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Allergie à l’oeuf : les valeurs seuils d’IgE spécifiques.
mercredi 16 octobre 2002, par
Les jeunes enfants atteints de dermatite atopique peuvent avoir des réactions à l’œuf dès la première ingestion. Cette étude a permis de déterminer des valeurs seuil d’IgE spécifiques au delà desquelles il n’est plus utile de réaliser un test de provocation orale à l’œuf.
Incidence élevée des réactions lors d’un premier contact avec l’œuf par test de provocation chez des enfants atteints de dermatite atopique : valeur prédictive du test cutané et du RAST aux protéines d’œuf. : G. Monti, M. C. Muratore, A. Peltran, G. Bonfante, L. Silvestro, R. Oggero and G. C. Mussa dans Clinical & Experimental Allergy
Volume 32 Issue 10 Page 1515 - October 2002
– CONTEXTE. La positivité des prick tests (PT) et/ou des radioallergosorbent tests (RAST) à l’œuf a été décrite chez les nourrissons et les enfants souffrant d’allergie alimentaire ou chez des nourrissons à haut risque atopique qui n’ont jamais mangé d’œuf. Les réactions cliniques sont aussi observées lorsque quelques-uns de ces enfants ou nourrissons mangent pour la première fois des œufs.
– OBJECTIF et METHODE.
Nous avons mis en œuvre une étude prospective concernant 107 enfants souffrant de dermatite atopique (66 garçons, 41 filles), âgés de 1 à 19 mois (médiane = 5 mois) qui n’avaient jamais ingéré d’œuf, afin de comparer les résultats du premier test de provocation oral (TPO) aux résultats des PT et des RAST au blanc et au jaune d’œuf.
– RESULTATS.
* Le TPO à l’œuf (pratiqué entre 12 et 24 mois, moyenne 16 mois, médiane 15 mois) était positif chez 72/107 enfants (67,3%).
* La réaction était immédiate ou précoce (dans les 6 premières heures) dans 56/72 des cas (77,8%).
* Les plus sévères (toutes dans les 6 premières heures) étaient :
**un cas de choc anaphylactique (1,4%),
**3 cas d’œdème laryngé (4,1%)
**et un d’attaque d’asthme sévère (1,4%).
*Le diamètre de la papule a été retrouvé égal ou supérieur à 5 mm que cela soit pour le jaune ou le blanc d’œuf. Mais, ces réactions sévères ont été aussi retrouvées alors qu’il n’y avait pas de papule.
* Les résultats du TPO étaient toujours positifs lorsque les IgE spécifiques du blanc et du jaune d’œuf étaient respectivement supérieures à 99 kU/L et supérieures ou égales à 17,5 kU/L. Ici aussi, des réactions étaient retrouvées même quand les IgE spécifiques étaient inférieures à 0,35 kU/L.
– CONCLUSION.
* Les enfants atteints de dermatite atopique qui n’ont jamais mangé d’œuf peuvent être sensibilisés et avoir des réactions lors de la première ingestion. Le pourcentage de réactions dans cette série n’était pas négligeable. Ces constatations étaient observées chez les enfants souffrant de dermatite atopique modérée à sévère.
* Les PT étaient supérieurs ou égaux à 5 mm pour le jaune et le blanc d’œuf, et les IgE spécifiques du blanc supérieures à 99 kU/L et supérieures ou égales à 17,5 kU/L pour le jaune, étaient à 100% spécifiques dans la prédiction du résultat du TPO.
*Il est ainsi permis de conclure que chez les enfants atteints de dermatite atopique dont les PT et/ou les RAST pour le blanc ou le jaune d’œuf sont égaux ou supérieurs aux valeurs limites, il n’est pas utile de pratiquer un TPO pour décider de l’introduction de l’œuf dans leur alimentation.
* Même quand ces valeurs limites ne sont pas atteintes, les réactions cliniques lors du TPO ne peuvent pas être éliminées, il est donc préférable de le faire en milieu hospitalier.
Cette étude est vraiment intéressante car correspond parfaitement à un souci constant de l’Allergologue clinicien.
Le cas décrit ici du nourrisson souffrant de dermatite atopique qui a un test cutané positif à l’œuf alors que, sans aucun doute, celui-ci n’en a jamais ingéré, est assez fréquent.
Bien sûr, le clinicien est toujours très friand de ce genre d’étude qui lui permet de dégager une conduite pratique à partir des tests cutanés et des RAST. Ainsi, lorsque les valeurs limites sont atteintes pour les tests cutanés et/ou les RAST, il sait que l’enfant a 100 % de risque d’avoir un test de provocation orale positif et qu’il faut donc pratiquer une éviction stricte des protéines de l’œuf.
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