Pour manger de l’arachide, soyez jeunes et eczémateux, tout ira bien.

jeudi 6 octobre 2011 par Dr Céline Palussière347 visites

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Pour manger de l’arachide, soyez jeunes et eczémateux, tout ira bien.

Pour manger de l’arachide, soyez jeunes et eczémateux, tout ira bien.

jeudi 6 octobre 2011, par Dr Céline Palussière

Dans les tests de réintroduction de l’arachide en double aveugle contre placébo, la dose réactogène diminue lorsque l’âge augmente ainsi qu’avec les taux d’IgE spécifiques chez les enfants et les jeunes adultes. : Tjitske van der Zee, Anthony Dubois, Marjan Kerkhof, Sicco van der Heide, Berber Vlieg-Boerstra

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - 01 September 2011 (10.1016/j.jaci.2011.07.050)

 Contexte :

  • Plusieurs facteurs de risque de réaction anaphylactique sévère liée à l’alimentation sont connus, dans la vie quotidienne.
  • Toutefois à ce jour, il n’est pas possible de prédire pour les patients la sévérité des réactions allergiques alimentaires de manière précise.
  • Certaines études montrent que des antécédents de réactions sévères sont associés à une dose réactogène faible, dans les tests de réintroduction par voie orale en double aveugle contre placébo (DBPCFC).
  • Par conséquent la dose réactogène a été utilisée dans cette étude comme élément de mesure de sensibilité clinique.

 Objectifs :

  • Il s’agissait d’étudier si les facteurs de risque de réaction allergique sévère alimentaire dans la vie quotidienne, tels que l’âge, le degré de sensibilisation, la coexistence d’autres pathologies atopiques, influent sur la dose réactogène dans les DBPCFC chez des enfants allergiques à l’arachide.

 Méthodes :

  • Les données étudiées proviennent d’enfants ayant eu des réactions cliniques avec l’arachide au cours de DBPCFC au Centre Universitaire Médical de Groningen entre 2001 et 2009.
  • Un modèle de régression de Cox a été utilisé pour analyser l’association des déterminants avec la dose réactogène.

 Résultats :

  • Cent-vingt-six DBPCFC positifs à l’arachide ont été analysés.
  • Un âge supérieur à 10 ans, un niveau d’IgE spécifique au dessus du tertile inférieur (5,6 kU/l), et l’absence de dermatite atopique ont été associés à des réactions à des doses moindres : les ratios des items présents par rapports aux items absents étant, respectivement 1,89 (IC 95% 1,28-2,81 ; p=0,001), 2,03 (IC 95% 1,37-3,00 ; p=0,0001) et 0,45 (IC 95% 0,29-0,71 ; p=0,001).
  • Aucune association significative avec la dose réactogène n’a été retrouvée pour le sexe, la présence d’asthme ou de rhinite, et l’histoire clinique de réaction alimentaire sévère.

 Conclusion :

  • En utilisant la dose réactogène comme une mesure de la sensibilité clinique, une plus grande sensibilité clinique dans les DBPCFC à l’arachide a été associée avec l’âge, un niveau supérieur d’IgE spécifiques et l’absence de dermatite atopique.
  • Ces données pourraient expliquer pourquoi les adolescents présentent dans la vie quotidienne plus souvent des réactions allergiques graves à l’arachide que les jeunes enfants.

Les tests de provocation par voie orale, en matière d’allergie alimentaire, peuvent avoir deux objectifs : démontrer l’absence d’allergie ou bien déterminer la dose réactogène, en cas d’allergie alimentaire avérée. Cette dernière démarche permet d’ajuster au mieux le régime d’éviction du patient et sa trousse d’urgence.

Cette étude hollandaise est une analyse statistique des facteurs associés à des doses réactogènes basses chez des allergiques à l’arachide.

Plusieurs items ont ainsi été analysés et la concordance avec des doses réactogènes basses a été recherchée :

  • âge et sexe
  • comorbidité atopique : rhinite, asthme, dermatite atopique
  • antécédents de réaction sévère
  • taux d’IgE spécifiques vis à vis de l’arachide

Les facteurs associés à des doses réactogènes basses étaient : un âge supérieur à 10 ans, l’absence de dermatite atopique, et des taux d’IgE supérieurs à 5,6kU/l.

Les auteurs n’élaborent pas d’hypothèses explicatives pour ces données. Elles sont particulièrement difficiles à établir pour l’effet protecteur de la dermatite atopique qui apparaît dans ces statistiques.

En ce qui concerne les taux d’IgE spécifiques, le lien est conforme à l’intuition que l’on pourrait avoir que plus une allergie est sévère, plus les taux sont élevés. On nous a pourtant bien répété que tout était possible : des réactions graves avec des taux bas, et inversement...

Quant à l’âge... l’effet protecteur du jeune âge dans les TPO est-il un argument pour rassurer les parents de petits allergiques ?

Les antécédents de réaction sévère, l’asthme, n’étant pas liés dans cette étude à des doses réactogènes basses ne mériteraient plus d’être recherchés ?

Quelles conclusions tirer de cet article ? Admettons le raccourci entre degré de sévérité et seuil de déclenchement des symptômes bas au cours des TPO. Et alors ?

En pratique, la prudence est de mise en allergologie alimentaire, et sachant que chaque patient a le droit d’être original, les analyses statistiques ne sauraient guider la démarche de l’allergologue.

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