Accueil du site > Maladies > Traitements > IgE spécif / IgE totales, un rapport vraiment satisfaisant ?

IgE spécif / IgE totales, un rapport vraiment satisfaisant ?
lundi 18 mai 2009, par
La désensibilisation est le seul traitement ayant fait la preuve de son action étiologique. En poser correctement l’indication est une préoccupation quotidienne pour tout allergologue. Disposer d’un moyen simple pour prédire l’efficacité d’une immunothérapie ne peut que susciter l’intérêt des praticiens !
Evaluation du ratio IgE spécifiques / IgE totales dans la prédiction d’une réponse clinique en immunothérapie spécifique. : Gabriele Di Lorenzo, MDaCorresponding Author Informationemail address, Pasquale Mansueto, MDa, Maria Luisa Pacor, MDb, Manfredi Rizzo, MDa, Francesco Castello, MDa, Nicola Martinelli, MDb, Vito Ditta, MDa, Claudia Lo Bianco, MDa, Maria Stefania Leto-Barone, MDa, Alberto D’Alcamo, MDa, Gaetana Di Fede, MDc, Giovam Battista Rini, MDa, Anne Marie Ditto, MDd
a Dipartimento di Medicina Clinica e delle Patologie Emergenti, Università degli Studi di Palermo, Palermo, Italy
c Dipartimento di Discipline Chirurgiche ed Oncologiche, Università degli Studi di Palermo, Palermo, Italy
b Dipartimento di Medicina Clinica e Sperimentale, Università degli Studi di Verona, Verona, Italy
d Department of Medicine, Division of Allergy-Immunology, Northwestern University Feinberg School of Medicine, Chicago, Ill
dans JACI Volume 123, Issue 5, Pages 1103-1110.e4 (May 2009)
– Contexte :
- À ce jour, aucun test prédictif de la réponse clinique à l’immunothérapie spécifique (IS) n’est disponible.
- C’est pourquoi un test in vivo ou in vitro serait d’une grande utilité.
– Objectifs :
- Nous avons cherché à évaluer les paramètres pré-traitement utilisés dans le diagnostic de rhinite allergique, la détermination des IgE sériques spécifiques (s-IgE) et des niveaux d’IgE sériques totales (t-IgE) ainsi que les comptes sanguins d’éosinophiles pour déterminer lesquels pouvaient être utilisés pour prédire l’amélioration clinique chez des patients monosensibilisés atteints de rhinite allergique avec ou sans asthme, traités par immunothérapie spécifique.
– Méthodes :
- Nous avons analysé 279 patients qui avaient suivi 4 années d’IS, administrée soit par voie sous-cutanée (76 patients) soit par voie sublinguale (203 patients).
- Les niveaux d’IgE sériques (t-IgE et s-IgE), les comptes sanguins d’éosinophiles et les ratios s-IgE/t-IgE sériques ont été calculés et testés pour la corrélation avec la réponse clinique à l’IS.
- Des courbes caractéristiques de fonctionnement ont été déterminées.
- Les probabilités prédites et les surfaces de prévision sous ces courbes ont été calculées.
– Résultats :
- La réponse clinique à l’IS a été efficace pour 145 patients (52,0%) sur 279, 42 (55,2%) des 76 patients traités par immunothérapie sous-cutanée, et 103 (50,7%) des 203 patients traités par immunothérapie sublinguale.
- Une corrélation significative a été constatée entre le ratio s-IgE/t-IgE sérique et la réponse clinique à l’IS, avec des ratios élevés (> 16,2) associés à une réponse efficace.
La sensibilité et la spécificité de l’aire sous la courbe des ratios sont plus élevées que ceux de la s-IgE sériques et des t-IgE seules.
– Conclusion :
- Le calcul du ratio s-IgE/t-IgE sérique pour prédire la réponse clinique à l’IS offre un avantage sur les mesures des niveaux des t-IgE et des s-IgE chez des patients monosensibilisés pour les « allergènes » suivants : Graminées, Parietaria judaica, Olea europea, et acariens de la poussière de maison.
Vous pouvez prédire l’efficacité d’une immunothérapie par la simple mesure du rapport IgE-réactivité pour le produit sur IgE totales sériques.
Si ce rapport est supérieur à 16.2, l’efficacité sera au rendez-vous, et cela a été validé pour les extraits de Graminées, de pariétaires, d’olivier ainsi que pour les extraits d’acariens.
Evidemment nous sommes tous preneurs d’un paramètre simple qui prédise l’efficacité d’une immunothérapie que nous nous apprêtons à mettre en place !
Rappelons encore et toujours les risques d’une généralisation rapide d’un résultat particulier : l’échantillon étudié dans cette étude italienne est-il suffisamment important ? Que savons-nous des tranches d’âges étudiées ? Quels étaient les critères d’inclusion ? (eczéma atopique ou non ?) Quelle technique biologique a été utilisée ? A-t-on contrôlé les présences de tous les allergènes dans les extraits ? de certains allergènes seulement ? Ou bien n’a-t-on pas contrôlé du tout le contenu des extraits ?
Les taux d’IgE totales peuvent varier de façon importante au cours du temps chez un même individu en fonction de multiples facteurs (dont certains aussi fréquents qu’une simple infection rhino-pharyngée…) n’y a-t-il pas un risque que ce paramètre soit incitatif à la mise en place d’une immunothérapie en Aout et négatif quelques mois plus tard ?
L’IgE-réactivité aux acariens dans le sud de l’Italie est-elle comparable à ce qui se passe en Europe du nord ?
Jusqu’à présent, les tentatives précédentes de « faire parler les IgE » n’ont guère été probantes : les seuils de Sampson sont apparus extrêmement séduisants dans un premier temps, puis se sont succédés les limites d’un tel travail, voir les remises en cause.
En 2005, au CICBAA, B. Niggeman avait rapporté les résultats d’une étude sur 501 patients présentant une dermatite atopique âgés de 1 mois à 16 ans : il est intéressant de noter qu’aucun seuil n’avait pu être déterminé pour le lait de vache, le blé et le soja mais surtout qu’aucune différence n’avait été retrouvée entre le taux d’IgE spécifique isolé et le rapport IgE spécifiques sur IgE totales…
Alors soyons prudents, et souhaitons que cette hypothèse soit testée plus avant, car si elle était confirmée pour une population plus large, les allergologues disposeraient d’un outil d’une grande simplicité pour un coût raisonnable, leur permettant d’éviter d’engager inutilement certains de leurs patients dans un traitement de plusieurs années…
Recevez les actualités chaque mois