Cocktail de crevettes sur son lit d’acariens et de blattes.

vendredi 9 septembre 2011 par Dr Alain Thillay1039 visites

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Cocktail de crevettes sur son lit d’acariens et de blattes.

Cocktail de crevettes sur son lit d’acariens et de blattes.

vendredi 9 septembre 2011, par Dr Alain Thillay

Corrélation des IgE spécifiques de crevette avec l’exposition à la blatte et aux acariens domestiques, et, sensibilisation dans une population vivant en centre-ville : Julie Wang, Agustin Calatroni, Cynthia M. Visness, Hugh A. Sampson

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - 29 August 2011 (10.1016/j.jaci.2011.07.045)

 Contexte :

  • Des études ont démontré que les IgE spécifiques de la réactivité croisée entre les épitopes des tropomyosines de la crevette, de la blatte et des acariens domestiques peuvent rendre compte de la présence d’IgE spécifiques de la crevette chez des patients allergiques aux acariens et à la blatte.

 Objectif :

  • Nous avons étudié la corrélation entre la réactivité IgE dépendante aux crevettes, aux blattes et aux acariens en relation avec l’exposition aux allergènes chez des enfants vivant en centre ville.

 Méthodes :

  • Cinq cent quatre échantillons de sérum provenant de la « National Cooperative inner-City Asthma Study » ont été évalués concernant les IgE spécifiques de la crevette et les résultats ont été comparés aux IgE spécifiques de la blatte (Blattella germanica) et des acariens (Dermatophagoides farinae).
  • Les associations entre l’IgE-réactivité à ces allergènes et les expositions environnementales ont été déterminées.

 Résultats :

  • Il y avait une forte corrélation positive entre les taux des IgE spécifiques des crevettes, de la blatte et des acariens.
  • Une forte exposition aux blattes (Blattella germanica) dans l’habitat, en particulier dans la chambre et la salle de télévision, était significativement corrélée avec des taux élevés d’IgE spécifiques de la crevette et de la blatte.
  • En revanche, une forte exposition aux acariens domestiques dans l’habitat était fortement corrélée avec les taux d’IgE à D farinae, mais pas avec les taux d’IgE crevettes.
      -* Il existe une relation synergique entre le taux des IgE spécifiques de la blatte et l’exposition dans la prédiction du taux des IgE spécifiques de la crevette.

 Conclusions :

  • Le fait de constater chez des enfants présentant des signes de sensibilisation IgE dépendante à la blatte et à la crevette, ayant une forte exposition à la blatte dans l’habitat, peut contribuer à augmenter les taux d’IgE spécifiques de la crevette, sans pour autant être corréler à une réactivité clinique.
  • D’autres évaluations de patients ayant des antécédents cliniques de réaction lors de l’exposition aux crevettes, ainsi que lors d’un test de provocation orale, devront être effectuées pour confirmer ces résultats.

Hugh A. Sampson et son équipe abordent dans ce travail la réactivité croisée des tropomyosines de crevettes, d’acariens domestiques et de blattes en fonction de l’environnement domestique d’enfants vivants en centre-ville.

Les auteurs ont travaillé sur 504 sera provenant d’enfants allergiques aux acariens domestiques et à la blatte sélectionnés pour participer à la « National Cooperative inner-City Asthma Study ».

Des études ont montré que les sujets vivants en centre-ville ont plus de risque de développer une IgE-réactivité à la blatte.

Le but était ici d’évaluer si la présence d’IgE spécifique à la crevette n’était pas due en grande partie à l’allergie aux acariens domestiques et/ou à la blatte.

Les résultats montrent qu’il y a une corrélation positive entre les taux des IgE spécifiques des crevettes, blattes et acariens domestiques.

Il existe une corrélation entre des taux élevés d’IgE spécifiques de la crevette et de la blatte si les sujets sont exposés à la blatte dans leur environnement, pièce à vivre et chambre.

Ce qui n’est pas le cas si les sujets ne sont exposés qu’aux allergènes des acariens domestiques, pas de corrélation crevette, acariens.

