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Les antinucléaires se manifestent aussi dans la PNS !
mardi 15 novembre 2011, par
Preuve de la présence d’auto-anticorps antinucléaires intra-nasaux chez des patients atteints de rhinosinusite chronique avec polypes nasaux. : Bruce K. Tan, Quan-Zhen Li, Lydia Suh, Atsushi Kato, David B. Conley, Rakesh K. Chandra, Jinchun Zhou, James Norton, Roderick Carter, Monique Hinchcliff, Kathleen Harris, Anju Peters, Leslie C. Grammer, Robert C. Kern, Chandra Mohan, Robert P. Schleimer
dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - 14 October 2011 (10.1016/j.jaci.2011.08.037)
– Contexte :
- La rhinosinusite chronique (RSC) avec polypes nasaux est un état inflammatoire de la filière nasale et des sinus caractérisé par une inflammation de typeTH2 accompagnée de niveaux accrus de facteur d’activation des cellules B de la famille du TNF (BAFF), de lymphocytes B et d’immunoglobulines.
- Du fait que les niveaux élevés de BAFF sont associés aux maladies auto-immunes, nous avons cherché à mettre en évidence des preuves de l’auto-immunité chez les patients atteints de RSC.
– Objectifs :
- L’objectif de cette étude était d’enquêter sur la présence d’auto-anticorps dans les tissus rhino-sinusaux de patients atteints de RSC.
– Méthodes :
- Des échantillons standardisés de tissus nasaux ont été prélevés chez des patients avec RSC et chez des sujets témoins et analysés pour ce qui concerne la production d’immunoglobulines, les taux d’auto-anticorps, la distribution tissulaire des immunoglobulines, et le potentiel de liaison des anticorps dans le tissu nasal à l’aide d’une puce de multiplexage des auto-anticorps, d’ELISA, et d’immunofluorescence.
– Résultats :
- Des niveaux accrus de plusieurs auto-anticorps spécifiques ont été trouvés dans les tissus de polypes nasaux en comparaison avec les niveaux observés dans les tissus de contrôle et de tissus inflammatoires de patients atteints de RSC sans polypes nasaux (P<0,05).
- En particulier, les auto-anticorps antinucléaires, comme les anti-ds-ADN IgG et IgA, ont été trouvés à des niveaux accrus dans les polypes nasaux (P<0,05) et en particulier dans les polypes nasaux chez les patients nécessitant une chirurgie de révision pour récidive.
- L’immunofluorescence directe met en évidence un dépôt diffus épithélial et sous-épithélial d’IgG et une augmentation du nombre de plasmocytes sécrétant des IgA, ce qui n’est pas le cas pour les tissus nasaux de contrôle.
– Conclusions :
- Les auto-anticorps, en particulier ceux dirigés contre des antigènes nucléaires, sont présents localement à des niveaux augmentés dans les polypes nasaux.
- La présence d’auto-anticorps suggère que le microenvironnement d’un polype nasal favorise l’expansion de l’auto-réactivité de clones à cellules B.
- Bien que la pathogénicité de ces anticorps reste à élucider, la présence de l’augmentation des taux d’anticorps anti-ADN est associée à une forme clinique plus agressive des RSC à polypes nasaux nécessitant une chirurgie répétée.
Si la polypose nasosinusienne a vu sa prise en charge thérapeutique nettement améliorée par la corticothérapie nasale, les mécanismes physiopathologiques intimes qui président à son développement restent encore non élucidés.
Cette équipe américaine pluridisciplinaire a donc cherché à relever ce défi ou tout au moins à tenter d’en lever le voile.
Cette étude a exploré les muqueuses nasales de trois groupes de sujets, des patients atteints de rhinosinusite chronique sans polype, des patients atteints d’une polypose nasosinusienne (PNS) vraie et de sujets sains.
L’idée étant puisqu’il existe des éléments en faveur d’une inflammation chronique de type auto-immun dans la PNS (profil TH2, activation des cellules B de la famille du TNF, niveau accru d’immunoglobuline et de lymphocytes B), il fallait en faire la preuve à l’aide d’un protocole expérimental fiable.
Globalement, les auteurs constatent bien les critères inflammatoires auto-immuns mais uniquement dans les muqueuses des polypes nasaux. Particulièrement, dans ces polypes, il existe des anticorps anti-nucléaires dont beaucoup d’anticorps anti-ds-ADN de type IgA et IgG.
Ce constat est d’autant plus vrai que la polypose est sévère allant jusqu’à nécessiter une révision chirurgicale.
Pour conclure, la polypose nasosinusienne en tant que maladie auto-immune est fortement suggérée par cette étude.
On peut imaginer l’existence d’un terrain de prédisposition génétique confronté à un microenvironnement infectieux.
D’autres études verront sans doute le jour pour préciser tout cela.
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