La corticothérapie inhalée chez l’enfant est-elle ad hoc ?

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La corticothérapie inhalée chez l’enfant est-elle ad hoc ?

La corticothérapie inhalée chez l’enfant est-elle ad hoc ?

jeudi 8 décembre 2011, par Dr Philippe Carré

Croissance d’enfants d’âge préscolaire, à haut risque d’asthme, deux ans après l’arrêt de la fluticasone. : Theresa W. Guilbert, David T. Mauger, David B. Allen, Robert S. Zeiger, Robert F. Lemanske, Stanley J. Szefler, Robert C. Strunk, Leonard B. Bacharier, Ronina Covar, Christine A. Sorkness, Lynn M. Taussig, Fernando D. Martinez, Childhood Asthma Research and Education Network of the National Heart, Lung, and Blood Institute

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - November 2011 (Vol. 128, Issue 5, Pages 956-963.e7, DOI : 10.1016/j.jaci.2011.06.027)

 Contexte :

  • L’effet sur la croissance linéaire d’une corticothérapie inhalée quotidienne à long terme, chez des enfants d’âge préscolaire ayant des sifflements récurrents, est controversée.

 Objectif :

  • Déterminer l’effet d’une corticothérapie inhalée quotidienne donnée pendant 2 ans, sur la croissance linéaire chez des enfants d’âge préscolaire ayant des sifflements récurrents.

 Méthodes :

  • Des enfants âgés de 2 et 3 ans ayant des sifflements récurrents et des scores positifs d’Index Prédictif d’Asthme ont été randomisés pour recevoir pendant 2 ans du propionate de fluticasone sous forme chlorofluorocarbonée (176 µg/j) ou un placebo, délivrés au travers d’une chambre avec valve par l’intermédiaire d’un masque
  • Ils ont été suivis pendant une période de 2 ans après l’arrêt des traitements
  • La croissance en hauteur a été mesurée par stadiomètrie et comparée entre les deux groupes.

 Résultats :

  • Dans l’ensemble de la cohorte, le groupe fluticasone n’avait pas de croissance linéaire significativement plus basse que le groupe placebo (changement en hauteur par rapport à la différence de base, -0.2 cm ; IC à 95% , -1.1 à 0.6) 2 ans après l’arrêt du traitement
  • Dans les analyses post-hoc, les enfants âgés de 2 ans qui pesaient moins de 15 kilos à l’entrée dans l’étude et qui étaient traités par fluticasone avaient une croissance linéaire moindre que ceux traités par placebo (changement d en hauteur à partir de la différence de base, -1.6 cm ; IC à 95%, -2.8 à -0.4 ; =0.009).

 Conclusion :

  • La croissance linéaire n’était pas significativement différente chez les enfants d’âge préscolaire à haut risque avec sifflements récurrents traités par 176 µg/j de fluticasone délivrés par un aérosol chlorofluorocarboné, comparativement à un placebo, 2 ans après l’arrêt de la fluticasone
  • Cependant, les analyses post-hoc montraient que les enfants plus jeunes et avec un poids plus bas par rapport à l’ensemble de la cohorte étudiée, avaient une croissance linéaire significativement plus faible, peut-être à cause d’une exposition relative plus élevée à la fluticasone.

L’interprétation des résultats des études évaluant la croissance linéaire dans l’asthme de l’enfance est difficile en raison des effets compétitifs sur la croissance liés au non contrôle de la maladie ou aux effets des traitements eux-mêmes.

Ces enfants pourraient avoir un délai de retard dans leur croissance, lié au traitement corticoïde inhalé.

Des études antérieures ont déjà montré qu’il y avait un rattrapage de la courbe chez les enfants plus grands ; les auteurs ont donc émis l’hypothèse que des enfants traités par corticoïdes inhalés auraient une croissance linéaire semblable à ceux traités par placebo, 2 ans après l’arrêt du traitement.

Des enfants âgés de 2 et 3 ans ayant des sifflements récurrents et à haut risque d’asthme ont reçu pendant 2 ans du propionate de fluticasone (176 µg/j) ou un placebo, et ont été suivis pendant une période de 2 ans après l’arrêt des traitements ; leur croissance en hauteur a été mesurée comparativement par stadiomètrie.

Les résultats ont montré que les enfants du groupe fluticasone avaient globalement la même croissance linéaire que ceux du groupe placebo 2 ans après l’arrêt du traitement ; dans les analyses post-hoc, les enfants de 2 ans et de moins de 15 kilos, traités par fluticasone, avaient une croissance moindre que ceux traités par placebo.

Cette étude montre qu’il existe un sous-groupe d’enfants, plus jeunes et de faible poids, qui n’ont pas une croissance linéaire quand ils sont traités par corticoïde inhalé (fluticasone) par rapport à ceux traités par placebo ; les auteurs ont estimé la dose limite de fluticasone qui n’entraînerait pas chez ces enfants de retentissement sur la croissance, dose qu’ils ont définie à 10 µg/kg.

Mais ce sous-groupe a été défini à partir d’une étude post-hoc, alors que l’objectif initial n’était pas destiné à étudier ce point particulier ; les résultats présentés ici doivent donc être pris avec beaucoup de précaution, et ne devraient servir qu’à proposer des hypothèses pour des études ultérieures.

La corticothérapie inhalée reste donc le traitement recommandé le plus efficace dans l’asthme persistant de l’enfant pour contrôler l’évolution de la maladie ; des études antérieures ont montré qu’en général les effets sur la croissance des corticoïdes inhalés étaient très faibles et disparaissaient avec le temps. Peut-être existe-t-il des sous-groupes d’enfants qui auraient une réponse un peu différente et qui ne seraient pas identifiés par l’analyse globale de la population ; des études complémentaires sont nécessaires pour le prouver.

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