Sur la piste des abstracts fantômes…

vendredi 18 novembre 2011 par Dr Geneviève DEMONET414 visites

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Sur la piste des abstracts fantômes…

Sur la piste des abstracts fantômes…

vendredi 18 novembre 2011, par Dr Geneviève DEMONET

Qu’arrive-t-il aux abstracts acceptés pour être présentés sous la forme de poster au congrès de l’EAACI ? : Smith, H., Rudenko, M. and Frew, A. (2011),

What happens to abstracts accepted for poster presentation at EAACI Congresses ?

dans . Allergy, 66 : 1496–1497. doi : 10.1111/j.1398-9995.2011.02672.x

Le congrès annuel de l’EAACI (European Academy of Allergy and Clinical Immunology), qui attire de 5 à 8000 participants venus de plus de 100 pays différents, permet la présentation d’environ 2000 abstracts qui sont pour la plupart exposés sous la forme de posters.

Or certaines places restent désespérément vides. Une enquêtrice est partie sur les traces de ces posters manquants…

 Ce travail prospectif a été mené lors des congrès de 2006 à 2009 (Vienne, Göteborg, Barcelone et Varsovie).
 Un observateur unique était chargé de vérifier chaque jour la présence ou non des posters.
 Des données ont été collectées sur l’auteur de la présentation, son pays de résidence, le nombre de co-auteurs, le sujet du poster (en différenciant travail fondamental et clinique), la distance du lieu de travail de l’auteur à celui du congrès et le produit intérieur brut (PIB) du pays.
 On a pu inclure dans cette étude 95% des posters acceptés, soit 5024 sur 5272.

 Parmi ces 5024 posters, 76,1% (soit 3821) étaient affichés, 1,7% (83) avaient été retirés et 22,3% (1120) n’ont pas été présentés (avec une variation de 18,3% à 28%).
 Les auteurs ne s’étant pas présentés venaient de 75 pays différents.

  • Parmi les pays ayant plus de 10 posters acceptés, ceux en provenance d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient, d’Europe de l’est et de l’ancienne Union soviétique étaient plus souvent absents que ceux d’Europe de l’ouest, d’Amérique du Nord (Mexique inclus), du Japon ou de l’Australie. La république Tchèque et la Slovénie constituent cependant des exceptions qui méritent d’être soulignées (avec des taux d’absence de présentation de 1,7% et 3,4% respectivement).
     Les statistiques étaient semblables pour les sujets fondamentaux et cliniques (P < 0,001).
     Une association évidente a été constatée entre la non présentation du poster et l’éloignement de son auteur du lieu du congrès mais aussi avec l’origine d’un pays à bas PIB et la rédaction de l’abstract par un seul auteur (OR 3,0 vs auteurs multiples IC 95% 2,3–3,9).
     Un nombre conséquent d’auteurs (124) ne se sont pas présentés à plusieurs congrès : la majeure partie de ces personnes avaient plus d’un abstract accepté chaque année…

 Ce travail confirme que des raisons économiques ou culturelles peuvent empêcher la présence de certains travaux. Un contretemps de dernière minute est, par ailleurs, toujours possible.
 L’exposition des abstracts permet aux scientifiques de communiquer les résultats de leurs travaux et de le voir commenter par leurs pairs.
 Certaines revues médicales recherchées reproduisant les dits abstracts (Allergy dans le cas particulier), on peut se demander si certaines équipes médicales ne cherchent pas aussi une publication plus facile de leurs résultats…
 Cette pratique pourrait d’autre part conduire à des biais lors des revues systématiques de la littérature.
 La seule publication des travaux réellement présentés pourrait décourager l’absentéisme.
 La possibilité d’un affichage digital et de conférences on-line pourrait également être une solution acceptable pour les chercheurs désirant réellement montrer leurs travaux mais incapables de se déplacer.

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