index Prédictif d’Asthme (IPA).

 Méthodes :

  • Les moisissures visibles étaient évaluées par une inspection à domicile
  • Les niveaux de (1-3) béta-D-glucane (G) étaient mesurés par recueil de la poussière
  • Les enfants étaient considérés comme étant à haut risque d’asthme à un âge tardif s’ils rapportaient des sifflements récurrents à l’âge de 3 ans et s’ils avaient au moins 1 critère majeur sur 3 et 2 critères mineurs sur 3 de l’IPA.

 Résultats :

  • Les enfants de 3 ans avec des moisissures visibles importantes à domicile pendant l’enfance avaient 7 fois plus de chances d’avoir un IPA positif que ceux n’ayant pas de moisissures visibles (OR ajusté 7.1 ; IC 95%, 2.2-12.6)
  • Par contraste, à des niveaux bas de G (< 22 µg/g), les enfants avaient un risque augmenté d’avoir un IPA positif (OR 3.4 ; IC 95%, 0.5-23.5), alors que ceux avec des taux élevés de G (> 133 µg/g) avaient un risque diminué (OR 0.6 ; IC 95%, 0.2-1.6)
  • Parmi les autres covariables, le tabagisme maternel était le facteur de risque significatif le plus fort pour le développement futur d’un asthme basé sur un IPA positif (OR 4.4 ; IC 95%, 1.7-11.6).

 Conclusions :

  • La présence en grand nombre de moisissures visibles et le tabagisme maternel pendant l’enfance étaient les facteurs de risque les plus forts en faveur d’un IPA positif à l’âge de 3 ans, suggérant un risque augmenté d’asthme
  • Une exposition élevée au G semble avoir un effet opposé sur l’IPA par rapport aux moisissures visibles.

Les auteurs ont étudié un groupe d’enfants asthmatiques âgés de 3 ans pour savoir si leur exposition aux moisissures à domicile était prédictive du développement d’un asthme ultérieur.

Les critères d’étude associaient :

  • la présence visible de moisissures au domicile
  • la mesure d’un composant des moisissures : le (1-3) béta-D-glucane (G), dans la poussière du domicile
  • le risque d’asthme évalué sur la présence de sifflements récurrents et de critères majeurs et/ou mineurs d’un indice prédictif d’asthme (IPA).

Les résultats montrent que :

  • la présence de moisissures à domicile était associée à un risque 7 fois plus élevé d’avoir un IPA positif
  • la présence d’un taux élevé de G était inversement associée à un risque d’avoir un IPA positif
  • parmi les autres variables étudiées, le tabagisme maternel était associé à un IPA positif.

Les auteurs en concluent que chez les enfants de 3 ans, seuls la présence visible à l’œil nu de moisissures au domicile et l’existence d’un tabagisme maternel étaient prédictifs d’un risque ultérieur augmenté d’asthme, alors que l’exposition à un taux élevé de G a un effet inverse.

Cette étude est donc en apparence contradictoire, car la présence de moisissures au domicile, visibles à l’œil nu, est associée à un risque augmenté d’asthme, alors que la mesure d’un composant des moisissures dans la poussière du domicile a un effet opposé.

Le G est un composant majeur de la paroi cellulaire des moisissures ; il s’agit d’un polysaccharide, considéré comme l’équivalent fungique des endotoxines bactériennes, et sert de marqueur biologique des infections fungiques.

L’explication de ce paradoxe pourrait s’expliquer par un effet asthmogène IgE-dépendant direct des moisissures, alors que le taux de l’endotoxine G pourrait avoir un effet protecteur sur le développement de l’asthme par un effet de type « hygiéniste ».

Il serait donc intéressant de connaître la relation individuelle, chez chaque enfant, entre l’importance des moisissures visibles dans leur domicile et le taux de G mesuré dans la poussière de ce même domicile, de façon à savoir s’il y a bien une corrélation inverse.

Rechercher

En bref

categories

  Allergenes

  Maladies

  Fonctionnel