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Voir PARIS et tout comprendre de la rhinite allergique du nourrisson !
jeudi 10 février 2011, par
La rhinite allergique existe-t-elle chez l’enfant ? Constatations provenant de la cohorte de naissance PARIS. : Herr, M., Clarisse, B., Nikasinovic, L., Foucault, C., Le Marec, A.-M., Giordanella, J.-P., Just, J. and Momas, I. (2011),
Does allergic rhinitis exist in infancy ? Findings from the PARIS birth cohort.
dans Allergy, 66 : 214–221. doi : 10.1111/j.1398-9995.2010.02467.x
– Contexte :
- L’apparition précoce de la rhinite allergique (RA) est mal décrite, de plus, les symptômes de rhinite sont souvent attribués à des infections.
- Cette étude analyse les relations entre les symptômes apparentés à la rhinite et l’atopie dans l’enfance dans la cohorte de naissance PARIS (Pollution and Asthme Risk : an Infant Study).
– Méthodes :
- Les données sur les symptômes de type RA (nez qui coule, nez bouché, éternuements en dehors d’un rhume) ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire standardisé pratiqué lors de l’examen de santé à l’âge de 18 mois inclus dans le suivi de la cohorte de naissance PARIS.
- Les antécédents allergiques des parents et les marqueurs sanguins de l’atopie chez l’enfant (éosinophilie sanguine ≥ 470 éosinophiles/mm3, IgE totales sériques ≥ 45 U/ml et la présence d’IgE spécifiques) ont été évalués.
- Les associations ont été étudiées en utilisant des modèles de régression logistique ajustés pour les facteurs confondants potentiels.
– Résultats :
- La prévalence des symptômes de type RA durant l’année passée était de 9,1% des 1850 nourrissons de la cohorte étudiée.
- Les symptômes de type rhinite allergique et une toux sèche en dehors d’un rhume étaient fréquemment présents en tant que comorbidité.
- Les antécédents de RA chez les deux parents a augmenté le risque de souffrir de symptômes de type RA avec un OR 2,09 (P=0,036).
- Des associations significatives ont été trouvées avec la présence simultanée des marqueurs biologiques de l’atopie, notamment l’hyperéosinophilie sanguine et la sensibilisation aux acariens (OR 1,54, P=0,046 et OR 2,91, P=0,042) alors qu’il n’y avait aucun rapport avec la sensibilisation aux aliments.
– Conclusions :
- Ces résultats soutiennent l’hypothèse que la RA pourrait commencer dès 18 mois.
- La suspicion de rhinite allergique devrait être renforcée chez les nourrissons ayant des antécédents familiaux de rhinite allergique ou des preuves biologiques d’atopie, notamment une hyperéosinophilie sanguine et des sensibilisations aux aéroallergènes.
Voilà une étude française qui, je pense, ne laissera pas un seul allergologue indifférent. Elle apporte des éléments de réponse concernant la prévalence de la rhinite allergique chez les nourrissons, rhinite allergique qui n’est pas toujours évoquée du fait d’une symptomatologie similaire à celle des rhinites infectieuses tellement banales dans cette tranche d’âge.
Il s’agit d’une étude française qui reprend les données de la cohorte de naissance PARIS.
Le département Santé de la mairie de Paris et l’Université Paris Descartes sont à l’initiative de cette étude.
Le but est d’apprécier la relation entre la santé respiratoire, les allergies, les facteurs comportementaux et environnementaux.
Les 4000 nouveau-nés ont été recrutés en post-partum dans cinq maternités parisiennes, entre février 2003 et juin 2006.
Les enfants sont suivis de la naissance jusqu’à leur septième anniversaire.
Des auto-questionnaires sont réalisés à 1, 3, 6, 9, 12, 18, 24 mois et à 3, 4, 5, 6 et 7 ans.
En outre, ils subissent à 18 mois et 7 ans un examen surtout orienté vers la recherche d’un asthme.
L’évaluation de l’exposition aux polluants atmosphériques est pratiquée à partir des données d’AIRPARIF.
Une évaluation de l’environnement domestique a aussi été réalisée.
Les auteurs ont repris les données de l’examen de 18 mois sur 1850 nourrissons de la cohorte PARIS ; ils ont pu aussi étudier les résultats des auto-questionnaires réalisés antérieurement.
L’auto-questionnaire des 18 mois recherchait des signes de rhinite allergique.
Pour cela, ils retenaient les signes évoquant la RA (rhinorrhée, obstruction nasale et éternuements en dehors du contexte d’un rhume banal) ce qui représentait une prévalence de 9,1% de ces symptômes.
Dans cette occurrence, la toux sèche est souvent associée.
De façon significative, si les deux parents ont des antécédents de RA, le risque est plus grand de voir les nourrissons souffrir de signes de type RA.
De même, association significative entre hyperéosinophilie et/ou présence d’IgE spécifiques sériques des acariens domestiques et signes de type RA.
Ce travail suggère fortement que la rhinite allergique existe dès le stade nourrisson.
Nous avons eu l’habitude d’entendre ou de lire que la marche de l’allergie se faisait d’abord par la dermatite atopique, puis l’asthme et enfin la rhinite.
Nous pouvions à juste titre, d’un point de vue de la logique physiologique, nous demander pourquoi cet avant-poste de l’arbre respiratoire qu’est le nez aurait été épargné en premier lieu.
Mais en fait, cela tous les allergologues le savent depuis longtemps, attentifs qu’ils sont à l’état de santé de la progéniture des jeunes adultes allergiques qu’ils traitent, attentifs qu’ils sont lorsqu’ils explorent un nourrisson atteint de rhinopharyngites itératives.
Ils peuvent ainsi prescrire les mesures d’éviction et le traitement spécifique adaptés.
Ils pourront ensuite engager dès l’âge requis une immunothérapie spécifique afin d’éviter de voir l’enfant s’engager dans la maladie asthmatique ou de l’aggraver si déjà présente, d’éviter de voir se multiplier les IgE-réactivités.
Cette étude va donc fortement conforter l’allergologue averti dans ce rôle de prévention de l’aggravation de la maladie allergique de ses petits patients.
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