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7 000 000 € !!! C’est le prix approximatif de 23000 tests « biopuce » en France…
mardi 22 juin 2010, par
Quel allergologue ne s’est jamais demandé comment on devenait allergique, quels étaient les processus intimes de sensibilisation, quelles étaient l’importance et le rôle de tel ou tel allergène ? De tel ou tel facteur, endogène ou exogène ? Pour aborder ces questions, il faut des données épidémiologiques moléculaires : en voilà !...
Enquête transversale sur l’IgE-réactivité chez 23 077 sujets utilisant un microsystème de détection basé sur les molécules allergéniques. : E. Scala 1 , C. Alessandri 1 , M. L. Bernardi 1 , R. Ferrara 1 , P. Palazzo 1 , D. Pomponi 1 , D. Quaratino 1 , C. Rasi 1 , A. Zaffiro 1 , D. Zennaro 1 and A. Mari 1
1 Centre for Clinical and Experimental Allergology, IDI-IRCCS, Rome, Italy
dans Clinical & Experimental Allergy
Volume 40 Issue 6, Pages 911 - 921
– Contexte :
- La disponibilité de molécules allergéniques et de microtechnologies à haut débit permettent la collecte d’un grand nombre de résultats d’IgE en un seul temps et dans un seul test.
- Ceci peut être tout à fait réalisé en diagnostic de routine.
– Objectif :
- L’objectif de cette étude était de faire une évaluation transversale de la prévalence de l’IgE-réactivité pour des molécules allergènes dans des échantillons de sérum provenant d’une cohorte de patients italiens par un outil novateur.
– Méthode :
- L’ISAC, un système de biopuce, a été utilisé pour la détection des IgE spécifiques vis-à-vis de 75 différentes molécules allergéniques.
- Les sérums ont été collectés à partir du 23 077 personnes non sélectionnées consécutivement venues se plaindre d’une maladie allergique quelconque.
– Résultats :
- 16 408 des 23 077 patients avaient des IgE pour au moins une des 75 molécules allergéniques.
- Les molécules les plus fréquemment en cause dans cette cohorte ont été Cup a 1 (42,7%), Der f 2 (38,7%), et Phl p 1 (37,9%), alors que tous les autres allergènes testés se tenaient dans une fourchette comprise entre 36,8% et de 0,04% , y compris l’allergène alimentaire le plus fréquemment en cause, Pru p 3, qui occupe le 15e rang (9,79%).
- La prévalence varie assez fortement en fonction de la tranche d’âge considérée, montrant un comportement différent dans le processus de sensibilisation au cours de la vie.
- L’analyse de classification hiérarchique, sans supervision des deux sens, a montré des modèles distinctifs de réactivité à la suite de la reconnaissance des IgE soit pour des allergènes homologues appartenant à différentes sources biologiques soit pour des allergènes non homologues appartenant à la même source biologique.
– Conclusion :
- Une biopuce basée sur les allergènes est un outil de détection de sensibilisation (d’IgE-réactivité ?) pour des panels d’allergènes et donne une évaluation plus précise et plus complète de données épidémiologiques basées sur les IgE.
- Cet éclairage apporte des données pour mieux comprendre le processus de sensibilisation.
Cette étude Italienne gigantesque (plus de 20000 patients !) menée sous la houlette d’Adriano Mari, le père fondateur du site Allergome, a étudié l’IgE-réactivité de patients non sélectionnés venant consulter en allergologie.
L’abstract fait état des principaux résultats de cette étude :
- 71% des patients présentent une IgE-réactivité décelée par ISAC
- Cup a 1 (42,7%), Der f 2 (38,7%), et Phl p 1 (37,9%)
- Pru p 3, le premier allergène alimentaire occupe le 15e rang (9,79%).
- Le profil d’IgE-réactivité est fonction de l’âge, suggérant une chronologie des processus de sensibilisation.
- Deux types de profils ont pu être mis en évidence : réactivité à des allergènes homologues issus de sources différentes et réactivité à des allergènes non homologues d’une même source.
L’objectif peut paraître modeste : évaluer la prévalence des IgE-réactivités à un panel étendu d’allergènes au moyen d’une biopuce.
La conclusion est nettement plus ambitieuse : comprendre les processus de sensibilisation…
Passer de la « simple » évaluation des prévalences d’IgE-réactivités pour les allergènes testés à la compréhension générale des processus de sensibilisation, c’est vouloir faire un grand pas, peut-être un trop grand pas …
La compréhension des différents statuts allergiques des patients implique bien entendu d’avoir des données précises sur les allergènes concernés et leurs prévalences respectives d’IgE-réactivité, mais ces données ne sont qu’un préalable.
L’analyse statistique des résultats est avant tout conditionnée par les objectifs définis avant la mise en place de l’étude avec, pour chaque objectif « secondaire », des méthodes statistiques adaptées imposant un certain nombre de conditions.
Les résultats exposés sont déjà plus qu’intéressants, mais relativement limités dans la compréhension des processus de sensibilisation : on sait déjà qu’il semble exister plusieurs profils…Mais on ne va guère plus avant, du moins pour le moment…
A-t-on réellement mis en œuvre les moyens nécessaires pour répondre à une question aussi fondamentale ? Répondre à cela implique de savoir quels ont été les objectifs détaillés des auteurs et quelles méthodes ont été utilisées pour répondre à ces questions ?
Ceci impose une lecture approfondie et critique de l’intégralité de l’étude avant de se prononcer… et serait (sera ?) d’une grande utilité dans la réflexion précédant la mise au point d’une étude épidémiologique au niveau moléculaire en France…
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