De l’intérêt éternel des recettes de grand-mères pour bien faire pousser les enfants.

mardi 26 janvier 2010 par Dr Céline Palussière1272 visites

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De l’intérêt éternel des recettes de grand-mères pour bien faire pousser les enfants.

De l’intérêt éternel des recettes de grand-mères pour bien faire pousser les enfants.

mardi 26 janvier 2010, par Dr Céline Palussière

On pensait l’huile de foie de morue complètement abandonnée avec la disparition du rachitisme de nos pays développés. La voici qui revient, cette fois-ci pour une pathologie bien actuelle : l’allergie. Cette revue de la littérature se propose de synthétiser les données disponibles sur l’intérêt des huiles de poisson.

Risque atopique chez le nourrisson et l’enfant et exposition précoce au poisson, poisson gras ou acides gras oméga-3 à longue chaîne : revue systématique. : Kremmyda LS, Vlachava M, Noakes PS, Diaper ND, Miles EA, Calder PC.

Institute of Human Nutrition and Institute of Developmental Sciences, School of Medicine, University of Southampton, IDS Building, MP887 Southampton General Hospital, Tremona Road, Southampton, SO16 6YD, UK

dans Clin Rev Allergy Immunol. 2009 Dec 9.

 Contexte

  • Il existe deux familles d’acide gras polyinsaturés (PUFA) : les familles n-3 et n-6.
  • Une relation a été évoquée entre l’apport en PUFA n-6 et la maladie allergique,
  • il existe une explication biologique possible, mettant en jeu les médiateur éicosanoïdes de l’acide arachidonique n-6.
  • Les poissons et huiles de poisson sont des sources de PUFA n-3 à longue chaîne, et l’action de ces acides gras contrecarre celle des PUFA n-6.
  • Certains considèrent ainsi que les PUFA n-3 protègent des sensibilisations allergiques et des manifestations cliniques de l’allergie.

 Matériel et méthode

  • Les données à ce sujet ont été acquises à partir d’études épidémiologiques évaluant l’association entre la consommation de poisson pendant la grossesse, l’allaitement, la petite enfance et l’enfance, et la survenue de manifestations atopiques chez le nourrisson et l’enfant.

 Résultats

  • Les 5 études épidémiologiques étudiant l’effet de la consommation de poisson pendant la grossesse sur la survenue de signes d’atopie ou d’allergie dans l’enfance ont montré une protection.
  • Une étude évaluant l’effet de l’apport de poisson pendant l’allaitement n’a pas montré de modification significative.
  • Les données sur l’effet de la consommation de poisson pendant l’enfance sur la survenue d’évènements atopiques chez ces enfants sont discordantes, même si la majorité des études (9 sur 14) montrent un effet protecteur.
  • La supplémentation en huiles de poisson pendant la grossesse, l’allaitement, la petite enfance et l’enfance aboutit à un statut PUFA n-3 plus élevé chez ces enfants.
    L’apport d’huiles de poisson aux femmes enceintes est associé à des modifications immunologiques du sang cordal, qui peuvent être durables.
  • Les études menées jusqu’à présent indiquent que l’apport d’huiles de poisson pendant la grossesse peut diminuer les sensibilisations aux allergènes alimentaires et réduire la prévalence et la gravité de la dermatite atopique pendant la première année, avec une possible persistance jusqu’à l’adolescence avec moins d’eczéma, de rhume des foins et d’asthme.

 Discussion

  • L’apport d’huiles de poisson aux enfants et nourrissons pourrait entraîner des modifications immunologiques, mais il n’est pas certain que ceci ait des répercussions cliniques et que cela soit durable.
  • La supplémentation en huiles de poisson au cours de la petite enfance pourrait réduire le risque de développer des manifestations d’allergie mais ces bénéfices pourraient ne pas être durables et d’autres facteurs sont susceptibles d’intervenir.
  • Il n’est pas certain que les huiles de poisson puissent être utilisées dans le traitement de l’asthme de l’enfant, puisque les deux études qui ont jusqu’à présent évalué cet effet ont des résultats divergents.

 Conclusion

  • D’autres études évaluant un apport majoré de PUFA n-3 longue chaîne pendant la grossesse, l’allaitement, la petite enfance et l’enfance sont nécessaires pour mieux définir leurs effets immunologiques et cliniques chez les enfants, pour identifier leurs effets protecteurs et thérapeutiques ainsi que leur persistance.

Les acides gras polyinsaturés (PUFA = polyunsaturated fatty acids) oméga-3, issus des poissons, sont peu consommés dans les pays développés, en faveur des acides gras polyinsaturés oméga-6, issus de végétaux.

Les auteurs ont cherché dans la littérature les données disponibles sur l’impact d’une supplémentation en acides gras polyinsaturés oméga-3 sur la survenue de manifestations cliniques et immunologiques d’atopie et d’allergie.

Plusieurs stades du début de la vie sont étudiés : la grossesse, l’allaitement, la petite enfance et l’enfance.

Les études évaluent donc l’effet d’un apport en huiles de poissons sur les critères biologiques et cliniques de l’atopie et de l’allergie sur des nourrissons et des enfants.

Cette supplémentation a été montrée bénéfique par toutes les études (5) portant sur la grossesse. L’apport au cours de l’allaitement a été peu évalué (1 étude), et semblait sans intérêt. Durant la petite enfance et l’enfance, les études mettent en général en évidence (9/14) un intérêt sur la survenue de dermatite atopique et d’allergies alimentaires.

Les données sur la persistance de ces effets bénéfiques sont plus contradictoires.

D’autres études depuis une dizaine d’années ont mis en évidence l’intérêt des acides gras oméga-3 dans la régulation de la réponse immune spécifique et non spécifique.

Les acides gras de la famille oméga-6, dont fait partie l’acide arachidonique (C20 :4), sont des dérivés de l’acide linoléique (18 :2 oméga-6).

Le métabolisme de l’acide arachidonique par les lipoxygénases et les cycloxygénases aboutit à la formation de médiateurs pro-inflammatoires, les leucotriènes, les prostaglandines et les thromboxanes. Il oriente de plus la réponse immunitaire spécifique sur la voie TH2 avec production d’IgE.

Les acides gras de la famille oméga-3 sont issus de l’ acide alpha linolénique 18 :3. La consommation d’acides gras polyinsaturés oméga-3 permet de contrebalancer le déséquilibre en faveur des dérivés éicosanoïdes de l’acide arachidonique . Ils favoriseraient la production de médiateurs moins puissants, les leucotriènes et prostaglandines des séries 3 et 5.

Leur effet anti-inflammatoire ne peut certainement pas suffire pour traiter un asthme, mais il a un rôle intéressant à jouer dans la prévention primaire de l’atopie.

Il est de plus intéressant de noter que la consommation d’acides gras polyinsaturés oméga-3 est aussi recommandée dans le cadre de la prévention cardio-vasculaire et en cancérologie. Ils sont aussi importants dans le développement cérébral du nourrisson.

La dose optimale n’est cependant pas définie et cette étude ne permet pas de savoir si une alimentation diversifiée riche en poisson suffirait pour obtenir les effets bénéfiques des acides gras oméga-3, ou si une supplémentation est indispensable. Bref : doit-on revenir à la cuillère d’huile de foie de morue quotidienne ?

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