Allergie au bouleau : encore une histoire de « Bet » !

mercredi 10 novembre 2010 par Dr Alain Thillay7464 visites

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Allergie au bouleau : encore une histoire de « Bet » !

Allergie au bouleau : encore une histoire de « Bet » !

mercredi 10 novembre 2010, par Dr Alain Thillay

Détection des IgE spécifiques de Bet v 1, Bet v 2 et Bet v 4 dans les sera d’enfants et d’adultes allergiques au pollen de bouleau : évaluation de différents profils réactifs en fonction de l’âge et des sensibilisations locales. : A. Sekerkováa, M. Poláčkováb

aInstitute of Clinical and Experimental Medicine, and
bFaculty Hospital Bulovka, Prague, Czech Republic

dans Int Arch Allergy Immunol 2011 ;154:278-285 (DOI : 10.1159/000321819)

 Contexte :

  • Le pollen de bouleau compte parmi les allergènes saisonniers principaux en Europe.
  • Nos connaissances en progrès rapide concernant les molécules allergéniques nous permettent de mieux reconnaître les différences individuelles en fonction de la réactivité des IgE spécifiques des patients et des populations allergiques vivant dans diverses régions du monde.

 Méthode :

  • Dans un groupe de patients allergiques au pollen de bouleau résidant en République Tchèque (107 enfants, 71 adultes), nous avons recherché la présence des IgE spécifiques de Bet v1, Bet v2 et Bet v4.

 Résultats :

  • Les IgE spécifiques de Bet v 1 ont été identifiées chez la plupart des patients sans aucune différence significative entre les enfants et les adultes.
  • La positivité à Bet v2 a été retrouvée plus fréquemment dans le groupe des enfants que dans celui des adultes (p = 0,02).
  • Chez la plupart des adultes, la monospécificité à Bet v 1 était plus exprimée par rapport au groupe pédiatrique.
  • Plus de sujets allergiques ont réagi à l’encontre des allergènes mineurs dans le groupe pédiatrique (p = 0,02).
  • Les IgE spécifiques de Bet v1 n’ont pas été détectés chez 10% des patients testés. -*Dans ce groupe, 5% des patients allergiques au pollen de bouleau n’avaient pas d’IgE spécifiques des allergènes recombinants testés.

 Conclusion :

  • Cette enquête concernant les IgE spécifiques de Bet v1, Bet v2 et Bet v4 montre que la spécificité de la production des IgE chez des individus allergiques au pollen de bouleau est tributaire non seulement de la région dans laquelle vit le patient mais aussi de son âge.
  • Surtout chez l’enfant, il existe un nombre important de sujets allergiques qui ne réagissent pas exclusivement à l’allergène majeur.
  • La question est de savoir si certaines IgE spécifiques disparaissent en fonction de l’âge ou au contraire si leur synthèse augmentera.

Le bouleau est très répandu en Europe de Nord du fait de son acceptation des sols pauvres et de sa grande résistance au froid. A noter que cet arbre s’est très bien adapté à la France où il est très utilisé à titre ornemental dans les espaces verts et les jardins.

Les progrès en allergologie moléculaire nous permettent de connaître la grande majorité des protéines allergéniques du pollen de bouleau dont celles évaluées dans cette étude.

Bet v 1 est considéré comme l’allergène « majeur » du pollen du bouleau, il s’agit d’une protéine PR-10, protéine de stress du règne végétal, thermolabile, et responsable de la fameuse réactivité croisée avec les Rosacées, noisettes, Apiacées, kiwi, soja..

Bet v 2 est une profiline, panallergène qui a la réputation d’être peu impliqué dans la clinique, mais cela semble discutable, nous le verrons plus avant.

Bet v 4 est une polcalcine, panallergène responsable d’une poly-IgE-réactivité sans pertinence clinique à priori.

A noter qu’il n’existe pas de LTP dans le pollen de bouleau.

Pour résumer que dit cette étude ?

D’abord, que l’IgE-réactivité spécifique de Bet v 1 est retrouvée chez la plupart des patients allergiques au pollen de bouleau, quel que soit l’âge, confortant sa qualification d’allergène dit majeur selon la définition habituelle, bien entendu, dans cet échantillon de population tchèque.

Par contre, la mono-IgE-réactivité à Bet v 1 est l’apanage du groupe des adultes, alors même que dans le groupe pédiatrique, les auteurs ont retrouvé plus de réactivité pour Bet v 2 et Bet v 4.

Fait intéressant, dans cette population tchèque, tous âges confondus, tous allergiques au pollen de bouleau, Bet v 1 est négatif chez 10 % d’entre eux, et, parmi ceux-ci, 5 % n’étaient réactifs à aucun allergène.

Ce travail confirme donc des études antérieures, il y aurait une évolution de l’IgE réactivité aux allergènes du pollen de bouleau en fonction de l’âge.

Pour faire simple, nous commencerions par être poly-réactifs pour devenir mono-réactifs à Bet v 1 à l’âge adulte.

Bien sûr, comme l’annoncent les auteurs, il faudrait suivre l’évolutivité de cette IgE réactivité en fonction de l’âge.

Il reste à savoir si Bet v 2, la profiline, est susceptible de provoquer des signes cliniques.

Des études antérieures ont montré que des patients cliniquement allergiques au pollen de bouleau avaient un Bet v 2 positif tout en ayant un Bet v 1 négatif.

En outre, il semble bien que Bet v 4, la polcalcine reflète plutôt une poly-réactivité pollinique qu’une allergie vraie.

Nous le voyons, grâce à l’allergologie moléculaire, il faut prendre en compte l’environnement du patient, -vit-il au nord au sud de l’Europe, par exemple ?- mais aussi l’évolutivité de son IgE-réactivité en fonction de l’âge.

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