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L’allergie alimentaire enflammerait-elle les bronches ?
mercredi 14 décembre 2011, par
L’inflammation à éosinophiles des voies aériennes est augmentée chez les enfants ayant un asthme et des allergies alimentaires. : Kulkarni, N., Ragazzo, V., Costella, S., Piacentini, G., Boner, A., O’Callaghan, C., Fiocchi, A. and Kantar, A. (2011),
Eosinophilic airway inflammation is increased in children with asthma and food allergies.
dans Pediatric Allergy and Immunology. doi : 10.1111/j.1399-3038.2011.01226.x
– Contexte :
- L’asthme est associé à des allergies alimentaires chez un nombre significatif d’enfants, avec des arguments reliant les allergies à la morbidité et à la sévérité de l’asthme
- Dans cette étude, les auteurs ont testé l’hypothèse que l’inflammation à éosinophiles des voies aériennes inférieures est plus élevée chez les enfants asthmatiques ayant des allergies alimentaires.
– Objectif :
- Les objectifs de cette étude étaient de comparer les marqueurs inflammatoires éosinophiliques chez des enfants asthmatiques avec et sans allergies alimentaires.
– Matériels et méthodes :
- Ont été inclus des enfants asthmatiques, avec (n=22) et sans (n=53) allergies alimentaires
- Tous les sujets étaient classés selon les recommandations GINA (2009) et avaient reçu au moins 3 mois de traitement anti-inflammatoire avant les tests
- La mesure de la fraction de NO exhalé et les comptes différentiels d’expectoration ont été utilisés par les méthodes standardisées
– Résultats :
- Les enfants ayant de l’asthme et des allergies alimentaires avaient une valeur moyenne du NO exhalé [22.4 (6.1-86.9) vs 10.3 (2.7-38.7), p<0.01] et un pourcentage d’éosinophiles dans les expectorations [15.5 ((.0-53.0) vs 2.0 (0-20), p<0.001)] significativement plus élevés par rapport aux enfants asthmatiques sans allergies.
– Conclusion :
- Ces résultats suggèrent que les enfants avec de l’asthme et des allergies alimentaires ont une augmentation de l’inflammation à éosinophiles dans les voies aériennes.
L’asthme est associé à des allergies alimentaires chez un nombre significatif d’enfants, et représente un facteur de risque de réaction anaphylactique.
Des études antérieures ont montré que la présence d’allergies alimentaires, notamment multiples, augmente le risque d’hospitalisation et d’utilisation des corticoïdes dans l’asthme.
L’inflammation à éosinophiles est un marqueur de l’asthme, et elle est facilement mesurée par le compte cellulaire dans les expectorations et le taux de NO dans l’air exhalé, et des stratégies de traitement ont été basées sur la normalisation des éosinophiles sous corticoïdes. Mais on ne sait pas si l’inflammation éosinophilique est également augmentée chez les sujets asthmatiques ayant aussi une allergie alimentaire, ce qui est l’objet de cette étude.
Les auteurs ont comparé le compte cellulaire éosinophilique et le NO exhalé chez des enfants asthmatiques avec ou sans allergie alimentaire, en analysant dans les 3 mois qui précédaient la dose de corticoïdes utilisée (basse, moyenne ou élevée) et le nombre d’exacerbations, et en surveillant leur fonction respiratoire.
Le résultat principal de cette étude montre que les enfants asthmatiques ayant des allergies alimentaires avaient un compte d’éosinophiles dans les expectorations et un taux de NO exhalé plus élevés que les enfants sans allergies alimentaires.
L’inflammation des voies aériennes chez les enfants ayant des allergies alimentaires pourrait être expliquée par :
- l’inhalation d’allergènes alimentaires, dont on sait qu’ils peuvent déclencher des manifestations d’asthme
- une réaction systémique aux allergènes alimentaires, conduisant à une éosinophilie sanguine qui pourrait expliquer l’éosinophilie des voies aériennes
- enfin une co-sensibilisation aux allergènes alimentaires et aux pneumallergènes.
Compte-tenu de ces résultats, on pourrait imaginer que l’évaluation des régimes thérapeutiques basée sur la surveillance des marqueurs de l’inflammation à éosinophiles puisse être un outil de la réduction de la morbidité chez les enfants asthmatiques ayant des allergies alimentaires : ceci nécessiterait la réalisation d’une étude longitudinale plus importante.
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