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Bilan allergologique aux bétalactamines : les jeux sont faits à la première donne.
mercredi 13 mai 2009, par
Les allergologiques sont des praticiens souvent très angoissés. Par exemple est-ce que le fait de constater des tests cutanés négatifs chez un patient qui a des antécédents de réaction allergique aux bétalactames garantit l’absence de nouveaux signes cliniques d’allergie lors de la reprise de bétalactamines ?
Allergie aux bétalactames et resensibilisation chez des enfants suspects d’allergie aux bétalactames. : J. Hershkovich *†‡§ , A. Broides *†‡§ , L. Kirjner *†‡ , H. Smith ‡¶ and R. Gorodischer *†‡§
* Paediatric Allergy Clinic, Ben-Gurion University of the Negev, † Division of Paediatrics, Ben-Gurion University of the Negev, ‡ Soroka Medical Center, Ben-Gurion University of the Negev, § Faculty of Health Sciences, Ben-Gurion University of the Negev and ¶ Pharmaceutical Services, Ben-Gurion University of the Negev, Beer-Sheva, Israel
dans Clinical & Experimental Allergy
Volume 39 Issue 5, Pages 726 - 730
– Introduction :
- Chez des patients qui ont été diagnostiqués cliniquement comme ayant une allergie aux bétalactames et qui ont des tests cutanés négatifs, le pourcentage de cas rapportés de resensibilisation aux bétalactames après de nouvelles expositions est significativement très variable.
- Quelques allergologues défendent ainsi la pratique de tests cutanés systématiques avant chaque exposition aux bétalactames.
– Objectifs ;
- Les auteurs ont cherché :
- à déterminer la fréquence réelle d’allergie aux bétalactames
- et la fréquence de resensibilisation chez des enfants ayant des antécédents évocateurs d’une allergie aux bétalactames.
– Matériel et Méthodes :
- Cette étude a été conduite de juillet 1998 à mai 2004 avec un suivi jusqu’en 2007.
- Les tests d’allergie aux bétalactames avec un mélange de déterminants majeurs et un mélange frais de déterminants mineurs ont été proposés aux enfants ayant des antécédents cliniques évocateurs.
- Les tests cutanés négatifs ont été suivis par un test de provocation par voie orale.
- Les tests ont été refaits après 1 à 5 mois dans l’objectif de mettre en évidence une resensibilisation.
– Résultats :
- Les tests ont été réalisés chez 166 enfants
- 150 pour des pénicillines seules,
- 14 pour des pénicillines et des céphalosporines,
- et 2 patients supplémentaires pour des céphalosporines seules.
- Seulement 10 enfants (6%) ont été positifs lors de l’évaluation initiale :
- 4 par les tests cutanés
- et 6 par les tests de provocation per-os.
- Une seconde série de tests a été réalisée chez 98 enfants ayant une évaluation initiale négative :
- seulement 2 enfants (2%) ont été resensibilisés.
- Sur le suivi de 71 patients sur les 96, 59 (83%) ont reçus des bétalactamines : seulement 1 a développé un rash mineur après une exposition à l’amoxicilline.
– Conclusion :
- La plupart des enfants suspects d’allergie aux bétalactamines ne sont pas en réalité allergiques aux bétalactamines.
- La resensibilisation aux antibiotiques de la famille des bétalactamines chez des enfants de cette étude est peu fréquente.
- Chez les enfants ayant des antécédents cliniques d’allergie aux bétalactamines et des tests cutanés négatifs, refaire des tests cutanés avant chaque nouvelle exposition n’est habituellement pas nécessaire.
Dans ce travail, les auteurs montrent que le risque de se sensibiliser à nouveau après avoir présenté une réaction allergique initiale aux bétalactamines est très faible.
Il n’est donc pas nécessaire après un bilan initial de refaire des tests cutanés de façon systématique avant chaque nouvelle prise d’une bétalactamine.
Ce travail a le mérite de conforter les résultats d’études antérieures.
Ainsi si le nombre de personnes qui se disent allergiques aux bétalactamines est élevé, la réalité montre que cette allergie n’existe que chez 6% des patients.
Plus intéressant est la question de savoir si un patient qui a été allergique et ne l’est plus avec des tests cutanés négatifs, est exposé au risque de développer à nouveau de l’allergie si on lui prescrit à nouveau une bétalactame ?
La réponse est que ce risque est également très faible (2%) et ne justifie donc pas de refaire les tests cutanés vis-à-vis des bétalactames.
Ainsi les tests cutanés allergologiques ont à la fois une bonne sensibilité et spécificité mais également une bonne valeur prédictive de l’absence de risque de rechute de l’allergie lors de la reprise d’une bétalactame.
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