La filaggrine en filigrane de la dermatite atopique.

lundi 30 novembre 2009 par Dr Alain Thillay5135 visites

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La filaggrine en filigrane de la dermatite atopique.

La filaggrine en filigrane de la dermatite atopique.

lundi 30 novembre 2009, par Dr Alain Thillay

Si nous en connaissons de plus en plus sur la genèse de la maladie atopique il reste encore nombre d’interrogations. Par exemple, quid du primum movens de la marche atopique, par exemple que dire du rôle de la dermatite atopique ? Ici, c’est le rôle de la filaggrine, protéine du kératinocyte, qui est envisagé concernant les modifications de son gène.

Les mutations de la filaggrine dans l’apparition de l’eczéma, de la sensibilisation, de l’asthme, du rhume des foins et leur interaction avec l’exposition au chat. : M. L. A. Schuttelaar 1 , M. Kerkhof 2 , M. F. Jonkman 1 , G. H. Koppelman 3 , B. Brunekreef 4 , J. C. de Jongste 5 , A. Wijga 6 , W. H. I. McLean 7 , D. S. Postma 8

Departments of 1Dermatology ; 2 Epidemiology ; 3 Pediatric Pulmonology and Pediatric Allergology, University Medical Center Groningen, University of Groningen, Groningen, the Netherlands ; 4 The Institute for Risk Assessment Sciences and Julius Center for Health Sciences and Primary Care, University Medical Center Utrecht, Utrecht, the Netherlands ; 5 Department of Pediatrics, Erasmus University Medical Center, Sophia Children’s Hospital, Rotterdam, the Netherlands ; 6 The National Institute of Public Health and the Environment (RIVM), Bilthoven, the Netherlands ; 7 The Epithelial Genetics Group, Human Genetics Unit, Division of Pathology and Neuroscience, University of Dundee, Dundee, UK ; 8 Department of Pulmonology, University Medical Center Groningen, University of Groningen, Groningen, the Netherlands

dans Allergy
Volume 64 Issue 12, Pages 1758 - 1765

 Contexte :

  • Les mutations géniques de la filaggrine (FLG) contribuent au développement de l’eczéma et de l’asthme, mais leur contribution dans la sensibilisation et le rhume des foins reste floue.

 Méthodes :

  • Les mutations de la filaggrine R501X, 2282del4 et R2447X ont été génotypées dans la cohorte de naissance de prévention et d’incidence de l’asthme et de l’allergie aux acariens (n=934) afin d’évaluer longitudinalement, jusqu’à 8 ans, leur association avec l’eczéma, la sensibilisation, l’asthme, le rhume des foins et leur interaction avec l’exposition au chat.

 Résultats :

  • Les mutations combinées de la FLG étaient significativement associées à l’eczéma à tous les âges lorsque survenant dans la première année de vie (OR=2,0 ; 95 % IC : 1,4–2,8).
  • Les mutations combinées de la FLG étaient associées à la fois à l’eczéma atopique et à l’eczéma non atopique, ainsi qu’à l’asthme (OR=3,7 ; 95 % IC : 1,8–7,5).
  • Lorsque la mutation 2282del4 de la FLG était analysée séparément, elle était significativement associée au développement de l’eczéma au cours de la première année, avec le fait d’avoir de l’eczéma jusqu’à 8 ans et la sensibilisation à l’âge de 8 ans, qui étaient améliorés par l’exposition précoce au chat (OR=8,2 ; 95 % IC : 2,6–25.9), (OR=6,0 ; 95 % IC : 3,2–11,3) et (OR=5,4 ; 95 % IC : 1,2–23,6) respectivement.
  • La mutation 2282del4 de la FLG était significativement associée au rhume des foins à partir de l’âge de 5 ans, (OR=3,9 ; 95 % IC : 1,5–10,5).

 Conclusions :

  • Les mutations de la FLG sont associées à l’eczéma atopique et non atopique à partir de la première année de vie.
  • Les mutations combinées de la FLG liées à l’eczéma dans la première année de vie sont associées à un développement ultérieur de l’asthme et du rhume des foins, un exemple clair de la marche atopique.
  • Nous confirmons que l’exposition chat améliore l’effet d’une mutation de la FLG sur le développement de l’eczéma et de la sensibilisation.

Cette étude néerlandaise est vraiment intéressante car aborde le rôle de la peau dans la marche atopique.

Nous le savons l’entrée dans la maladie atopique se fait très souvent par la dermatite atopique.

Alors, ou bien cette DA est indépendante et l’asthme et la rhinite allergiques ne sont que des expressions différentes de la même dysrégulation immunitaire, chaque interface environnementale réagissant à sa manière.

Ou bien tout est lié, cela commencerait par une altération du gène de la FLG responsable en partie de l’éclosion de la DA ouvrant alors une voie non conforme à l’ensemble des allergènes environnementaux et entraînant en cascade l’atteinte des différentes cibles que sont les différentes muqueuses.

Il resterait alors, dans le cadre de ces deux hypothèses, à mieux préciser l’intervention de la dysrégulation immunitaire à IgE.

Dans la seconde hypothèse, est-ce le défaut de la barrière cutanée qui par une présentation inappropriée de l’antigène engendrerait la réponse IgE, ou les deux anomalies coexistent-elles ?

Alors, si c’est le cas, s’agit-il d’un cortège de plusieurs modifications géniques qui seraient liées ?

A voir, en tous cas, c’est passionnant !

La filaggrine est une protéine produite par le kératinocyte dans la couche granuleuse qui permet l’arrangement des filaments de kératine et participe à la formation de l’enveloppe cellulaire de la couche cornée.

Le gène de cette protéine qui participe donc à la fonction de barrière cutanée appartient au complexe de différenciation épidermique du chromosome 1q21.

Dans des travaux récents, les mutations R501X, 2282del4 et R2447X de la filaggrine ont été mises en évidence dans l’ichtyose vulgaire, la dermatite atopique et l’asthme.
Une autre étude a montré que l’existence de ces mutations chez des enfants ne présentant pas de DA n’étaient pas associées au risque d’asthme.

Cette étude confirme bien l’association mutations de la FLG et eczéma atopique ou non, mieux, dans ce cas ; si existence d’une DA dans la première année de vie association avec développement ultérieur d’asthme et de rhinite allergique saisonnière.

Enfin dernier élément d’importance, en cas d’analyse séparée de la mutation 2282del4, on note bien l’association significative avec DA dans la première année de vie, persistance de celle-ci jusqu’à 8 ans et sensibilisation mais ces différents contextes pathologiques se voient améliorés si exposition précoce au chat.

Cette étude est donc pertinente pour confirmer la marche allergique et confirmer l’effet immunomodulateur du chat.

Ces nouvelles notions pathogéniques nous obligent à bouleverser notre façon d’appréhender la DA nous seulement d’un point de vue d’une perturbation du système immunitaire mais aussi d’une atteinte de la barrière cutanée qui apparaît essentielle et nous autorise à échafauder de nouvelles stratégies thérapeutiques focalisées sur la peau.

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