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Allergie au lait de vache, il n’y a pas que les IgE…
mardi 18 mai 2010, par Dr Alain Thillay
Cette étude finlandaise cherche à caractériser les IgA, les IgG, les IgG1 et les IgG4 chez des nourrissons atteints d’une allergie aux protéines de lait de vache IgE dépendante compte tenu de l’alimentation précoce, formulation au lait de vache, hydrolysat poussé ou lait maternel. Outre l’intérêt scientifique, les résultats pourraient déboucher sur la pratique.
Anticorps spécifiques des protéines de lait de vache chez le nourrisson : effet de l’alimentation précoce et diagnostic de l’allergie au lait de vache. : Savilahti EM, Saarinen KM, Savilahti E.
Hospital for Children and Adolescents, University of Helsinki, PO Box 281, 00029, Helsinki, Finland.
dans Eur J Nutr. 2010 Apr 20
– Objectif :
- Déterminer si les IgA, IgG, IgG1 et IgG4 spécifiques des protéines de lait de vache diffèrent entre, d’une part, les nourrissons allergiques au lait de vache, et, d’autre part, les nourrissons présentant des symptômes associés à la prise de lait de vache (sujets témoins), et, si l’alimentation précoce affecte ces réponses ainsi que les IgE spécifiques.
– Méthodes :
- Une cohorte de 6209 nourrissons en bonne santé, nés à terme ont été inclus dans un essai randomisé en double aveugle ; ils recevaient, comme alimentation complémentaire à la maternité (durée moyenne de 4 jours), soit une formulation de lait de vache, soit un hydrolysat poussé de lactosérum ou du lait maternel provenant de donneuses.
- Les nourrissons développant des symptômes associés au lait de vache (n = 223) ont subi un test de provocation orale ouvert au lait d’une vache (âge moyen de 7 mois) qui a confirmé l’allergie chez 111 d’entre eux et était négatif chez 112.
- On a mesuré dans les sera les IgE spécifiques du lait de vache à l’aide de l’UniCAP (Phadia, Uppsala, Suède), et le taux des IgA, IgG1, IgG4 et des IgG spécifiques de la bêta-lactoglobuline et de l’alpha-caséine par dosage immuno-enzymatique.
– Résultats :
- Les nourrissons présentant une allergie IgE dépendante au lait de vache avaient des taux inférieurs d’IgG1, d’IgG4 et d’IgG spécifiques de la bêta-lactoglobuline et de l’alpha-caséine (p <0,05) que les nourrissons ayant une allergie au lait de vache non IgE dépendante ou les sujets témoins.
- Dans le groupe des nourrissons allergiques au lait de vache, l’exposition au lait de vache pendant les premiers jours après la naissance conduit à de plus hauts niveaux d’IgG4 spécifiques de la bêta-lactoglobuline et de l’alpha-caséine (p<0,005) par rapport aux enfants nourris avec du lait maternel ou avec un hydrolysat poussé de lactosérum.
– Conclusion :
- Les réponses des sous-classes des IgG spécifiques des protéines de lait de vache caractérisent l’allergie IgE dépendante au lait de vache.
- Chez les nourrissons qui ont développé une allergie au lait de vache l’exposition précoce au lait de vache a donné lieu à une réponse IgG4 spécifique accrue.
Cette étude finlandaise avait pour but de mieux caractériser, dans une cohorte de nouveau-nés, le profil immunologique sérique spécifique des protéines de lait de vache en fonction de leur devenir allergique à cet aliment compte tenu du type d’alimentation précoce, lait de vache, hydrolysat poussé ou lait maternel.
Il s’agit d’un essai randomisé en double aveugle comptant 6209 nourrissons normaux, nés à terme.
In fine, dans cette cohorte, 111 nourrissons présentaient une allergie au lait de vache prouvée par TPO ouvert.
Parmi ces cent-onze, ceux qui avaient une réaction IgE dépendante aux protéines de lait de vache montraient de façon significative des taux bas d’IgG1, d’IgG4 et d’IgG spécifiques de la bêta-lactoglobuline et de l’alpha-caséine par rapport aux témoins et aux allergiques non à IgE.
Chez les allergiques avérés ceux exposés précocement au lait de vache avaient un plus fort taux d’IgG4 spécifiques de la bêta-lactoglobuline et de l’alpha-caséine comparés à ceux nourris au début avec un hydrolysat poussé ou avec du lait maternel.
Ainsi, ces résultats contribueraient à mieux préciser le profil immunologique des allergiques au lait de vache.
Autre chose, l’élévation des IgG4 spécifiques des protéines de lait déjà citées confirmerait une exposition précoce au lait de vache.
Les IgA sériques ne semblent pas impliquées.
Ces résultats permettraient une meilleure caractérisation de l’allergie IgE dépendante au lait de vache.
Il faudra bien sûr d’autres études pour confirmer.
Par contre, sur le plan pratique cela n’apporte à priori pas plus.
Sauf que cette même équipe finlandaise publie dans le même temps une autre étude qui tend à montrer que la durée de la réactivité clinique dans l’allergie au lait de vache serait associée aux taux des IgG4 et des IgA spécifiques de la bêta-lactoglobuline.
Ainsi, le développement de la tolérance serait associé à une élévation des IgA sériques spécifiques de la bêta-lactoglobuline au moment du diagnostic et une augmentation plus tardive des taux d’IgG4 spécifiques de la bêta-lactoglobuline et de l’alpha-caséine.
On en apprend tous les jours…