Claudine, je t’ai dans la peau

vendredi 11 février 2011 par Dr Céline Palussière851 visites

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Claudine, je t’ai dans la peau

Claudine, je t’ai dans la peau

vendredi 11 février 2011, par Dr Céline Palussière

Défaut de jonction étroite chez les patients souffrant de dermatite atopique. : Anna De Benedetto, Nicholas M. Rafaels, Laura Y. McGirt, Andrei I. Ivanov, Steve N. Georas, Chris Cheadle, Alan E. Berger, Kunzhong Zhang, Sadasivan Vidyasagar, Takeshi Yoshida, Mark Boguniewicz, Tissa Hata, Lynda C. Schneider, Jon M. Hanifin, Richard L. Gallo, Natalija Novak, Stephan Weidinger, Terri H. Beaty, Donald Y.M. Leung, Kathleen C. Barnes, Lisa A. Beck

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - 16 December 2010 (10.1016/j.jaci.2010.10.018)

 Contexte :

  • La dermatite atopique (DA) est caractérisée par une peau sèche et une réponse immune excessive aux allergènes, deux principales caractéristiques causées notamment par des défauts de la barrière épidermique.
  • Les jonctions étroites (JE) se situent immédiatement au dessous du stratum corneum et régulent la perméabilité sélective de la voie paracellulaire.

 Objectif :

  • Nous avons évalué l’expression et la fonction de la protéine claudine JE-1 dans l’épithélium de sujets atteints de DA et de sujets non atopiques, et examiné deux populations américaines pour les polymorphismes d’un seul nucléotide dans le gène de claudine-1(CLDN1).

 Méthodes :

  • Les profils d’expression étaient générés avec la puce Illumina BeadChip sur un épithélium non lésionnel de patients souffrant d’une DA extrinsèque, de sujets non atopiques, et de patient ayant un psoriasis.
  • Les protéines intercellulaires anormales étaient contrôlées au moyen d’une coloration de tissus et de PCR quantitative.
  • Les propriétés bioélectriques de l’épithélium ont été mesurées dans des chambres de Ussing.
  • La pertinence fonctionnelle de la claudine-1 a été évaluée en utilisant une technique de précipitation sur des kératinocytes primaires humains.
  • Vingt-sept marqueurs haplotypes SNP dans CLDN1 ont été examinés dans 2 populations indépendantes avec DA.

 Résultats :

  • Nous avons observé une forte diminution de l’expression de la protéine de JE claudine-1 et claudine-23 uniquement chez les patients ayant une DA, qui était validée par les niveaux d’ARNm et de protéines.
  • L’expression de claudine-1 était inversement corrélée aux biomarqueurs Th2.
  • Nous avons observé une altération nette de la fonction barrière bioélectrique des épidermes atteints de DA.
  • In vitro, nous avons confirmé que l’inhibition de l’expression de claudine-1 dans les kératinocytes humains altère la fonction JE, tout en favorisant la prolifération des kératinocytes.
  • Enfin, le marquage SNP des haplotypes de CLDN1 a révélé des associations avec des DA dans les deux populations nord-américaines.

 Conclusion :

  • Collectivement, ces données suggèrent qu’un défaut des jonctions étroites contribue à une dysfonction de la barrière et à la dérégulation immune observée chez les sujets atteints de DA et ceci pourrait être lié en partie à une réduction en claudine-1.

Après la filaggrine, voici la claudine, dans les acteurs possibles de la dermatite atopique. Cette protéine est localisée au niveau des jonctions étroites unissant les kératinocytes.

Cette étude vise à établir le lien entre un défaut quantitatif ou fonctionnel en cette protéine et des lésions de type atopique, ainsi que les anomalies génétiques associées.

Les auteurs ont étudié des échantillons épithéliaux de sujets atteints ou non de dermatite atopique et de contrôles souffrant de psoriasis. Une étude quantitative et fonctionnelle de la claudine était réalisée.

Une diminution de l’expression de la protéine claudine était observée uniquement chez les personnes atopiques. Cette carence était associée à un profil cytokinique de type Th2.

Ces anomalies quantitatives étaient associées à une perturbation de la fonction de barrière de l’épiderme, avec une augmentation de sa perméabilité.

Au niveau génétique, le gène codant pour la claudine n’est pas exactement identifié mais localisé sur un haplotype, pour les populations nord américaines étudiées.

Ces travaux permettent de compléter les approches physiopathologiques de la dermatite atopique. La filaggrine est une protéine permettant l’arrangement de filaments de kératine. La dermatite atopique pourrait aussi être due à un défaut de cohésion des cellules entre elles.

Le rôle direct des kératinocytes est de mieux en mieux connu dans la physiopathologie de la dermatite atopique, notamment grâce à l’identification des cytokines produites. Il s’agit ici de leur rôle structurel de barrière physique qui peut être atteint par ce défaut en claudine.

Décidément, les acteurs sont nombreux, les manifestations variées, l’évolution capricieuse... La dermatite atopique, c’est compliqué ! Et l’allergologie, oui, c’est difficile...

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