De plus, à noter une synergie, entre le taux des IgE spécifique de la blatte et l’importance à son exposition, pour voir augmenter le taux des IgE spécifiques de la crevette.

Ainsi dans le cas de ces enfants exposés à de fortes concentrations d’allergènes de la blatte, l’existence d’une prévalence importante de sujets présentant des IgE spécifiques à la crevette sans pourtant y être symptomatiques s’expliquent peut-être du fait de l’IgE réactivité à la blatte.

Bien sûr, il s’agit ici d’une étude sur sera, il faudra pratiquer des études où la clinique soit incluse (sujets symptomatiques aux crustacés) pour mieux cerner ce phénomène.

Que nous suggère ce travail ?

Il semblerait que le fait d’être soumis à une exposition environnementale à la blatte favorise l’IgE réactivité à la blatte bien sûr mais aussi à la crevette, alors qu’en cas de surexposition aux acariens domestiques, on retrouve une forte IgE réactivité à D. Farinae mais pas à la crevette.

Cela signifierait que les allergènes croisants de la blatte croisent mieux avec la crevette que ceux des acariens Dermatophagoides.

La lecture du site ALLERDATA nous permet de mieux préciser la problématique.

Les tropomyosines sont les allergènes principaux des crustacés mais aussi des panallergènes des acariens, nématodes, blattes…

Elles sont réputées pour croiser entre elles en fonction de leur degré d’homologie. Elles sont réputées aussi comme vecteur de l’allergie aux crustacées quoiqu’il existe des cas tropomyosine négative, d’autres allergènes sont alors impliqués comme arginine-kinase ou triose-P isomérase.

Une étude a montré que l’on peut retrouver des tests cutanés positifs aux crustacés chez des sujets allergiques aux acariens mais qui ne consomment pas de crustacés pour des raisons religieuses.

Une étude islandaise permet de constater chez des patients ayant des tests cutanés positifs aux acariens, 58% ont un CAP crevette positif ce qui est supérieure à la prévalence de l’allergie à la crevette dans ce pays.

La réactivité croisée n’implique pas l’allergie vraie dans le cas de l’allergie respiratoire vers l’allergie alimentaire ainsi la prévalence de l’association acariens/crustacés est faible.

Pour la réactivité croisée blatte/crustacé les études sont moins nombreuses, toutefois certaines sont en faveur d’une plus haute fréquence de la réactivité à la blatte chez les allergiques aux crustacés, ce qui cadre bien avec cette étude.

On pourrait penser qu’il existe une différence d’homologie entre les tropomyosines d’acariens et celles des crustacés d’une part et entre tropomyosines de blattes et de crustacés.

L’homologie globale et des différents épitopes entre Pen a 1 et d’autres tropomyosines donnent les résultats suivants.

Le pourcentage d’identité entre Pen a 1 et la tropomyosine de blatte est globalement de 82% avec des résultats différents pour les différents épitopes, épitope 1= 60%, épitope 2 = 100% , épitope 3 = 80%, épitope 4 = 100% et épitope 5 = 81%.
Pour la tropomyosine d’acarien, le pourcentage d’identité globale est de 81%, pour l’épitope 1 = 60%, épitope 2 = 95%, épitope 3 = 73%, épitope 4 = 100% et épitope 5 = 89%.

On le voit il n’existe pas de différence significative entre le pourcentage d’homologie globale pour les tropomyosines d’acarien et de blattes comparativement à Pen a 1, ce qui ne peut expliquer la prévalence plus importante de l’IgE-réactivité à la crevette chez les allergiques à la blatte.

Ou alors, l’histoire se joue au niveau d’un ou de plusieurs épitopes précis ou bien encore de la réactivité croisée d’autres molécules.

Nous serons bien d’accord avec les auteurs sur le constat qu’il faut aller plus loin en incluant dans l’étude la réactivité clinique réelle à la crevette chez des patients allergiques aux invertébrés.

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