La Filaggrine n’a pas fait mieux que Madame Irma !

mercredi 7 décembre 2011 par Dr Hervé Couteaux1186 visites

Accueil du site > Maladies > Eczéma > La Filaggrine n’a pas fait mieux que Madame Irma !

La Filaggrine n’a pas fait mieux que Madame Irma !

La Filaggrine n’a pas fait mieux que Madame Irma !

mercredi 7 décembre 2011, par Dr Hervé Couteaux

Valeur prédictive de la sensibilisation alimentaire et des mutations de la filaggrine chez des enfants atteints d’eczéma. : Birgit Filipiak-Pittroff, Christina Schnopp, Dietrich Berdel, Aline Naumann, Simon Sedlmeier, Anna Onken, Elke Rodriguez, Regina Fölster-Holst, Hansjörg Baurecht, Markus Ollert, Johannes Ring, Claudia Cramer, Andrea von Berg, Carl Peter Bauer, Olf Herbarth, Irina Lehmann, Beate Schaaf, Sibylle Koletzko, Heinz-Erich Wichmann, Joachim Heinrich, Stephan Weidinger, GINIplus and LISAplus study groups

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - December 2011 (Vol. 128, Issue 6, Pages 1235-1241.e5, DOI : 10.1016/j.jaci.2011.09.014)

 Contexte :

  • Il a été rapporté que chez des nourrissons atteints d’eczéma et présentant une sensibilisation alimentaire, la présence d’une mutation de la filaggrine (FLG) prédit la survenue ultérieure d’un asthme avec une spécificité et une valeur prédictive positive de 100%.

 Objectifs :

  • Nous avons cherché à évaluer la valeur prédictive de la sensibilisation alimentaire et de l’allergie alimentaire, de l’haploinsuffisance en FLG, et de leur association chez des nourrissons atteints d’eczéma précoce pour l’eczéma persistant et l’asthme infantile

 Méthodes :

  • L’intervention nutritionnelle infantile allemande (GINI) et l’influence des facteurs liés au mode de vie sur le système immunitaire et le développement des allergies dans les cohortes de naissance d’enfants (LISA), ainsi que d’une collection de 65 cas d’apparition précoce d’eczéma, avec ou sans allergie alimentaire, ont été étudiés.

 Résultats :

  • Le risque d’asthme était significativement augmentée par une sensibilisation alimentaire (Ratios de vraisemblance positifs de diagnostic [PLR] de 1,9 [IC 95%, 1.1 à 3.4] dans la cohorte de Gini et 5,5 [IC 95%, 02/08 à 10/08] dans la cohorte LISA) et la présence d’une mutation FLG (PLR de 2,9 [IC 95%, 1.2 à 6.6] dans la cohorte de Gini et 2,8 [IC 95%, de 1,0 à 7,9] dans la cohorte LISA) avec une spécificité assez élevé (79,1% et 92,9% et une sensibilité de 89,0% et 91,7% respectivement dans la cohorte de Gini et dans la cohorte LISA), mais faible (40,0% et 39,3% dans la cohorte de Gini et de 31,6% et 23,5% dans la cohorte de LISA, respectivement).
  • De même, le risque d’eczéma persistant a été augmenté.
  • Dans les cas cliniques ni l’allergie alimentaire ni les mutations FLG n’ont eu un effet significatif.
  • La combinaison de ces deux paramètres n’a pas amélioré la prévision avec des valeurs prédictives positives de 52,3% (cohorte de GINI), 66,9% (cohorte LISA), et 30,6% (cas cliniques), en supposant une prévalence de l’asthme chez les enfants atteints d’eczéma précoce de 30%.

 Conclusion :

  • Une sensibilisation alimentaire précoce et la présence d’une mutation FLG chez les nourrissons atteints d’eczéma précoce augmentent le risque de survenue ultérieure d’asthme, mais la combinaison des deux facteurs ne représente pas une approche cliniquement utile pour identifier de manière fiable les enfants à risque.

Les mutations filaggrine sont le principal facteur génétique favorisant de l’eczéma atopique.

La présence conjointe d’une IgE réactivité à des aliments, et/ou d’une allergie alimentaire est associée à un risque accru d’asthme ultérieurement, mais la prise en compte conjointe de ces deux facteurs ne permet pas clairement d’identifier des groupes à risque.

On sait depuis longtemps que la peau des patients atteints d’eczéma atopique (EA) est altérée, ce qui a pour conséquence une pénétration facilitée de molécules en contact avec la peau.

Cette pénétration de ces molécules (protéiques mais aussi chimiques) induit l’inflammation à l’origine des lésions de dermatite atopique.

Ainsi, il existe un lien direct entre l’anomalie de la barrière cutanée (notamment observée dans certaines mutations de la filaggrine) et l’EA.

Mais peut-on pour autant prédire d’une part la survenue d’un asthme ultérieur et d’autre part la persistance de l’eczéma en cas d’association de ces mutations avec une IgE réactivité alimentaire ?

Les études ne sont pas encore très nombreuses sur ce sujet (le rôle prédisposant des mutations FLG n’a été mis en évidence qu’en 2006…), et, pour le moment, il semble bien que non…

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois