Le remodeling atteint le nez !

jeudi 15 octobre 2009 par Dr Alain Thillay990 visites

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Le remodeling atteint le nez !

Le remodeling atteint le nez !

jeudi 15 octobre 2009, par Dr Alain Thillay

La rhinite allergique ou non est une des pathologies les plus courante observée chez le jeune enfant. Outre des différences symptomatologiques pas toujours si faciles à distinguer, que sous-tendent, de façon objective, ces deux entités pathologiques ? C’est l’objet de ce travail danois qui apporte une notion plutôt nouvelle dans l’interprétation physiopathologique.

Evaluations objectives des rhinites allergique et non allergique chez le jeune enfant. : B. L. K. Chawes, E. Kreiner-Møller and H. Bisgaard

Danish Pediatric Asthma Center, Copenhagen University Hospital, Gentofte Copenhagen, Denmark

dans Allergy
Volume 64 Issue 10, Pages 1547 - 1553

 Contexte :

  • Les rhinites allergique et non allergique sont des maladies infantiles courantes.

 Objectif :

  • Etudier l’éosinophilie nasale et la perméabilité des voies nasales chez de jeunes enfants atteints de rhinites allergique et non allergique pour évaluer la pathologie sous-jacente à ces diagnostics.

 Méthodes :

  • Nous avons étudié 255 enfants à l’âge de six ans issus de l’étude prospective de Copenhague sur l’asthme infantile dans une cohorte de naissance évaluant les antécédents de rhinite, les IgE spécifiques sériques pertinentes dans le cadre d’une symptomatologie rhinitique, l’éosinophilie nasale et la perméabilité des voies aériennes nasales par rhinométrie acoustiques avant et après décongestion.
  • Les associations ont été étudiées dans un modèle graphique avec analyse multivariable corrigé pour le sexe, la taille et l’usage des stéroïdes nasaux.

 Résultats :

  • La rhinite allergique est significativement et directement associés à une obstruction irréversible des voies respiratoires nasales (réduction de la perméabilité des voies respiratoires nasales après décongestion) (P = 0,004), tandis que la rhinite non allergique ne l’est pas.
  • Pour les deux, la rhinite allergique (P = 0,000) et la rhinite non allergique (P = 0,014) étaient directement et significativement associées à une éosinophilie nasale, mais cette association était plus forte pour la rhinite allergique.

 Conclusion :

  • La rhinite allergique et la rhinite non allergique sont des pathologies distinctes comme le suggèrent leurs différentes associations, non seulement à une allergie, mais surtout aussi à une obstruction irréversible des voies respiratoires nasales et de l’inflammation à éosinophiles.
  • La rhinite allergique est significativement associée à une éosinophilie nasale et avec une obstruction des voies aériennes nasales irréversible suggérant une inflammation chronique et un remodelage structurel de la muqueuse nasale des enfants à l’âge de 6 ans.
  • La rhinite non allergique ne présentait aucune modification de la perméabilité des voies nasales, mais dans certains cas une éosinophilie muqueuse nasale mais moins que chez les enfants atteints de rhinite allergique.

Cette étude danoise évalue comparativement rhinite allergique et non allergique.

La rhinite allergique chez l’enfant n’est pas reconnue comme une pathologie sévère mais qui pourtant retentit sur la qualité de vie, la qualité du sommeil et la performance scolaire.

Les auteurs ont sélectionné 255 enfants parmi des sujets asthmatiques suivis dans le cadre d’une étude de cohorte ; les enfants ont six ans.

Parmi ces enfants rhinitiques, ceux atteints de rhinite allergique ont été identifiés (histoire clinique et IgE sériques spécifiques des aéroallergènes impliqués dans cette pathologie).

Enfin, tous les enfants ont été évalués pour l’éosinophilie nasale et l’obstruction nasale par rhinométrie acoustique avant et après administration locale d’un décongestionnant, un alpha-agoniste.

Les résultats sont intéressants, si la différence n’est pas très marquée quant à l’éosinophilie, il n’en est pas de même pour la réversibilité de l’obstruction nasale après administration de l’alpha-agoniste.

Clairement, la réversibilité est bonne dans le cadre de la rhinite non allergique et nulle pour la rhinite allergique.

Je suis d’accord pour penser comme les auteurs qu’il existe un facteur inflammatoire « fixé » dans le cas de la rhinite allergique, la cascade des réactions faisant intervenir de nombreux acteurs (IgE, mastocytes, basophiles, histamine, leucotriènes, interleukines….), facteur qui s’auto-entretient et pérennise donc l’infiltration inflammatoire.

Par contre, de là à évoquer la notion de remodelage il y a un grand pas.

Dans le cadre de la maladie asthmatique, il implique certes un syndrome inflammatoire chronique qui même après avoir été réduit totalement laisse la place à une cicatrice inflammatoire des petites bronches.

Ici, nous le savons bien une bonne corticothérapie nasale appliquée durablement associée à une prise en charge curative et préventive par l’immunothérapie spécifique permettra de réduire totalement l’obstruction nasale, surtout à l’âge de 6 ans.

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