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Il faut migrer le plus tard possible chez l’oncle Sam !
mardi 3 janvier 2012, par Dr Alain Thillay
Naissance personnelle et parentale comme facteurs de risque de l’allergie alimentaire. : Corinne A. Keet, Robert A. Wood, Elizabeth C. Matsui
dans [The Journal of Allergy and Clinical Immunology - January 2012 (Vol. 129, Issue 1, Pages 169-175.e5, DOI : 10.1016/j.jaci.2011.10.002)]
– Contexte :
- Les immigrants dans les pays développés ont un faible taux de sensibilisation aux aéroallergènes et d’asthme, mais on en connaît moins, à la fois, sur l’allergie alimentaire et le rôle du statut d’immigrant des parents.
– Objectif :
- Nous avons cherché à évaluer la relation entre la naissance personnelle et des parents avec le risque de sensibilisation alimentaire.
– Méthodes :
- Trois mille cinq cent cinquante sujets de moins de 21 ans de la « National Health and Examination Survey 2005-2006 » ont été inclus.
- Les odds ratios (OR) ont été générés en utilisant la régression logistique, qui a été ajustée pour la race/ethnicité, le sexe, l’âge et le revenu des ménages.
- La naissance a été classée comme nés aux Etats-Unis ou nés à l’étranger, et l’âge lors de l’immigration a été estimé.
- La naissance du chef de famille a été utilisée comme naissance parentale.
- Une sensibilisation alimentaire est définie comme au moins une des IgE spécifiques à un niveau de 0,35 kU/L ou supérieur pour le lait, l’œuf ou l’arachide.
- La sensibilisation aux aéroallergènes, la présence d’asthme, de rhinite allergique ou d’eczéma ont également été évalués.
– Résultats :
- Comparativement aux enfants et adolescents nés en dehors des Etats-Unis, ceux qui y sont nés avaient plus de risque de sensibilisation aux aliments dans leur ensemble (OR, 2,05 ; IC 95%, de 1,49 à 2,83, p<0,001).
- Parmi le groupe né à l’étranger, ceux qui sont arrivés avant l’âge de 2 ans étaient plus susceptibles de sensibilisation alimentaire que ceux qui sont arrivés plus tard (OR, 2,68, IC 95%, 1,19 à 6,08, p=0,02).
- Au sein du groupe d’origine américaine, en revanche, les enfants d’immigrés étaient plus à risque (OR, 1,53, IC 95%, 1,5 à 2,24, p=0,02).
– Conclusion :
- Bien que nés à l’étranger les enfants et les adolescents ont un risque plus faible de sensibilisation alimentaire comparés à ceux nés aux Etats-Unis, chez les personnes nées aux États-Unis, les enfants d’immigrants sont les plus à risque.
Etude américaine extrêmement intéressante qui permet d’aborder la théorie de l’hygiène d’une manière originale. En effet, si l’on sait que les immigrants dans les pays développés ont une plus faible prévalence de sensibilisation aux aéroallergènes et d’asthme, on a moins de données sur la prévalence de l’allergie alimentaire.
Trois mille cinq cent sujets ont été inclus à partir d’une étude nationale de santé sur la période 2005-2006, sujets de moins de 21 ans.
Ayant recours à des moyens statistiques de qualité, ayant sélectionné les critères d’allergie alimentaire (présence d’IgE spécifiques pour lait, œuf et arachide), ayant évalué aussi les autres manifestations de l’atopie (rhinite, asthme, eczéma, sensibilisation aux aéroallergènes), les auteurs ont comparé toutes ces données à la naissance, c’est-à-dire être nés ou pas sur le sol américain et à l’âge d’immigration.
De façon statistiquement significative, les enfants et adolescents nés aux Etats-Unis ont un plus fort risque de sensibilisation alimentaire comparativement aux sujets de la même classe d’âge nés à l’étranger.
En outre, compte tenu de l’âge d’immigration, les sujets ayant migré avant l’âge de 2 ans risquaient plus d’être allergiques alimentaires que ceux ayant migré après cet âge.
Par contre, les enfants d’immigrés nés sur le sol américain étaient plus à risque de sensibilisation aux aliments.
Ces notions suggèrent que le fait d’être né à l’étranger dans des conditions environnementales différentes de celles des Etats-Unis qui favorisent l’émergence des maladies allergiques IgE-dépendantes, protège des allergies alimentaires comme des allergies respiratoires, comme de l’asthme.
Ce phénomène est d’autant plus net que l’arrivée aux Etats-Unis était tardive.
A l’encontre, bien que nés sur les terres américaines, les enfants de migrants ne profitent pas de cette protection, bien au contraire, ils sont plus à risque que le petit américain de souche ; vivant sans doute dans l’extravagance des conditions environnementales propres aux pays développés.
Cette étude va dans le sens d’une confirmation de la théorie de l’hygiène.