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Pas de peau, la dermatite atopique on l’a dans le sang !
samedi 5 octobre 2002, par
La physiopathologie de la dermatite atopique reste mystérieuse même si depuis quelques années de nombreuses hypothèses physiopathologiques sont proposées. Les auteurs de cette étude apportent de nouvelles pièces à ce puzzle, en faisant jouer un rôle majeur aux monocytes circulants.
Caractérisation de sous populations monocytaires dans la forme allergique de la dermatite atopique. : Novak N, Allam P, Geiger E, Bieber T.Department of Dermatology, Friedrich-Wilhelms University, D-53105 Bonn. dans Allergy 2002 Oct ;57(10):931-5
Les sous populations de monocytes présentent des phénotypes distincts avec des propriétés fonctionnelles identifiables dans le sang périphérique, et qui sont sous le contrôle de facteurs solubles produits par le milieu environnant.
La dermatite atopique (DA) s’accompagne de modifications humorales et cellulaires parmi lesquelles une augmentation du récepteur à haute affinité pour les IgE sur les cellules présentatrices d’antigènes comme les monocytes.
Les auteurs ont donc étudié l’ensemble des populations monocytaires circulantes et l’expression du récepteur FcR à leur surface durant l’évolution de la dermatite atopique.
– Méthodes :
*Un prélèvement de sang a été fait chez des patients ayant une DA, avant et après traitement par des topiques, chez des patients atteints de psoriasis et chez des témoins sains.
*Une analyse détaillée des sous populations monocytaires a été faite par cytométrie de flux. Une analyse clinique méticuleuse a inclus la surface cutanée atteinte par l’eczéma et un index de sévérité (EACI score), ainsi qu’une évaluation dans le sérum des chémokines activées et régulées thymiques (TARC).
*Ceci a été fait avant et 2 semaines après un traitement topique par tacrolimus à 0,1%.
– Résultats :
*Durant la phase d’exacerbation de la DA, les patients entretiennent des sous populations monocytaires particulières par rapport aux sujets sains et atteints de psoriasis, avec une augmentation du sous type CD14+CD64-CD16+. L’amélioration clinique conduit à une diminution significative de ce sous type en faveur du sous type monocytaire CD14+CD64+CD16-, conduisant à une composition en monocytes proche de celle des témoins sains.
*Très intéressant est la constatation suivante : le FcR est exprimé uniquement par les monocytes CD14+CD64+CD16-, et le pourcentage de cette sous population de monocytes exprimant le FcR augmente significativement dans le sang périphérique après traitement topique.
– Conclusion : Ces données prouvent pour la première fois de façon claire que les fluctuations des sous population monocytaires chez les patients atteints de DA peuvent refléter qualitativement et quantitativement une implication spécifiques des monocytes au développement de la DA.
Il faut prendre acte de ces résultats qui proviennent d’une équipe très sérieuse qui travaille beaucoup sur la dermatite atopique. Cependant il est difficile de faire la part entre l’apport réel des monocytes dans le développement de cette affection, et l’aspect de simple témoin de ces monocytes dont l’état d’activation reflète les modifications de l’environnement.
L’évolution en fonction du traitement semble plutôt montrer que les traitements ont une action systémique qui dépasse largement la surface de peau traitée puisque les monocytes circulent ensuite dans l’ensemble de l’organisme.
D’autres études sont donc nécessaires pour bien comprendre les relations entre monocytes et dermatite atopique.
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