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Plus t’es en forme, moins t’as d’asthme et réciproquement ?
jeudi 29 octobre 2009, par
Nous le savons chez l’enfant obésité et asthme sont liés. Quid de la forme physique, de l’activité au quotidien et de la composition corporelle (masse grasse) dans la maîtrise de l’asthme ? Ici il s’agit de jeunes asthmatiques qui viennent d’être diagnostiqués et non encore traités. Alors, la maladie asthmatique affecte-t-elle la qualité de vie des enfants ?
Condition physique, activité quotidienne et composition corporelle d’enfants nouvellement diagnostiqués comme atteint d’un asthme non traité. : S. Vahlkvist, S. Pedersen
Pediatric Research Center, Kolding Hospital, University of Southern Denmark, Kolding, Denmark
dans Allergy
Volume 64 Issue 11, Pages 1649 - 1655
– Contexte :
- Les informations sur la façon dont la maladie asthmatique affecte le style de vie et la santé des enfants sont rares.
– Objectif :
- Mesurer la condition physique, l’activité physique quotidienne et la composition corporelle d’enfants nouvellement diagnostiqués comme asthmatique, non traités et de contrôles sains, afin d’évaluer l’association entre le niveau de maîtrise de l’asthme et ces paramètres.
– Méthodes :
- L’activité physique quotidienne a été mesurée à l’aide de l’accélérométrie.
- L’aptitude cardiovasculaire et la composition corporelle (pourcentage de graisse, pourcentage de tissus maigres et la densité minérale osseuse) ont été mesurées chez 57 enfants nouvellement diagnostiqués, non traités et chez 157 enfants en bonne santé comme témoins appariés en fonction du sexe.
- Le niveau de maîtrise de l’asthme était évalué par la mesure d’une série de données concernant l’asthme.
– Résultats :
- Les enfants souffrant d’asthme étaient en moins bonne forme physique (35,1 vs 39,3 ml O2/min/kg) (P <0,001), avaient un pourcentage supérieur de masse grasse (22,8 vs 19,5%) (P <0,01) et une fréquence plus élevée de surpoids (24,6 vs 14,2%) (P <0,05) que chez les témoins sains.
- Le pourcentage de la masse grasse corporelle étaient négativement corrélée à l’activité quotidienne globale (P <0,001) et au temps consacré à une activité physique élevée ou intense (P <0,001).
- La condition physique était corrélée positivement au temps passé à des activités physiques élevées ou intenses (P <0,001).
- Au sein du groupe asthmatique, le niveau de maîtrise de l’asthme, la condition physique et le temps consacré à une activité intense étaient corrélés positivement (P <0,02).
– Conclusion :
- Les enfants souffrant d’un asthme non traité sont moins en forme, ont un pourcentage supérieur de masse grasse et une plus grande fréquence d’obésité que leurs camarades en bonne santé.
- L’asthme non contrôlé est associé à une condition physique réduite et à une réduction du temps passé à une activité intensive.
- Les enfants en surpoids sont physiquement moins actifs que les enfants de poids normal.
Il s’agit d’une étude danoise pratiquée dans un service de pédiatrie à Kolding qui est aussi un centre de recherche.
Ce travail est intéressant à plus d’un titre en tous cas celui de concerner la gestion de l’asthme au jour le jour chez l’enfant par l’allergologue.
Aucun doute, nombre d’étude ont montré un rapport entre surpoids, excès de masse grasse corporelle et prévalence de l’asthme.
Il y a plus d’asthme chez les enfants obèses.
Le tissu adipeux secrète, entre autre, par les macrophages et les adipocytes, une quantité proportionnelle à sa masse diverses substances favorisant l’inflammation comme l’interleukine 6 et les leptines qui interviendraient dans l’inflammation bronchique.
La question qui se pose est de savoir si c’est l’asthme qui favorise l’obésité ou bien l’inverse.
Ainsi, l’asthme réduirait la capacité de se mouvoir et donc entraînerait une prise de poids.
Il n’est peut-être pas important de savoir « qui commence » ?
Que nous partions d’un asthme ou d’une obésité le cercle vicieux qui s’instaurera aboutira au même résultat.
Dans cette étude, il s’agissait de faire le lien entre le niveau de maîtrise de l’asthme chez l’enfant (asthme nouvellement diagnostiqué et non encore traité) et la condition physique générale, l’activité physique et la composition corporelle, particulièrement l’évaluation de la masse grasse.
Les sujets sélectionnés sont des enfants chez qui l’on vient de faire le diagnostic d’un asthme non encore traité ce qui élimine les biais dû à un traitement.
Pour l’activité physique, les auteurs ont eu recours à un procédé simple l’accélérométrie.
L’accéléromètre a la taille d’une boite d’allumettes et est fixé à la ceinture.
Il mesure l’accélération du corps dès que l’on fait un mouvement.
Sur la base des données ainsi enregistrées, on peut connaître l’ampleur de l’activité physique d’un enfant sur toute une journée – savoir par exemple combien de fois et pendant combien de temps il est en mouvement.
Il est possible en outre d’évaluer le degré d’effort physique fourni.
Les résultats sont clairs, de façon significative, les asthmatiques sont en moins bonne condition physique, plus souvent obèse avec une masse grasse plus importante.
Plus précisément, plus la masse grasse augmente moins l’activité physique globale est pratiquée.
Une bonne condition physique est en rapport avec une activité physique conséquente.
La maîtrise de l’asthme augmente avec le niveau de condition physique et le niveau d’activité physique intense.
Clairement, cette étude ne résoudra pas le dilemme de l’œuf et de la poule, je veux dire de l’obésité et de l’asthme.
Par contre, il confirme bien le lien pervers entre l’obésité ainsi que tout son contexte de forme physique avec l’asthme.
L’allergologue médecin de l’allergie et de l’environnement appréhende son petit patient asthmatique dans sa globalité, sa génétique, sa clinique, ses facteurs allergiques, son environnement domestique et scolaire mais aussi sa condition physique dans son entité.
Il tiendra donc compte de l’excès de poids aussi qu’il gérera avec le jeune asthmatique.
N’est-ce pas là un moyen de faire reprendre confiance à l’enfant dans ce corps défaillant ?
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