La mosaïque de Phl p 1 ne fait pas un flop !

lundi 20 avril 2009 par Dr Alain Thillay967 visites

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La mosaïque de Phl p 1 ne fait pas un flop !

La mosaïque de Phl p 1 ne fait pas un flop !

lundi 20 avril 2009, par Dr Alain Thillay

L’immunothérapie spécifique est le traitement étiologique et curatif de l’allergie aux pollens de Graminées. L’allergologie moléculaire est en ce moment la discipline qui apporte le plus à la compréhension du phénomène allergique IgE dépendant. Ce travail utilise une mosaïque de Ph l p 1, allergène majeur des Graminées, pour vérifier son intérêt dans la vaccination allergénique.

Réduction de l’allergénicité par altération de la structure tertiaire de l’allergène : une protéine mosaïque de Phl p 1 dédiée à la vaccination allergénique. : T. Ball 1 , B. Linhart 1 , K. Sonneck 2 , K. Blatt 2 , H. Herrmann 2 , P. Valent 2 , A. Stoecklinger 3 , C. Lupinek 1 , J. Thalhamer 3 , A. A. Fedorov 4 , S. C. Almo 4 , R. Valenta 1

1 Christian Doppler Laboratory for Allergy Research, Division of Immunopathology, Department of Pathophysiology, Center for Physiology, Pathophysiology and Immunology, Medical University of Vienna, Vienna ; 2 Division of Hematology and Hemostaseology, Department of Internal Medicine I, Vienna General Hospital, AKH, Medical University of Vienna, Vienna ; 3 Christian Doppler Laboratory for Allergy Diagnosis and Therapy, Department of Molecular Biology, University of Salzburg, Salzburg, Austria ; 4 Department of Biochemistry, Albert Einstein College of Medicine, NY, USA

dans Allergy
Volume 64 Issue 4, Pages 569 - 580

 Contexte :

  • L’allergène majeur de la phléole, Phl p 1, ressemble aux épitopes du groupe I des allergènes des pollens de graminées et est reconnu par plus de 95% des patients allergiques aux pollens de Graminées.

 Objectif :

  • Notre objectif était la construction, la purification et la caractérisation immunologique d’un dérivé génétiquement modifié de l’allergène majeur de la phléole, Phl p 1, destiné à l’immunothérapie spécifique.

 Méthodes :

  • Une mosaïque protéique a été générée par réassemblage de PCR, expression de quatre ADNc (ADN complémentaire) codant pour des fragments de Phl p 1, et comparée à Phl p 1 naturel à l’aide de l’analyse de dichroïsme circulaire, de la capacité de fixation des IgE, du test d’activation des basophiles et de l’ELISA par compétition.
  • Les réponses immunitaires au dérivé ont été étudiées sur des souris BALB/c.

 Résultats :

  • Les patients allergiques aux pollens de Graminées présentaient une réduction de plus de 85% de la réactivité IgE à la mosaïque comparativement à l’allergène Phl p 1, le test d’activation des basophiles confirmait cette réduction de l’activité allergénique de la mosaïque.
  • La mosaïque a également induit moins d’IgE spécifiques de Phl p 1que chez les souris immunisées par Phl p 1.
  • Cependant, la vaccination de la souris et du lapin avec la mosaïque induit des IgG qui inhibent la liaison des IgE des patients à l’allergène natif, Phl p 1 induisait la dégranulation des basophiles.

 Conclusion :

  • Nous avons développé une stratégie basée sur le réassemblage moléculaire rationnel afin de convertir l’un des allergènes le plus pertinent cliniquement sous forme d’un dérivé hypoallergénique dédié à la vaccination allergénique.

Cette étude a été réalisée par plusieurs équipes autrichiennes (immunopathologie, biologie moléculaire) et une équipe américaine spécialisée en biochimie.

Cette étude est éminemment intéressante puisqu’elle se situe dans le sujet le plus en verve en ce moment, l’allergologie moléculaire.

Autre intérêt, c’est la comparaison des tests utilisés in vitro pratiqués sur l’homme et sur un modèle murin Balb/c. En cas de résultats homogènes, cela rend la démarche scientifique encore plus pertinente.

L’allergène étudié est le Phl p 1 allergène majeur de la phléole, par des méthodes sophistiquées ; la structure tertiaire (repliements des hélices alpha et des feuillets bêta) est altérée de manière à produire une mosaïque de fragments protéiques. Le but étant d’obtenir un vaccin allergénique immunisant mais moins IgE réactif.

Résultats : l’IgE réactivité est réduite de 85% chez l’homme ; cette réduction est constatée aussi sur la souris. Confirmation de ce point par le test de dégranulation des basophiles. Sur le modèle murin, la vaccination par la mosaïque induisait la formation d’IgG bloquantes des IgE spécifiques de Phl p 1 natif provenant des patients.

Ainsi, les auteurs ont pu parfaitement caractériser un dérivé génétiquement modifié de l’allergène majeur de la phléole, Phl p 1, et montrer son intérêt du fait d’une diminution importante de l’IgE réactivité. Il restera à montrer que ce gain de tolérance s’accompagne aussi d’un gain d’efficacité suffisant pour protéger les sujets.

Ce travail permet bien d’augurer de ce que sera l’avenir de l’immunothérapie spécifique, de plus en plus moléculaire sans doute pour le plus grand bien des nos patients allergiques. Toutefois, cela coûtera cher et je ne suis pas sûr que les politiques comprendront l’intérêt de ces nouveaux traitements en période de crise économique.