Allergie alimentaire : mais que fait la barrière intestinale ?!

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Allergie alimentaire : mais que fait la barrière intestinale ?!

Allergie alimentaire : mais que fait la barrière intestinale ?!

vendredi 6 mai 2011, par Dr Alain Thillay

Les allergènes ingérés doivent être absorbés systémiquement pour induire une réaction anaphylactique systémique. : Richard T. Strait, Ashley Mahler, Simon Hogan, Marat Khodoun, Akira Shibuya, Fred D. Finkelman

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - April 2011 (Vol. 127, Issue 4, Pages 982-989.e1, DOI : 10.1016/j.jaci.2011.01.034)

 Contexte :

  • L’allergie alimentaire IgE-dépendante est une cause fréquente de maladies entériques et est responsable d’environ 100 décès par anaphylaxie systémique aux États-Unis, chaque année.
  • Les IgG peuvent protéger à l’encontre des IgE dans le cadre de l’anaphylaxie systémique induite par les antigènes injectés par neutralisation des antigènes avant que ceux-ci puissent se lier aux IgE associées aux cellules mastocytaires.

 Objectif :

  • Nous avons cherché à savoir si les IgA et IgG avaient la capacité de protéger de façon similaire de l’anaphylaxie IgE induite par des antigènes ingérés et, le cas échéant, si ces IgA et IgG protégeaient en neutralisant les antigènes avant ou après leur absorption systémique.

 Méthodes :

  • Des modèles murins d’anaphylaxie active ou passive ont été utilisés pour étudier la capacité du sérum comparativement aux IgA luminales et aux IgG sériques à inhiber l’anaphylaxie systémique induite par des allergènes ingérés chez des souris normales, des souris déficientes dans la capacité de sécréter les IgA intestinales, et, des souris, chez qui la surexpression de l’IL-9 intestinale a induit une mastocytose et une augmentation de la perméabilité intestinales.

 Résultats :

  • L’anaphylaxie systémique IgE dépendante et la dégranulation des mastocytes induites par l’ingestion d’antigènes ont été supprimées, à la fois, par les IgA et par les IgG sériques spécifiques de l’antigène, mais pas par les IgA présentes dans la lumière intestinale.

 Conclusion :

  • Les anticorps systémique plutôt qu’entériques protègent contre l’anaphylaxie systémique induite par l’antigène ingéré.
  • Cela implique que les antigènes ingérés doivent être absorbés par voie systémique pour induire l’anaphylaxie et suggère que les protocoles de vaccination qui augmentent les niveaux sériques des anticorps spécifiques de l’antigène non-IgE devraient pouvoir entraîner une protection vis-à-vis des allergies alimentaires graves.

Dans le domaine de l’allergie alimentaire IgE dépendante, on peut se demander où commence la réaction en cas d’anaphylaxie systémique, dès la présence de l’allergène dans la lumière intestinale, ou bien, seulement lorsque celui-ci a passé la barrière intestinale.

Alors, quel serait le rôle des anticorps dits bloquants, IgA et IgG, au niveau endoluminal et au niveau systémique ?

C’est l’objectif que se sont donné ces auteurs américano-japonais.

Les auteurs ont eu recours à des modèles murins d’anaphylaxie active et passive déjà validés pour ce genre d’études.

Le but est de connaître le rôle des IgA et des IgG, sériques, d’une part, et, endoluminales, d’autre part.

Pour bien cerner ces réactivités potentielles, les modèles murins utilisés sont au nombre de trois, des souris normales, des souris déficientes en IgA sécrétoires et des souris qui surexpriment l’IL-9 ayant pour conséquence mastocytose et augmentation de la perméabilité intestinales.

Les résultats sont clairs, en cas d’anaphylaxie systémique la protection semble venir des IgA et IgG sériques mais pas des IgA endoluminales.

Bien sûr, ce travail n’augure en rien de la responsabilité des mastocytes muqueux et séreux présents au niveau de la barrière intestinale, ni de celui d’une diminution de l’activité des IgA sécrétoires dans le cas de l’allergie digestive ou d’expression digestive.

Dans la conclusion, les auteurs évoquent le fait que l’immunothérapie spécifique des trophallergènes trouve sans doute là un argument positif en augmentant les anticorps bloquants sériques.

Ce qui serait pour eux un gage d’efficacité, toutefois, il ne faut pas oublier que l’immunothérapie spécifique n’agit pas seulement par les anticorps bloquant mais par un rééquilibrage de la balance TH1/TH2 via l’activation des lymphocytes T régulateurs.

Ce travail va dans le sens d’un intérêt de l’immunothérapie spécifique des trophallergènes.

Pour s’en convaincre, il suffit de constater le nombre important de publications concernant ce sujet lors du dernier congrès de l’AAAAI à San Francisco.

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