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Il ne faut peut-être pas trop s’enflammer pour le NO.
mardi 11 mai 2010, par
Le fraction de NO exhalé (FeNO) est augmentée dans l’asthme, et il a été suggéré que sa mesure puisse être un marqueur non invasif d’inflammation bronchique. Mais les résultats des études sont discordants, ce qui pourrait être lié à des facteurs confondants. Les auteurs ont évalué l’effet de l’atopie sur l’évolution des taux de NO.
Influence de l’atopie et de l’asthme sur le taux d’oxyde nitrique exhalé dans une étude de cohorte de naissance non sélectionnée. : 1. Martha Scott1,2,
2. Abid Raza1,2,
3. Wilfried Karmaus3,
4. Frances Mitchell1,
5. Jane Grundy1,
6. Ramesh J Kurukulaaratchy1,2,
7. S Hasan Arshad1,2,
8. Graham Roberts1,2
1The David Hide Asthma and Allergy Research Centre, St Mary’s Hospital, Newport, Isle of Wight, UK
2School of Medicine, University of Southampton, Southampton, UK
3Epidemiology and Biostatistics Department, Arnold School of Public Health, University of South Carolina, Columbia, South Carolina, USA
dans Thorax 2010 ;65:258-262 doi:10.1136/thx.2009.125443
– Contexte :
- On considère que l’asthme est associé à des taux élevés d’oxyde nitrique exhalé (FeNO)
- La nature de cette relation et la façon dont elle est influencée par l’atopie ne sont toujours pas résolues.
– Méthodes :
- La cohorte de naissance de l’Ile de Wight (n=1456) a été réévaluée à l’âge de 18 ans
- Les participants qui ont pu venir au centre de recherche ont été évalués par des questionnaires, des pricks tests et une mesure du NO, de façon à explorer les relations entre l’asthme,l’atopie et le FeNO.
– Résultats :
- L’atopie était significativement associée à des taux plus élevés de FeNO
- Cependant, le taux de FeNO chez les asthmatiques non atopiques n’était pas différent de celui du groupe non atopique non asthmatique
- Les taux les plus élevés de FeNO étaient retrouvés chez les sujets à la fois atopiques et asthmatiques
- De plus, les taux de FeNO étaient associés de façon positive avec le poids croissant de l’atopie, comme en témoigne l’augmentation des taux parallèlement à celle de la positivité des tests cutanés, et avec l’augmentation de la sévérité de l’asthme atopique mise en évidence par le nombre d’attaques de sifflements
– Les taux de FeNO et l’utilisation courante des corticoïdes inhalés n’étaient pas associés de façon significative.
– Conclusions :
- Les taux de FeNO apparaissent être un marqueur biologique de l’atopie et du phénotype « asthme allergique » plutôt que de l’asthme lui-même
- Ceci peut expliquer pourquoi les recommandations de traitement de l’asthme basées sur le FeNO sont apparues d’un succès limité quand le statut atopique n’était pas pris en compte.
Cette étude a évalué les relations entre l’asthme, l’atopie et les taux de FeNO dans une cohorte de jeunes adultes de l’Ile de Wight âgés de 18 ans, et qui avaient été recrutés à la naissance en 1989.
L’atopie et l’asthme étaient associés à des taux élevés de FeNO en analyse univariable, mais en tenant compte des différentes interactions, les taux de FeNO étaient plus corrélés à l’atopie qu’à l’asthme.
De plus, le taux de FeNO chez les asthmatiques non atopiques n’était pas différent de celui du groupe non atopique non asthmatique, et les taux les plus élevés étaient retrouvés chez les sujets à la fois atopiques et asthmatiques.
L’utilisation des corticoïdes inhalés n’était pas associée à une modification significative du FeNO quand on ne tenait pas compte de l’atopie. Par contre le tabagisme était négativement associé aux taux de FeNO.
L’atopie est donc un facteur déterminant du FeNO :
– elle est significativement associée à des taux plus élevés chez les atopiques, qu’ils soient asthmatiques ou non
– les sujets non atopiques n’avaient pas de taux de NO différents, qu’ils soient asthmatiques ou pas
– plus l’atopie était importante, plus le NO était élevé
– enfin les taux de NO étaient corrélés à la fréquence des exacerbations de l’asthme, uniquement chez les atopiques.
Ces résultats indiquent que le FeNO est peut-être plus un marqueur biologique de la sévérité de l’inflammation liée à l’atopie, et pas à l’asthme. Ce qui peut signifier qu’un asthme coexistant est un marqueur d’un phénotype atopique plus sévère, qui pourrait rendre compte du phénotype des asthmes atopiques à début précoce décrits dans la littérature, et caractérisés par des taux élevés de NO et d’éosinophiles dans les expectorations.
Ces résultats pourraient expliquer les résultats discordants des études utilisant le FeNO pour évaluer le contrôle de l’asthme et guider le traitement, études où le statut atopique n’est pas pris en compte. Il est plausible qu’en utilisant le FeNO pour adapter le traitement anti-inflammatoire, les patients asthmatiques non atopiques pourraient être sous-traités, et les asthmatiques atopiques symptomatiques sur-traités.
Ainsi, l’utilisation d’une valeur seuil normalisée de positivité, comme proposé dans la littérature, n’est peut-être pas adaptée en pratique ; une alternative pourrait être de déterminer le taux de FeNO basal individuel de chaque patient, à l’état stable de leur asthme, et de modifier leur traitement anti-inflammatoire en fonction des variations du NO par rapport à cette valeur de base.
Cette étude suggère donc que dans le groupe des patients asthmatiques atopiques, il existe un sous-groupe chez qui les taux de FeNO reflètent simplement la présence d’une atopie plus que la sévérité ou le mauvais contrôle de l’asthme. L’importance de l’atopie et le statut tabagique sont aussi des facteurs d’influence.
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