Allergie au pollen de bouleau : un grand merci aux capteurs vivants !

jeudi 24 juin 2010 par Dr Alain Thillay592 visites

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Allergie au pollen de bouleau : un grand merci aux capteurs vivants !

Allergie au pollen de bouleau : un grand merci aux capteurs vivants !

jeudi 24 juin 2010, par Dr Alain Thillay

L’allergologue praticien s’interroge souvent à propos des discordances entre les comptes polliniques et l’expression symptomatique de ses patients. Ici, justement, cette étude pratiquée à Munich compare les comptes polliniques concernant le bouleau et la quantité de Bet v 1 dans l’air ambiant. Alors concordance ou discordance, ce n’est peut-être pas aussi simple…

Bet v 1 dans les fractions de l’air ambiant dévie par rapport aux comptes polliniques. : J. T. M. Buters 1 , I. Weichenmeier 1 , S. Ochs 1 , G. Pusch 1 , W. Kreyling 2 , A. J. F. Boere 3 , W. Schober 1 & H. Behrendt 1

1 Division of Environmental Dermatology and Allergy, Helmholtz Zentrum München/TUM, ZAUM – Center for Allergy and Environment, Technische Universität München, Munich, Germany ; 2 Institute for Inhalation Biology, Helmholtz Zentrum München, German Research Center for Environmental Health, Neuherberg, Germany ; 3 National Institute for Public Health and the Environment, Centre for Environmental Health Research, Department of Toxic Effects of Air Pollution, Bilthoven, The Netherlands

dans Allergy
Volume 65 Issue 7, Pages 850 - 858

 Contexte :

  • Les preuves font défaut pour soutenir le fait que les comptes polliniques soient représentatifs de l’exposition aux allergènes, de plus, des allergènes ont été retrouvés dans les fractions non polliniques de l’air ambiant.

 Objectif :

  • Nous avons suivi simultanément le pollen de bouleau et son allergène majeur Bet v 1 dans les fractions granulométriques différentes de l’air ambiant à partir de 2004 jusqu’en 2007 à Munich, en Allemagne.

 Méthodes :

  • L’air a été échantillonné à l’aide d’un impacteur en cascade ChemVol ® à haut volume permettant de fractionner les matières particulaires :
    • (PM)> 10 µm,
    • 10 µm> PM> 2,5 µm,
    • et de 2,5 µm> PM> 0,12 µm.
  • L’allergène a été déterminé par test ELISA spécifique de Bet v 1.
  • Les comptes polliniques ont été évalués avec une trappe à pollens, capteur Burkard.
  • Nous avons également mesuré le développement de l’allergène dans le pollen pendant sa maturation.

 Les résultats :

  • Environ 93 ± 3% de Bet v 1 a été mis en évidence dans la fraction de PM> 10 µm, la fraction contenant le pollen du bouleau.
  • Nous n’avons pas retrouvé de Bet v 1 dans la fraction 2,5 µm> PM> 0,12 µm.
  • Pour expliquer cela, soit, à Munich, il n’y avait pas d’allergène présent dans cette fraction ou soit l’allergène avait été absorbé par les particules de diesel qui se déposent aussi dans cette fraction.
  • Le pollen a libéré 115% de plus de Bet v 1 en 2007 qu’en 2004.
  • En outre, dans l’année, la libération d’allergène à partir de la même quantité de pollen peut varier de plus de 10 fois d’un jour à l’autre.
  • Cette différence s’explique par une augmentation rapide de l’expression de Bet v 1 dans le pollen dans la semaine précédant juste la pollinisation.
  • La puissance du pollen varie selon le jour de sa libération lors de la phase de maturation.

 Conclusion :

  • Globalement, les comptes polliniques et les mesures de l’allergène Bet v 1 dans l’air ambiant suivent les mêmes tendances temporelles.
  • Toutefois, du fait qu’une différence de 10 fois de la puissance allergénique du pollen de bouleau puisse exister, les symptômes sont difficiles à corréler à la quantité de pollen, cette corrélation le serait probablement mieux avec l’exposition à Bet v 1.

Voici une étude qui m’a réjoui et vous verrez pourquoi un peu plus loin.

A Munich, sur une période de 3 ans, de trois printemps pour être plus précis, d’une part, les auteurs ont pratiqué des comptes polliniques de façon classique avec un capteur de Burkard, et, d’autre part, ont mesuré la quantité de Bet v 1 dans l’air ambiant échantillonné grâce à un impacteur de particules en cascade en trois fraction selon leur taille.

Normalement, nous pourrions nous attendre à une parfaite concordance entre comptes polliniques et mesures de Bet v 1 dans l’air ambiant.

Mais voilà, ce n’est pas si simple.

Si, environ 93% de Bet v 1 sont détectés dans la strate supérieure PM> 10 µm, par contre, pas de cet allergène dans la strate inférieure 2,5 µm> PM> 0,12 µm.

Ce qui signifierait que Bet v 1 « accompagne » le pollen de bouleau dont la taille est d’environ 25 µm et qu’il n’existerait pas à l’état libre dans la strate des particules plus légères ce que sa taille autoriserait.

Autre possibilité, Bet v 1 n’est pas détecté avec les particules légères car absorbées par les particules de diesel ou bien moins probable que Bet v 1 n’y existerait pas.

Par ailleurs, fait notable et très intéressant, la quantité de Bet v 1 peut varier de plus de 10 fois d’un jour à l’autre à partir de la même quantité de pollens car l’expression de cet allergène serait fonction du degré de maturité du grain de pollen.

Les auteurs de conclure que, si certes, comptes polliniques et mesure de Bet v 1 sont dans la même tendance, la variabilité de l’expression de cette molécule allergénique rendra souvent mauvaise la corrélation entre symptômes allergiques et quantités de pollens.

Et c’est là, in fine, que je voulais en venir, les comptes polliniques en pratique courante ne sont pas aussi fiables que cela.

J’ai écrit nombres de bulletins polliniques sur plus de dix ans pour une chaine de télévision.

J’ai remarqué que j’étais plus dans la vérité pour les rédiger, non pas en suivant les comptes polliniques, mais en faisant deux choses, lire avec attention les prévisions météorologiques tout en jetant un œil averti sur la végétation et noter l’augmentation de la fréquentation de mon cabinet par les patients monosensibilisés par exemple au pollen de bouleau qui consultaient pour traiter la symptomatologie allergique d’apparition récente.

Ainsi, cette attitude correspond bien aux conclusions de l’étude, attention à la maturation pollinique, attention au taux de Bet v 1 dans l’air ambiant.

Nous le savons les allergiques au pollen de bouleau réagissent dans la grande majorité des cas à Bet v 1, ces patients sont donc les capteurs vivants idéaux à cette molécule ; et cela ne coûte pas un sou !

Il serait intéressant de rééditer cette étude avec les mêmes technologies et en y ajoutant la prévalence des manifestations allergiques chez des patients sélectionnés soigneusement quant à leur mono-IgE réactivité à Bet v 1.

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