Mieux vaut avoir envie de fraises que de cacahuètes pendant la grossesse…

mardi 23 novembre 2010 par Dr Geneviève DEMONET953 visites

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Mieux vaut avoir envie de fraises que de cacahuètes pendant la grossesse…

Mieux vaut avoir envie de fraises que de cacahuètes pendant la grossesse…

mardi 23 novembre 2010, par Dr Geneviève DEMONET

La consommation maternelle d’arachide durant la grossesse est associée à une sensibilisation à l’arachide chez les enfants atopiques : # Scott H. Sicherer, MD , Robert A. Wood, MD
, Donald Stablein, PhD , Robert Lindblad, MD , A. Wesley Burks, MD , Andrew H. Liu, MD , Stacie M. Jones, MD, David M. Fleischer, MD, Donald Y.M. Leung, MD, PhD, Hugh A. Sampson, MD

dans JACI doi:10.1016/j.jaci.2010.08.036

 Contexte :

  • L’allergie à l’arachide est typiquement sévère, dure toute la vie et a une forte prévalence.

 Objectifs :

  • Identifier les facteurs associés à la sensibilisation à l’arachide.

 Méthodes :

  • Nous avons évalué 503 nourrissons âgés de 3 à 15 mois (moyenne de 9,4 mois) ayant une allergie au lait ou à l’œuf probable mais n’ayant jamais eu de diagnostic préalable d’allergie à l’arachide.
  • Trois cent huit enfants au total avaient eu une réaction allergique immédiate au lait de vache et/ou à l’œuf et 204 avaient une dermatite atopique modéréé à sévère et un test d’allergie positif au lait et/ou à l’œuf.
  • Un taux d’IgE spécifique ≥ 5 kUA/L a été considéré comme un indicateur d’une allergie à l’arachide probable.

 Résultats :

  • Un total de 140 nourrissons (27,8%) avait des taux d’IgE spécifiques ≥ 5 kUA/L.
  • L’analyse multivariée incluant les variables cliniques, biologiques et démographiques a montré que la consommation fréquente d’arachide pendant la grossesse (odds ratio, 2,9 ; IC 95%, 1,7-4,9 ; P < 0,001), des taux d’IgE pour le lait (P = 0,001) et l’oeuf (P < 0,001), le sexe masculin (P = 0,02), une origine ethnique autre que caucasienne (P = 0,02) étaient les facteurs primaires associés à des taux d’IgE pour l’arachide >5 kUA/L.
  • On a montré une association dose-réponse entre la fréquence de la consommation d’arachide pendant la grossesse, l’allaitement maternel et des IgE spécifiques de l’arachide >5 kUA/L mais seule la consommation durant la grossesse était un facteur prédictif significatif.
  • Parmi les 71 nourrissons jamais allaités, la consommation fréquente d’arachide durant la grossesse était fortement associée avec des IgE spécifiques de l’arachide >5 kUA/L (odds ratio, 4,99, IC 95%, 1,69-14,74 ; P < 0,004).

 Conclusion :

  • Dans cette cohorte de nourrissons ayant une probable allergie au lait ou à l’œuf, l’ingestion maternelle d’arachide pendant la grossesse était fortement associée à un taux élevé de sensibilisation à l’arachide.

Les régimes d’éviction allergénique pendant la grossesse et l’allaitement maternel ont eu leur heure de gloire dans un passé qu’on pensait révolu. Ils vont peut-être refaire surface à la suite de la publication d’un travail sur la relation entre consommation de cacahuètes pendant la grossesse et sensibilisation du nourrisson à l’arachide.

Cette étude a été menée aux Etats-Unis sur 503 nourrissons atopiques âgés de 3 à 15 mois qui étaient allergiques probables à l’œuf et/ou au lait de vache ou présentaient une dermatite atopique modérée à sévère avec sensibilisation au lait et/ou à l’œuf. Des prick-tests cutanés et un dosage d’IgE spécifiques ont été réalisés chez ces enfants. Une sensibilisation à l’arachide a été considérée comme significative à partir d’un taux de 5 kUA/L.

Aucun enfant déjà connu pour être sensibilisé à l’arachide n’a été inclus dans ce travail.

On a évalué la consommation en arachide de la mère pendant le dernier trimestre de la grossesse (éviction, moins de 2 fois par semaine, plus de 2 fois par semaine mais moins d’une fois par jour ou consommation quotidienne).

La consommation d’arachide pendant la grossesse mais aussi l’origine ethnique (surtout asiatique) et le sexe masculin se sont avérés être des facteurs associés à des taux d’IgE ≥ 5 kUA/L pour l’arachide par analyse multivariée.

Aucune association n’a été mise en évidence entre le fait d’avoir un taux d’IgE ≥ 5 kUA/L, l’âge de l’enfant au moment de l’entrée dans l’étude, l’âge de la diversification alimentaire, l’atopie familiale, l’allaitement maternel, la prise d’antibiotiques.

Par contre les taux d’IgE spécifiques de l’arachide étaient hautement corrélés avec ceux de l’œuf et du lait.

Pour éliminer le rôle de la consommation d’arachide lors de l’allaitement, un sous-groupe d’enfants n’ayant pas été allaités ou dont la mère ne consommait pas d’arachide a été examiné : la fréquence de la consommation d’arachide durant la grossesse était fortement corrélée avec la sensibilisation à l’arachide chez le nourrisson.

De la même façon, la consommation fréquente d’œufs pendant le dernier trimestre de la grossesse était significativement associée avec des taux d’IgE spécifiques ≥ 2 kUA/L chez le nourrisson.

Par contre, l’exposition à l’arachide dans la maison ne s’est pas avérée être un facteur prédictif d’IgE spécifiques.

Les études se suivent et sont souvent discordantes. Il s’agit ici d’enfants atopiques et de sensibilisation. Attendons la suite avant de faire la révolution…

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