Accueil du site > Sciences > Immunologie > Plus fort que le rubik’s cube : les allergies croisées, le nouveau casse (…)

Plus fort que le rubik’s cube : les allergies croisées, le nouveau casse tête à la mode des allergologues ! !
jeudi 3 octobre 2002, par
L’allergie croisée est un sujet bien compliqué. Ici les auteurs montrent la réalité de l’allergie croisée secondaire aux protéines de transfert des lipides et les réactions cliniques croisées pouvant alors survenir pour ces patients entre des aliments pourtant non liés sur le plan botanique.
Réaction croisée immunologique entre protéines de transfert des lipides d’aliments dérivant des plantes et non liés sur le plan botanique : une étude clinique. : Asero R, Mistrello G, Roncarolo D, Amato S, Caldironi G, Barocci F, Van Ree R.Ambulatorio di Allergologia, Ospedale Caduti Bollatesi, Bolllate (MI) ; Lofarma SpA, Milan ; Centro Trasfusionale, Ospedale Rho, Rho (MI), Italy ; CLB, Amsterdam, the Netherlands. dans Allergy 2002 Oct ;57(10):900-6
Les protéines de transfert des lipides (LTP) sont trés conservées et largement distribuées dans le règne végétal. Des études récentes ont montré les réactions croisées immunologiques qui existent entre les LTP de fruits et de végétaux pourtant non liés sur le plan botanique et ont permis de conclure que les LTP sont probablement des allergènes ubiquitaires.
– Le but de cette étude a été d’évaluer sur le plan clinique la signification de cette réactivité croisée chez des patients mono sensibilisés aux LTP.
– Méthodes : 20 patients allergiques aux LTP ont été sélectionnés à partir d’une population de 600 patients environ ayant une histoire d’allergie aux rosacées, aux moyens de :
*1) prick-test négatif pour un extrait commercial de bouleau,
*2) prick positif avec un extrait commercial de prunes riche en LTP (mais ne contenant par de protéines analogues à Bet v 1, ni de profiline ),
*3) IgEs pour une fraction de 9-10 kDa extrait de peau de pêche, ou immunoblot avec de la peau de pêche montrant une bande unique à 10 k Da et
*4) une inhibition totale de la réaction de l’extrait total de la peau de pêche (contenant : l’analogue de Bet v 1, profiline et LTP) par des LTP purifiés de peau de pêche par méthode ELISA.
L’allergie aux aliments autres que les rosacées a été étudié avec attention par l’interrogatoire et l’analyse des données médicales.
Des prick tests ont été réalisé pour de nombreux aliments dérivant des plantes.
La réactivité croisée entre les LPS de différents aliments dérivant des plantes a été réalisé par un test d’inhibition ELISA utilisant des noix et noisettes comme substrats et des LTP de pêches comme inhibiteurs.
– Résultats :
*Tous les patients rapportent une allergie après l’ingestion d’au moins un des nombreux aliments végétaux du groupe des rosacées, et dans plusieurs cas cette réaction a été sévère (anaphylaxie, asthme, urticaire et angio-oedème).
*Les noix et cacahuètes sont les aliments les plus souvent responsables de ces réactions allergiques (respectivement 80% et 40%).
*Tous les patients ont des tests cutanés positifs pour plusieurs extraits alimentaires n’appartenant pas à la famille des rosacées.
*Les tests avec noix, cacahuètes, légumes, céleri, riz et blé sont positifs chez la plupart des patients.
*Dans l’étude d’inhibition du test ELISA, l’absorption du sérum avec les LTP de pêches entraîne une inhibition complète de la réactivité à la noix et la cacahuète dans tous les cas.
– Conclusion : les LTP ont la signification clinique d’allergènes très ubiquitaires. Beaucoup d’allergie aux rosacées sont responsables d’allergie à d’autres aliments non reliés entre eux sur le plan botanique en raison d’une allergie aux LTP. Au vu de la forte prévalence et de la sévérité des réactions allergiques à la noisette, noix et cacahuète, il faut les éviter chez ces patients.
La méthodologie de cette étude est un peu compliquée.
En fait les allergènes pouvant expliquer les réactions croisées entre ces aliments peuvent appartenir à 3 familles :
*les profilines,
*les protéines de défense PR 10 ( analogues du Bet v 1)
*et enfin les protéines de transfert des lipides.
En jouant sur ces 3 allergènes les auteurs ont isolé un groupe de patients réagissant seulement aux protéines de transfert des lipides avec des tests négatifs pour les 2 autres familles d’allergènes.
Ces patients ont ensuite été étudiés avec des tests cutanés qui sont positifs pour les rosacées mais également très fréquemment avec noix, noisettes et cacahuètes. Il faut donc pour ces auteurs se méfier de ces allergies croisées qui donnent dans leur expérience des réactions souvent sévères.
On peut cependant souligner que ces conclusions ne s’appliquent qu’à 3% des patients ayant une allergie aux rosacées puisque seulement 20 patients sur 600 ont cette allergie aux LPS.
Difficile de préconiser un régime d’éviction large pour préserver seulement ces 3 % de patients ! ! Il faudrait repérer facilement ces patients à risque en réalisant des tests avec les protéines de transfert des lipides.
Recevez les actualités chaque mois