Pour l’allergie au soja, il y a encore du bouleau !

mercredi 30 novembre 2011 par Dr Alain Thillay1572 visites

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Pour l’allergie au soja, il y a encore du bouleau !

Pour l’allergie au soja, il y a encore du bouleau !

mercredi 30 novembre 2011, par Dr Alain Thillay

L’allergie secondaire au soja chez des enfants allergiques au pollen de bouleau peut être la cause d’une symptomatologie aiguë et chronique. : De Swert, L. F. A., Gadisseur, R., Sjölander, S., Raes, M., Leus, J. and Van Hoeyveld, E. (2011),

Secondary soy allergy in children with birch pollen allergy may cause both chronic and acute symptoms.

dans Pediatric Allergy and Immunology. doi : 10.1111/j.1399-3038.2011.01218.x

 Contexte :

  • L’allergie secondaire au soja survenant chez les patients allergiques aux pollens d’arbres peut causer des symptômes aigus.

 Méthodes :

  • Nous avons sélectionné des enfants ayant une allergie au pollen de bouleau soupçonnés d’être également allergiques au soja.
  • L’allergie au soja a été prouvée en se basant sur l’un des critères suivants :
    • (i) une histoire clinique claire,
    • (ii) un test de provocation positifs et
    • (iii) éviction et réintroduction du soja.
  • Des tests cutanés (SPT) ont été réalisés avec un extrait de soja commercial et à la farine de soja.
  • Les IgE spécifiques de Gly m 4, Gly m 5 et Gly m 6 ont été déterminées par ImmunoCAP et ISAC.
  • Huit enfants atopiques tolérant au soja et étant négatifs pour le CAP rGly m 4 ont servi de groupe contrôle pour les tests cutanés.

 Résultats :

  • Parmi les 15 sujets présentant une allergie au pollen de bouleau et soupçonnés d’allergie au soja, huit d’entre eux se sont avérés allergiques au soja et sept tolérant au soja.
  • Outre les symptômes aigus chez les huit sujets allergiques au soja, trois d’entre eux souffraient aussi d’affections graves chroniques dues à l’allergie au soja.
  • Les tests cutanés pratiqués avec l’extrait commercial de soja étaient négatifs chez tous les sujets testés, allergiques ou tolérants au soja.
  • Les tests cutanés pratiqués avec la farine de soja étaient positifs chez les 8 sujets allergiques au soja et chez cinq des six patients soupçonnés de l’être mais en fait tolérants, et, étaient négatifs chez les huit contrôles (p <0,0001) ; le diamètre médian de la papule était de 7,7 mm chez les allergiques au soja, comparativement à 3 mm chez les sujets tolérants (p <0,01).
  • Le niveau médian des IgE spécifiques de rGly 4 m mesuré à l’aide du CAP et de ISAC était, respectivement, de 32,4 kU/l et de 4,0 ISU chez les sujets allergiques au soja, comparativement à 6,2 kU/l et 0,4 ISU chez les sujets tolérants (p <0,05).
  • L’analyse des IgE spécifiques de nGly m 5 et nGly m 6, en utilisant CAP ou ISAC, n’ont montré aucune différence significative entre les sujets allergiques et les sujets tolérants au soja.

 Conclusions :

  • L’allergie secondaire au soja peut être la cause d’une symptomatologie chronique sévère en dehors des symptômes aigus.
  • Les tests cutanés avec la farine de soja est un outil sensible et spécifique dans la détection de l’IgE-réactivité au soja.
  • Les tests cutanés avec la farine de soja, le CAP rGly m 4 et l’ISAC rGly m 4 sont des outils précieux dans le diagnostic de l’allergie au pollen de bouleau associée secondairement à l’allergie au soja.

Le soja vrai, Glycine max, aliment traditionnel asiatique, est présent dans de nombreux produits alimentaires manufacturés du monde entier.

