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L’avenir respiratoire de nos bambins est-il vraiment compromis par les infections respiratoires précoces de la petite enfance ? A voir…
mercredi 27 mai 2009, par
Les 5 premières années de la vie sont la période vulnérable pour le développement des voies aériennes. Les données de la littérature sont sujettes à caution quant aux conséquences tardives des infections respiratoires de l’enfance, car la fonction respiratoire de base n’est pas mesurée ; c’est ce qui a été réalisé dans cette étude.
La fonction pulmonaire à l’âge de 10 ans n’est pas altérée par les infections de l’arbre respiratoire inférieur survenant dans la petite enfance. : Geir Håland 1 , Karin Cecilie Lødrup Carlsen 1,2 , Petter Mowinckel 1 , Monica Cheng Munthe-Kaas 1,2 , Chandra Sekhar Devulapalli 1,2,3 , Sveinung Berntsen 1,4 and Kai-Håkon Carlsen 2,3,4
1 Division of Woman and Child, Department of Pediatrics, Ullevål University Hospital, Oslo, Norway , 2 Faculty of Medicine, University of Oslo, Oslo, Norway , 3
dans Pediatric Allergy and Immunology
Volume 20 Issue 3, Pages 254 - 260
– Contexte :
- La relation causale entre les infections respiratoires inférieures (IRI) de la petite enfance et la diminution ultérieure de la fonction respiratoire n’est pas clairement établie.
– Objectif :
- Evaluer si les IRI durant les deux premières années de la vie influençaient le développement de la fonction respiratoire entre la naissance et l’âge scolaire.
– Méthodes :
- Dans la cohorte prospective de naissance d’Oslo (« l’Etude de l’Environnement et de l’Asthme de l’Enfance : EAE), la fonction respiratoire a été mesurée à la naissance chez 802 enfants par des courbes débit-volume, et chez 664 enfants par des mesures respiratoires passives et des questionnaires semestriels incluant des questions sur les IRI jusqu’à l’âge de 2 ans
- L’étude actuelle inclut 607 enfants avec une information sur les IRI pendant les 2 premières années de vie, et des mesures réussies de débit expiratoire forcé lors du suivi à 10 ans.
– Résultats :
- A l’âge de 10 ans, le débit expiratoire forcé à 50% de la CVF (CVF50) était diminué chez les enfants avec au moins une bronchiolite (85, IC 95% :80.6-89.5, p=0.020) ou une bronchite (86.2, IC 95% :86.2-89.8, p=0.03) ou au moins 3 IRI (83.4, IC 95% :78.1-88.8, p=0.017), comparativement à ceux n’ayant pas eu d’IRI (90.6, IC 95% :88.8-92.5) pendant les 2 premières années de vie
- Les effets étaient significatifs uniquement chez les filles en stratifiant par sexe
- Parmi les filles développant une bronchiolite, la compliance du système respiratoire (3.64, IC 95% :3.17-4.10 vs 4.18, IC 95% :3.98-4.37, p=0.031) et le rapport entre le temps du débit expiratoire de pointe par rapport au temps expiratoire total (tDEP/tEXP) mesuré à la naissance était significativement réduit (0.26, IC 95% :0.23-0.29 vs 0.32, IC 95% :0.30-0.33, p=0.005) par comparaison avec les enfants n’ayant pas eu d’IRI
- Le changement de fonction respiratoire depuis la naissance jusqu’à l’âge de 10 ans n’était pas significativement associé avec des IRI pendant les 2 premières années de vie, et les IRI à l’âge de 2 ans n’étaient pas significativement associées avec le niveau de fonction respiratoire à l’âge de 10 ans, dans les analyses de régression incluant la fonction respiratoire à la naissance et d’autres éléments prédictifs possibles de fonction respiratoire à l’âge de 10 ans.
– Conclusion :
- Dans cette étude, les IRI pendant les 2 premières années de vie n’altéraient pas le
développement de la fonction respiratoire entre la naissance et l’âge de 10 ans.
Cette étude de cohorte prospective intéresse un groupe de 607 enfants chez qui a été mesurée à la naissance la fonction respiratoire, et chez qui un suivi a pu être réalisé à l’âge de 10 ans par une nouvelle mesure de fonction respiratoire et des données précises sur la survenue d’infections des voies aériennes inférieures pendant leurs 2 premières années de vie.
Bien que les IRI précoces étaient associées à une diminution de la fonction respiratoire à l’âge de 10 ans, cet effet n’était retrouvé que chez les filles, et n’était plus présent de façon significative après ajustement en fonction du niveau de fonction respiratoire à la naissance.
Cette étude montre que les enfants ayant une bronchiolite à l’âge de 2 ans avaient déjà à la naissance une altération de la fonction respiratoire, ce qui confirme les résultats de l’étude Tucson où la fonction respiratoire était mesurée avant la survenue de la première IRI.
Les auteurs semblent montrer qu’il n’existe pas d’élément supportant l’hypothèse d’un effet causal des IRI précoces sur la réduction de la fonction respiratoire dans l’enfance, mais plutôt des facteurs défavorables qui affecteraient les enfants avant la naissance et pourraient expliquer à la fois une diminution de la croissance respiratoire intra-utérine et une susceptibilité accrue aux IRI pendant les 2 premières années de vie.
Deux éléments pourraient prêter à caution dans ces conclusions : d’abord le fait que les données concernant les infections respiratoires de la petite enfance ont été obtenues par l’interrogatoire des parents, ce qui peut être un biais dans la classification des infections ; et d’autre part qu’il n’y ait pas eu d’étude bactériologique sur l’étiologie microbienne des infections, certains pathogènes pouvant avoir un faible impact sur le développement de la fonction respiratoire, indépendamment de la présentation clinique de l’IRI.
Ces biais mis à part, cette étude suggère donc que les enfants qui ont des IRI précoces et une diminution de la fonction respiratoire à l’âge scolaire, avaient déjà une fonction respiratoire réduite antérieurement à la survenue de leurs IRI.
Ce qui remet en cause nos vieux concepts de certitudes apparentes sur la filiation infections précoces/risque de diminution tardive de la fonction respiratoire…tant qu’on n’a pas mesuré cette fonction dans le tout jeune âge, ce qui ne semble pas insurmontable dans cette étude.
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