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Influence du stress sur les tests cutanés.
mercredi 23 septembre 2009, par
De nombreux arguments scientifiques sont en faveur d’une interaction entre l’anxiété et les maladies allergiques. Dans cette étude, les auteurs cherchent à démontrer que stress et anxiété peuvent modifier la réponse des tests cutanés. Dans quel sens, c’est tout l’intérêt de ce travail ?
Comment le stress et l’anxiété peuvent altérer les réponses de la phase immédiate et de la phase retardée des tests cutanés dans la rhinite allergique. : Kiecolt-Glaser JK, Heffner KL, Glaser R, Malarkey WB, Porter K, Atkinson C, Laskowski B, Lemeshow S, Marshall GD.
The Ohio State University College of Medicine, Department of Psychiatry, 1670 Upham Drive, Columbus, OH 43210, United States
dans Psychoneuroendocrinology. 2009 Jun ;34(5):670-80.
– Contexte :
- La rhinite allergique (RA) est la cinquième maladie chronique la plus commune, et l’association entre les troubles allergiques et l’anxiété est bien documentée.
– Objectifs :
- Pour étudier la façon dont l’anxiété et le stress modulent la réponse aux tests cutanés et les réponses inflammatoires associées, 28 hommes et femmes atteints de RA ont été sélectionnés selon l’histoire clinique et les réponses des tests cutanés.
– Méthodes :
- Les participants ont été admis à deux reprises dans une unité de recherche en milieu hospitalier pendant 4h dans un essai croisé.
- Les modifications des papules des tests cutanés ont été évaluées avant et après avoir été soumis à un discours stressant normalisé en laboratoire, et de nouveau le lendemain matin ; les réponses cutanées ont été évaluées à deux reprises au cours d’une session de laboratoire sans facteur de stress et encore le lendemain matin, pour servir de comparaison.
– Résultats :
- L’anxiété amplifie la taille de la papule du test cutané spécifique après le stress.
- Lorsque l’anxiété augmente, le diamètre de la papule augmente aussi après le stress, comparativement à une légère décroissante qui suit le contrôle.
- L’anxiété accroit aussi de façon substantielle les effets du stress sur la phase retardée :
- Même les tests cutanés pratiqués un jour après le stress reflètent la poursuite de l’impact du discours stressant parmi les participants les plus anxieux.
- Une plus grande anxiété était associée à davantage de production d’IL-6 par les leucocytes stimulés par la Concanavaline A suivant le facteur de stress par rapport à la visite de contrôle.
– Conclusions :
- Les données suggèrent que le stress et l’anxiété peuvent aggraver et prolonger les symptômes de la rhinite allergique.
Cette étude américaine utilise les données scientifiques de la psychologie comportementale et cognitive (PCC).
Pour la petite histoire, si le soin psychologique durant une grande partie du XXème a été dominé par la psychanalyse, surtout l’école freudienne, et en France par le charlatan Jacques Lacan et son effet « Yau de poêle », bien heureusement, l’américain Carl Rogers en 1968, fondateur de la thérapie non directive et centrée sur le patient, faisait entrer la psychologie dans le scientifique.
Tout cela pour dire qu’avec la PCC on est dans l’objectif et non pas dans le spéculatif.
Ici, il s’agissait de mesurer les modifications des tests cutanés et de la production d’IL-6 par les leucocytes stimulés par la Concanavaline A.
Différents outils de la PCC ont été utilisés dont des méthodes objectives de mesure du stress et de l’anxiété chez des patients soumis à un discours stressant standardisé.
La Concanavaline A est une protéine de la famille des lectines issue de la fève dont une des propriétés est l’activation polyclonale des lymphocytes T.
L’interleukine-6 est une cytokine pléitropique produite durant la réponse inflammatoire qui participe au contrôle des interactions entre les systèmes immunitaire, nerveux et endocrinien.
Cette cytokine d’origine systémique et centrale, participe entre autres à l’activation des neurones hypothalamiques qui synthétisent la corticolibérine afin de favoriser une sécrétion adéquate des glucorticoïdes essentiels au contrôle de la réponse inflammatoire.
L’IL-6 est donc une cytokine pro-inflammatoire mais qui, par sa participation à la régulation fine de l’axe hypothalamo-hypophyso-corticosurrénalien, augmente le taux des glucocorticoïdes circulants ; elle constitue un système de rétroaction négatif crucial dans le contrôle de l’inflammation.
L’IL-6 se trouve également impliquée dans la phase initiale de la réaction allergique IgE dépendante.
Pour être plus pertinents les auteurs auraient peut-être pu aussi mesurer l’IL-4 et
l’IL-13.
Cette étude montre chez le sujet stressé, d’autant plus si les critères de l’anxiété sont présents, une augmentation de la taille des papules des tests cutanés et de la production de l’IL-6 comparativement à l’état basal ; les sujets étant ainsi leur propre témoin.
Ces résultats interpellent évidemment l’allergologue de terrain que je suis.
Comme dans toute pathologie, le facteur psychique, tout particulièrement l’anxiété et le stress, interfère négativement avec la pathologie allergique.
Toutefois, il faudra rester vigilant et ne pas déborder ; bien souvent, pour le patient tout est psychique.
C’est le cas exemplaire des urticaires chroniques, les patients en ont entendu de toutes sortes et par les médecins eux-mêmes qui, au lieu de dire qu’ils ne savent pas, préfèrent entretenir cette notion du « c’est psychique ma pauvre dame » façon assez détestable de se dédouaner de son déficit de communication.
Le stress, l’anxiété viennent aggraver l’état allergique, mais n’oublions pas, que parfois un stress positif améliore tout.
Pour finir, cette étude à la méthodologie sérieuse mérite d’être vérifiée sur une plus grande échelle.
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