De fait, on peut le considérer comme un allergène caché. En 2001, la base CICBAA, rapportait que l’allergie au soja représentait 1,1% des allergies chez l’enfant et 0,6% chez l’adulte.

L’allergie au soja apparaissant chez l’enfant, hors contexte de réactivité croisée, a la réputation de disparaître assez facilement avec le temps.

Par contre, il n’en est pas de même pour celle apparaissant secondairement après allergie au pollen de bouleau dans le cadre d’une réactivité croisée via la PR-10.

Le soja est consommé le plus souvent après chauffage dans le but d’améliorer la présentation et l’acceptabilité mais aussi pour inactiver les facteurs antinutritionnels.

Il semblerait qu’il n’existe pas de transformation importante de la structure des protéines allergéniques ; même la PR-10 de soja résiste à la chaleur sauf s’il s’agit d’une chaleur sèche.

Globalement les réactions allergiques dues au soja sont moins sévères qu’avec l’arachide.

Gly m 4, la PR-10 de soja a une homologie plus forte avec Ara h 8 (71%) qu’avec Bet v 1 (53%).

Cette étude est issue d’une équipe de chercheurs belges en collaboration avec le laboratoire PHADIA.

Le but était ici d’étudier la symptomatologie en rapport avec une allergie au soja chez des enfants déjà allergiques au pollen de bouleau.

Les quinze enfants ont été sélectionnés minutieusement selon les critères classiques, clinique, provocation et éviction/réintroduction.

Les tests cutanés ont été réalisés avec un extrait commercial de soja et en natif.

L’IgE réactivité vis-à-vis de Gly m 4 (PR-10), de Gly m 5 (7S vicillin-like Globuline) et de Gly m 6 (11S globuline) a été mesurée par ImmunoCAP et sur la puce ISAC.

Le groupe de contrôle pour les tests cutanés était constitué de 8 enfants atopiques tolérant au soja et ayant un ImmunoCAP Gly m 4 négatif.

Les résultats montrent que sur les 15 enfants suspects d’être allergiques au soja seuls 8 le sont réellement et que, parmi ces derniers, 3 présentent une symptomatologie chronique.

A noter la mauvaise performance de l’extrait commercial de soja, tous les tests cutanés pratiqués avec lui se sont révélés toujours négatifs quel que soit le type de patient.

Beaucoup plus intéressant, de façon significative, le test cutané avec la farine de soja en natif chez les 8 sujets symptomatiques et chez 5 des 6 sujets suspectés d’y être allergiques mais en fait tolérants, était positif.

Alors qu’il était négatif chez les sujets du groupe de contrôle.

Le test cutané au soja natif est donc spécifique et sensible. De plus, il serait même prédictif d’une allergie vraie par la différence de taille de la papule mesurée, médiane de la papule à 7,7 mm chez les allergiques vrais et 3 mm chez les tolérants.

Il est fait le même constat quant à la mesure des IgE spécifiques de rGly m 4 que cela soit par ImmunoCAP que par la puce ISAC.

Par contre, il n’existerait pas de différences entre ces deux groupes, pour ce qui est de la mesure des IgE spécifiques de nGly m 5 et nGly m 6, là aussi dans les deux méthodes de laboratoire.

On ne peut être que d’accord pour dire que le test cutané avec le soja natif est un excellent outil diagnostic dans le cadre de l’allergie secondaire au soja.

Il faut remarquer ici, ce qui peut paraître une exception, c’est de voir des réactions cliniques plus sévères que le simple syndrome oral, habituellement retrouvé dans le cadre d’une allergie à l’encontre de la PR-10.

Toutefois, nous l’avons vu la PR-10 de soja résiste mieux à la chaleur et à la digestion que ses homologues comme celles retrouvées au sein des Prunoïdés.

De plus, le nombre des patients est insuffisant pour éliminer totalement la responsabilité des 11S et 7S globulines.

Il faudra donc surveiller la publication de travaux allant dans cette voie de recherche.

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