Biopuce à pollens. L’avenir ?!

mardi 25 mai 2010 par Dr Alain Thillay1074 visites

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Biopuce à pollens. L’avenir ?!

Biopuce à pollens. L’avenir ?!

mardi 25 mai 2010, par Dr Alain Thillay

Classiquement, la démarche diagnostique d’une maladie allergique IgE dépendante comprend examen clinique, tests cutanés et mesure des IgE spécifiques sériques. Cette équipe américaine a développé une biopuce de protéines allergéniques polliniques. Alors, la biotechnologie est-elle en passe de supplanter le travail de l’allergologue ?

Une biopuce à protéines allergéniques détecte les IgE spécifiques de la surface des pollens, du cytoplasme et d’extraits allergéniques commerciaux. : Vigh-Conrad KA, Conrad DF, Preuss D.

Department of Human Genetics, The University of Chicago, Chicago, Illinois, United States of America.

dans PLoS One. 2010 Apr 16 ;5(4):e10174

 Contexte :

  • Le diagnostic actuel de l’allergie s’effectue au moyen des tests cutanés et des RAST, cette démarche n’est pas bon marché et ne permet pas un criblage à haut débit des patients.
  • En outre, les extraits utilisés dans ces méthodes sont fabriqués à partir de pollens lavés qui manquent de matériaux de surface pouvant contenir des allergènes.

 Méthode :

  • Nous avons cherché à développer un test à haut débit pour mesurer rapidement les IgE spécifiques sériques et pour explorer l’allergénicité relative des différentes fractions polliniques (surface, cytoplasme, extraits commerciaux).
  • Pour ce faire, nous avons généré une puce contenant des protéines de surface, des protéines cytoplasmiques et des extraits commerciaux de 22 espèces de pollen, des extraits commerciaux de 9 allergènes non polliniques et cinq protéines recombinantes allergéniques.
  • La surface des pollens et les fractions cytoplasmiques ont été préparées par extraction dans des solvants organiques et des tampons aqueux, respectivement.
  • Les tableaux ont été incubés avec moins de 25 µL de sérum de 176 sujets ayant des IgE totales sériques élevées (>300 kU/L), ainsi, les IgE ont été détectées par immunofluorescence indirecte, en fournissant une mesure à haut débit des IgE.
  • Quatre-vingt fractions allergéniques provenant de 31 différentes espèces de sources allergéniques ont été ainsi testées.

 Constatations principales :

  • Nous avons montré que la puce est une méthode reproductible pour mesurer les IgE spécifiques dans de petites quantités de sérum.
  • Grâce à cet outil, nous avons démontré que les IgE spécifiques se regroupaient en fonction de la phylogénie de la source de l’allergène.
  • Nous avons également montré que la surface du pollen, qui a été largement ignorée dans le passé, fournie des allergènes puissants.
  • Bien que, en tant que classe, les fractions cytoplasmiques obtenues par notre méthode de pulvérisation/précipitation étaient comparables aux extraits commerciaux, de nombreux allergènes individuels montrent des différences significatives.

 Conclusions :

  • Ces résultats appuient l’hypothèse selon laquelle la technologie des puces de protéines est un outil utile à la fois pour la recherche et pour la clinique.
  • Elle pourrait constituer une alternative plus efficace et moins douloureuse aux traditionnels tests cutanés, ce qui la rendrait économiquement possible afin de comparer la sensibilité aux allergènes de différentes populations, de surveiller les réponses individuelles au fil du temps et de faciliter les études génétiques sur l’allergie pollinique.

Cette étude émane d’une équipe de chercheurs du département de génétique humaine de l’Université de Chicago.

Nous pouvons être sûrs qu’ils sont parfaitement aguerris au maniement des biopuces de toutes sortes.

Ils revendiquent d’emblé que l’intérêt de leur méthode réside dans un coût moindre comparativement aux tests cutanés et au dosage des IgE spécifiques.

Ces auteurs ne devraient pas oublier que le diagnostic en allergologie ne se limite pas à un prélèvement sanguin, il s’agit d’un véritable acte clinique et biologique in vivo.

En outre, ils se comparent sans doute au prix des tests cutanés aux Etats-Unis qui est prohibitif ; je pense que compte tenu du montant des honoraires d’un FGRB003 en France, il n’y a pas photo, nous sommes moins chers.

Je ne suis pas certain que la mise en œuvre d’une biopuce de ce type ne représente pas un coût important aussi, du fait d’études de validation à haut niveau de preuves.

Par contre, l’intérêt me paraît plus grand quant à la représentation en allergènes de surface.

On peut y voir de plus un grand intérêt pour des études de population de grande envergure.

Enfin, vouloir défendre le « produit » en arguant que les tests cutanés sont douloureux, il ne faut pas exagérer.

Bien sûr, cette publication interpelle l’allergologue sur sa pratique.
Va-t-elle être modifiée ?

N’est-ce pas ce qui déjà existe avec l’avènement des IgE spécifiques des composants allergiques qui vont de paire avec les progrès dus à l’allergologie moléculaire ?

Il suffit de se souvenir du temps des « soupes polliniques » utilisées en immunothérapie spécifique du fait d’une multitude de tests cutanés positifs à des pollens divers et variés.

Nous connaissons le phénomène à présent, il s’agit de réactivités croisées entre pollens dues à une IgE réactivité à un panallergène comme la profiline.

De fait, les tests cutanés ne sont plus suffisants pour choisir le mélange afin de constituer un vaccin allergénique hautement spécifique.

Il faut savoir que ce type de biopuce existe déjà chez Phadia avec l’ImmunCAP ISAC qui avec 20 µl de sérum permet d’établir l’IgE réactivité à plus de 100 composants allergéniques provenant de 40 sources allergéniques.

Cet examen biologique n’est pas remboursé par la sécurité sociale.

Si dans les situations simples son recours ne s’impose pas, dans les situations de multiples IgE réactivités cela peut procurer une aide incomparable toutefois à condition d’être capable de l’interpréter.

Tout cela pour conclure, qu’il existe de plus en plus de signes pour dire que l’allergologie change en devenant plus pertinente.
Mais, par ces temps de disette budgétaire ne risque-t-on pas de voir laisser au placard toutes ces belles innovations… ?

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