Pavot, sarrasin, noisette, même combat : ça shoote les allergiques !

lundi 23 mai 2011 par Dr Alain Thillay10663 visites

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Pavot, sarrasin, noisette, même combat : ça shoote les allergiques !

Pavot, sarrasin, noisette, même combat : ça shoote les allergiques !

lundi 23 mai 2011, par Dr Alain Thillay

Anaphylaxie au sarrasin chez un enfant atopique : un facteur de risque de réaction allergique sévère aux fruits à coque et aux graines ? : Eva-Maria Vargaa, Dagmar Kollmannb, Maximilian Zacha, Barbara Bohleb

aDepartment of Paediatrics, Respiratory and Allergic Disease Division, Medical University Graz, Graz, and
bDepartment of Pathophysiology and Allergy Research, Medical University of Vienna, Vienna, Austria

dans Int Arch Allergy Immunol 2011 ;156:112-116 (DOI : 10.1159/000321916)

 Contexte :

  • Le sarrasin commun (Fagopyrum esculentum) est connu pour provoquer des réactions anaphylactiques graves chez l’adulte.
  • Cependant, l’allergie de type I au sarrasin est rare chez l’enfant.

 Méthode :

  • Nous rapportons le cas d’un garçon de 7 ans qui a développé une réaction anaphylactique de grade III après consommation d’un gâteau contenant de la farine de sarrasin.
  • Avant cet incident, le garçon avait développé des réactions allergiques graves aux noisettes et avait souffert d’un syndrome oral aux graines de pavot.

 Résultats :

  • L’analyse de la réactivité à IgE du patient par Immunoblot a révélé qu’il était sensibilisé à la 2S albumine et à la 11S globuline, familles membres des protéines du sarrasin.
  • En outre, une réactivité croisée a été trouvé entre les 11S globulines du sarrasin, du pavot et de la noisette.
  • Des expériences d’inhibition IgE ont indiqué que la 11S globuline du sarrasin était la protéine initiale de la sensibilisation.

 Conclusions :

  • Nous concluons que les 11S globulines du sarrasin ont le potentiel d’induire des IgE capables de réactivité croisée avec d’autres 11S globulines, sans relation botanique, et peuvent induire des réactions anaphylactiques.

La graine de sarrasin est une Polygonacée (Fagopyrum esculentum) même famille que la rhubarbe et l’oseille, sa particularité est d’être plus riche en protéines que les céréales et de ne pas comporter de gluten.

D’après les données du CICBAA le sarrasin représente 2,4% des allergies alimentaires essentiellement chez l’adulte.

Toutefois, des réactions anaphylactiques ont déjà été constatées chez l’enfant voir le jeune enfant.

Le sarrasin est retrouvé comme élément fondamental de la galette bretonne mais attention il peut être présent dans des préparations du commerce sous forme cachée.

Une certaine confusion persiste encore quant aux composants allergéniques du sarrasin.

A la lecture du site www.allergome.org, je note Fag e 1 légumine de la superfamille des cupines, 13S albumine de 24 kDa, Fag e 2 qui est une 2S albumine de la superfamille des prolamines de 16 kDa, Fag e 19 kDa de la superfamille des cupines, Fag e 10 kDa 2S albumine de la superfamille des prolamines, Fag t 1 légumine 11S albumine de la superfamille des cupines, Fag t 10 kDa, Fag t 2 de 16 kDa 2S albumine.

Alors que Malandain sur www.allerdata.com décrit Fag e 1 comme une 11S albumine la distinguant d’une 13S albumine.

A priori, jusqu’alors aucune de ces protéines ne se distingue quant à la prévalence de leur implication dans l’allergie au sarrasin ou de la sévérité des réactions.

Cette étude autrichienne rapporte le cas d’un garçon de 7 ans qui a été victime d’une réaction anaphylactique de haut grade lors de la consommation d’un gâteau comportant du sarrasin.

A savoir que ce jeune patient avait antérieurement eu des réactions sévères lors de la consommation de noisette qui comporte en autres quelques protéines importantes. Cor a 1.04, PR-10, probablement non impliquée ici car ne donnant, dans la grande majorité des cas, que des syndromes oraux.

Cor a 8, LTP, responsable de réactions sévères surtout chez les sujets du pourtour méditerranéen.

Et enfin, Cor a 14 et Cor a 9, respectivement 2S et 11S albumines dont la responsabilité n’apparaît pas clairement impliquée dans des réactions anaphylactiques.

A priori, les auteurs n’auraient pas évalué le statut des IgE-réactivités à l’encontre des protéines de la noisette : qu’en est-il de la réactivité concernant la PR-10, qu’en est-il de la réactivité concernant la LTP ?

Si effectivement, le patient n’a pas ces réactivités alors il est probable que la 2S albumine et la 11S albumine de sarrasin croisent avec celles de la noisette et sont responsables de la réaction sévère au sarrasin décrite.

Il serait intéressant d’évaluer la réactivité croisée entre ces deux albumines et ses homologues de l’arachide qui, nous le savons, commandent des réactions sévères à cette légumineuse.

Enfin, il faut se souvenir que la graine de pavot contient une Bet v 1-like, protéine PR-10, Pap s 17 kDa, qui expliquerait très bien ici le syndrome oral rapporté lors de sa consommation.

Il sera intéressant de lire de nouvelles publications concernant les albumines des végétaux quant à leur implication dans les réactions allergiques sévères et quant à leur homologie c’est-à-dire quant à leur réactivité croisée.

A suivre donc…

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