« Garçon, pour moi, ce sera pâtes au beurre, sans arachide ni noisette, s’il vous plait »

vendredi 28 janvier 2011 par Dr Céline Palussière1235 visites

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« Garçon, pour moi, ce sera pâtes au beurre, sans arachide ni noisette, s’il vous plait »

« Garçon, pour moi, ce sera pâtes au beurre, sans arachide ni noisette, s’il vous plait »

vendredi 28 janvier 2011, par Dr Céline Palussière

Le défi de manger dehors pour les consommateurs allergiques aux fruits à coque : 1. J. Leftwich1,
2. J. Barnett2,
3. K. Muncer1,
4. R. Shepherd1,
5. M. M. Raats1,
6. M. Hazel Gowland3,
7. J. S. Lucas4

dans Clinical & Experimental Allergy
Volume 41, Issue 2, pages 243–249, February 2011

 Contexte :

  • Pour les individus allergiques aux fruits à coque, l’éviction des allergènes est un défi particulier dans les situations où ils ne préparent pas eux mêmes leur propre repas.
  • De nombreuses réactions allergiques ont lieu lors de repas pris en dehors du domicile.

 Objectifs :

  • Identifier et explorer les défis affrontés par les individus allergiques aux fruits à coque (FAC) lorsqu’ils mangent au restaurant et autres lieux de restauration.

 Méthodes :

  • Une étude basée sur un questionnaire qualitatif a été mené chez 32 adultes ayant une histoire clinique d’allergie à l’arachide et/ou aux FAC.

 Résultats :

  • Les principales stratégies adoptées par les participants, pour gérer le risque de réaction allergique lorsqu’ils mangent hors du domicile, étaient l’éviction et la communication.
  • Ils évitaient certains types de restaurants, certains plats ou des aliments particuliers.
  • Rechercher une familiarité était une stratégie clé, permettant aux allergiques aux FAC de réduire l’incertitude et l’anxiété.
  • Les différences de langue étaient la principale barrière pour une communication de confiance au sujet du contenu du repas.
  • Le besoin de vérifier si la nourriture proposée pouvait contenir des FAC était une source d’embarras social pour certains participants et parfois le désir d’éviter ceci conduisait à une prise de risque augmentée.
  • Certains n’ont pas révélé leur allergie au personnel du restaurant par crainte d’une réaction de crainte qui aurait pu contraindre plus tard leur choix de nourriture.
  • Les allergiques aux FAC devaient souvent planifier où manger dehors.
  • La perte conséquente de spontanéité était source de regrets pour certains.

 Conclusion et Relevance clinique :

  • Les modèles de communication pour les adultes allergiques aux FAC sont souvent basés sur des légitimes considérations sociales quotidiennes autour de l’embarras, du choix et de la spontanéité.
  • Des stratégies d’éducation et de formation sont nécessaires afin de reconnaître et prendre ceci en compte.
  • Se centrer sur les déficits en communication des allergiques aux FAC pourrait ne pas les aider ; la responsabilité en sécurité alimentaire doit être partagée avec l’industrie alimentaire.

Faire un œdème de Quincke ou un choc anaphylactique au restaurant n’est pas une perspective très engageante. C’est pourtant un risque réel pour les personnes allergiques à l’arachide ou aux fruits à coque.

Cet article étudie les stratégies mises en place par ces patients pour éviter les réactions allergiques au cours de repas pris en dehors du domicile. Où l’on voit que pour certains, un bon petit resto n’est pas synonyme de détente...

Trente deux adultes allergiques aux FAC ou à l’arachide ont ainsi répondu à un questionnaire évaluant les précautions prises au moment du choix de l’établissement et des plats, et sur la communication autour de leurs allergies.

Les personnes interrogées ont rapporté une perte de spontanéité dans le choix des restaurants, qui était planifié à l’avance le plus souvent. L’éviction était ensuite bien sûr effectuée au moment de la commande des plats.

Le deuxième axe stratégique reposait sur la communication avec le personnel du restaurant. Cette précaution, qui peut paraître indispensable, était mal vécue par les individus interrogés, source d’embarras. Ceux-ci évitaient donc parfois de révéler leurs allergies.

Cette étude a donc le mérite de se pencher sur des données peu mesurables mais bien réelles : l’impact des allergies alimentaires sur la qualité de vie. Le danger couru par les patients allergiques aux FAC en cas d’ingestion accidentelle est le plus souvent source d’anxiété et d’embarras lorsqu’il s’agit de manger hors du domicile. Ces allergènes masqués sont ainsi plus fréquemment responsables d’accident en dehors du domicile.

L’allergologue a ici un rôle clé à jouer. Il s’agit de définir très précisément les aliments concernés, afin d’éviter les évictions larges « de principe », source d’une altération importante de la qualité de vie.

L’allergologie moléculaire permet aussi dans certains cas de préciser le risque encouru en cas d’ingestion accidentelle, en fonction du profil de réactivité sérique.

L’idéal serait enfin de pouvoir définir les seuils réactogènes, permettant éventuellement la consommation de traces d’allergènes pour certains, et du même coup un assouplissement dans le régime d’éviction. Ceci reste toutefois bien difficile à déterminer, puisque cette démarche nécessite des TPO.

Quoi qu’il en soit, la connaissance de cet impact sur la qualité de vie pour les patients allergiques aux FAC encourage l’allergologue à préciser son diagnostic et à communiquer sur les conséquences dans la vie quotidienne. Elle encourage aussi les restaurateurs être vigilants vis à vis des produits utilisés en cuisine, et à ne pas stigmatiser ces clients...

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