Pollution intérieure, c’est vraiment pas mieux !

mercredi 17 juin 2009 par Dr Alain Thillay1091 visites

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Pollution intérieure, c’est vraiment pas mieux !

Pollution intérieure, c’est vraiment pas mieux !

mercredi 17 juin 2009, par Dr Alain Thillay

De longue date, les experts ont attiré notre attention sur la pollution atmosphérique. Heureusement, en Europe et tout particulièrement en France, cette pollution a beaucoup diminué (amélioration des moteurs à explosion, règles drastiques pour les industries). Maintenant, c’est la pollution de l’habitat qui est dans la ligne de mire. Ici, cette étude italienne s’intéresse aux taux des aldéhydes et le retentissement sur l’état de santé.

Niveaux intérieurs de formaldéhyde et d’acétaldéhyde dans la province de Bari en Italie du sud et estimation des risques pour la santé. : Lovreglio P, Carrus A, Iavicoli S, Drago I, Persechino B, Soleo L.

Dipartimento di Medicina Interna e Medicina Pubblica, Sezione di Medicina del Lavoro E.C. Vigliani, Università di Bari, Policlinico, Piazza Giulio Cesare, 11, 70124, BARI, Italia.

dans J Environ Monit. 2009 May ;11(5):955-61.

 Objectifs :

  • Les niveaux de formaldéhyde et l’acétaldéhyde ont été évalués pour caractériser la pollution dans des logements de la ville de Bari et sa province en tenant également compte des variations saisonnières, et, d’étudier les effets sur la santé de l’exposition à ces aldéhydes sur la population générale.

 Méthode :

  • En 2007, la surveillance passive de l’environnement a été effectuée, pendant 24 heures, dans la cuisine de 59 logements, ainsi qu’à l’extérieur pour 27 d’entre eux.
  • Un questionnaire concernant les caractéristiques personnelles et celles de la maison a été complété par les 182 sujets résidant habituellement dans ces logements.
  • Au cours de la période de janvier à juin 2008, le formaldéhyde et l’acétaldéhyde ont été contrôlés mensuellement dans 20 des logements habités uniquement par des non-fumeurs.

 Résultats :

  • Les concentrations intérieures de formaldéhyde et d’acétaldéhyde étaient significativement plus élevées (16,0 +/- 8,0 et 10,7 +/- 88 microgrammes par mètre cube) que les concentrations en plein air (4,4 +/- 1,7 et 3,4 +/- 2,0 microgrammes par mètre cube), montrant une corrélation entre les niveaux intérieurs des deux aldéhydes (r=0,41, p=0,001).
  • Dans les habitations occupées par des non fumeurs, les concentrations de formaldéhyde étaient plus élevées en présence de meubles achetés récemment ou restaurés depuis moins d’un an (p=0,03).
  • Formaldéhyde et acétaldéhyde étaient significativement plus élevés dans les mois d’hiver qu’en période printano-estivale (F=2,86, p=0,02 ; F=5,39, p<0,001) et semblent être influencés par le temps d’ouverture des fenêtres de la cuisine.
  • En ce qui concerne les effets sur l’état de santé, une faible prévalence des maladies allergiques et aucune association entre les troubles allergiques ou d’irritation et les niveaux intérieurs d’aldéhydes n’ont été observées.

 Conclusions :

  • Les résultats ont montré que des concentrations faibles intérieures et extérieures de formaldéhyde et d’acétaldéhyde ne représentent généralement pas de risque pour la santé.

Le formaldéhyde ou méthanal ou formol est un composé organique de la famille des aldéhydes de formule CH2O.

Le formol est un désinfectant et un conservateur, on peut le voir utilisé dans les vaccins comme dans les techniques d’embaumement. Il est employé en grande quantité pour fabriquer des résines thermodurcissantes combiné au phénol, à l’urée ou à la mélamine. Résines pouvant faire office de colle permanente dans la fabrication de contreplaqué, d’aggloméré ou de tapis. On peut le retrouver aussi dans certaines peintures.

Le formaldéhyde depuis 2004 est considéré comme agent cancérogène. Présent dans de nombreux matériaux synthétiques, il est relâché de façon plus ou moins importante dans l’environnement intérieur.

L’acétaldéhyde ou éthanal est un composé chimique de formule chimique CH3CHO. Comme tous les aldéhydes, il s’agit d’un réducteur, très réactif et inflammable avec les oxydants (halogène, ammoniaque, aminés, alcools, cétones..). L’acétaldéhyde provient de la dégradation du Diméthoxane, biocide textile entre autre.

Ces deux aldéhydes sont susceptibles d’entraîner des eczémas de contact dans divers milieux professionnels.

Cette étude montre que les taux intérieurs de ces COV sont supérieurs à ceux de l’air extérieur, ils sont donc bien émis dans les habitats à partir des matériaux divers et variés provenant pour la plupart de l’ameublement. En outre, plus les meubles sont récents plus les taux grimpent.

L’aération des locaux joue aussi un rôle puisque les taux sont plus élevés en hiver qu’en saison estivale, particulièrement le temps d’aération de la cuisine est impliqué (dégagement par combustion).

Enfin, l’étude ne met pas en évidence de relation entre le taux des aldéhydes dans l’air intérieur et augmentation de la prévalence des pathologies allergiques ou irritatives ORL ou respiratoires.

Pour le formaldéhyde, la teneur « naturelle » en milieu extérieur ne doit pas dépasser quelques microgrammes par mètre cube alors qu’en atmosphère urbaine la moyenne tourne autour de 5 à 10 microgrammes par mètre cube. Les résultats de l’étude sont donc cohérents avec ces chiffres qui proviennent de la mairie de Paris.

Cette étude italienne suggère que même pour des taux relativement élevés en atmosphère intérieure des deux aldéhydes, il n’existe pas de corrélation avec des pathologies respiratoires allergiques ou irritatives. Nous pourrions arguer que le nombre de logements étudiés est faible, 59 en tout, dont seulement 27 ont fait l’objet d’une comparaison avec l’extérieur.

A mon humble avis, vouloir faire des corrélations entre les éléments de pollutions intérieures, pris un à un, ici les aldéhydes, et les pathologies respiratoires en général, ne mènera à rien. C’est plus compliqué, l’atmosphère de l’habitat est un mélange de différents toxiques respiratoires, d’allergènes, etc… C’est la prise en compte de cette globalité qui permettra de mieux préciser les choses.

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