Cacahuète pendant la grossesse, de la guérison fait la promesse…

jeudi 26 novembre 2009 par Dr Hervé Couteaux2478 visites

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Cacahuète pendant la grossesse, de la guérison fait la promesse…

Cacahuète pendant la grossesse, de la guérison fait la promesse…

jeudi 26 novembre 2009, par Dr Hervé Couteaux

L’éviction résume la thérapeutique de l’allergie à l’arachide, une allergie fréquente, et souvent sévère. C’est dire l’importance des avancées thérapeutiques dans ce domaine. L’étude du jour, qui porte sur des souris, entrouvre une porte sur les moyens préventifs : elle mérite donc toute notre attention !

L’exposition maternelle à l’arachide pendant la grossesse et l’allaitement réduit les risques d’allergie à l’arachide pour la progéniture. : Iván López-Expósito, PhD, Ying Song, MD, Kirsi M. Järvinen, MD, PhD, Kamal Srivastava, MPhil, Xiu-Min Li, MD

Department of Pediatrics, Mount Sinai School of Medicine, New York, NY

dans JACI Volume 124, Issue 5, Pages 1039-1046 (November 2009)

 Contexte :

  • L’allergie maternelle est considérée comme un facteur de risque d’allergie à l’arachide (PNA) chez les enfants.
  • Cependant, il n’existe aucune preuve directe de la transmission maternelle de la susceptibilité pour la PNA, et on ignore si l’exposition à l’arachide de la mère influe sur le développement la PNA pour la progéniture.

 Objectifs :

  • Tout d’abord, étudier l’influence de la PNA de la mère sur les réactions de la progéniture à l’exposition d’arachide, et ensuite étudier si l’exposition de la mère à de faibles doses d’arachide pendant la grossesse et l’allaitement influe sur ces réactions et sur la sensibilisation à l’arachide dans un modèle murin.

 Méthodes :

  • Une progéniture âgée de 5 semaines de mères PNA C3H/HeJ (PNA-Ms) a subi un test de provocation à l’arachide par voie intragastrique (première exposition), et les réactions ont été déterminées.
  • Dans un sous-ensemble de l’expérience, les PNA-Ms ont été nourris avec une faible dose d’arachide (PNA-M/PN) ou n’ont pas reçu d’arachide (PNA-M/none) pendant la grossesse et l’allaitement.
  • Leur descendance de 5 semaines a été challengée par voie intragastrique avec l’arachide, et les réactions ont été étudiées.
  • Dans un autre sous-ensemble de l’expérience, les progénitures de PNA-M/PN ou PNA-M/none ont été sensibilisés à l’arachide par voie intragastrique pendant 6 semaines, et les anticorps sériques spécifiques de l’arachide ont été déterminés.

 Résultats :

  • La progéniture PNA-M a présenté des réactions anaphylactiques à la première exposition à l’arachide qui ont été associées à des niveaux d’IgG1 spécifiques de l’arachide et prévenues par un antagoniste du facteur d’activation plaquettaire.
  • Dans une expérience partielle, les descendants PNA-M/PN ont montré des réactions significativement réduites lors des premières expositions à l’arachide, des niveaux élevés d’IgG2a, et des productions de cytokines réduites par rapport à la progéniture PNA-M/none.
  • Dans une expérience supplémentaire, les enfants PNA-M/PN avaient une réduction des IgE spécifiques de l’arachide.

 Conclusions :

  • Nous montrons pour la première fois la transmission maternelle de la réactivité à l’arachide lors d’une première exposition et de la sensibilisation active à l’arachide.
  • L’exposition à de faibles doses d’arachide pendant la grossesse et l’allaitement réduit ce risque.

Pour des souris, l’exposition à de faibles doses d’arachide pendant la grossesse et l’allaitement réduit le risque de sensibilisation et d’allergie à l’arachide.

Pour les souriceaux dont les mères ont reçu de faibles doses d’arachide, les réactions enregistrées ont été effectivement moins intenses et le niveau d’IgE spécifiques moins élevé.

Si l’allergie à l’arachide est connue pour sa persistance, une étude rapportée lors de l’EAACI 2009 rapportait 21.4% de rémission à 5 ans et 34.2% à 7 ans alors qu’il était considéré jusque là qu’environ 20% seulement des allergiques à l’arachide guérissaient de cette allergie.

L’indicateur prédictif le plus sensible d’une persistance de la sensibilisation à l’arachide a été l’augmentation des réponses aux SPT entre 1 et 4 ans.

Au cours de ce même congrès, une étude portant sur 30 patients, 25 DBPCFC avec détermination de la dose déclenchante précisait les rapports entre sévérité et allergènes concernés.

C’est ainsi que chez les patients avec des symptômes sévères, on observait une réactivité prédominante à Ara h 1 et Ara h 3 (à 100 µg/ml) mais une réactivité à Ara h 2 et Ara h 6 plus forte (à 0.1 µg/ml).

Toujours lors de ce même congrès, les premiers résultats d’essai d’immunothérapie (sous-cutanée et épicutanée) à l’arachide chez la souris paraissaient prometteurs.

Chez l’homme, une « induction de tolérance » par voie sublinguale s’était avérée efficace au prix de réactions plutôt sévères, pour près de 50% des patients.

Tout ceci pour dire que des mesures préventives simples comme celles qui sont suggérées par les résultats de cette étude chez la souris mériteraient d’être validées chez l’homme.

Le chemin paraît encore long !...