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Nouveau : l’allergie oui mais dans le nez seulement !!
vendredi 20 janvier 2012, par Dr Alain Thillay
Le test de provocation nasale spécifique multi-allergénique détecte la polysensibilisation dans la rhinite allergique locale. : Carmen Rondón, Paloma Campo, Rocío Herrera, Natalia Blanca-Lopez, Lidia Melendez, Gabriela Canto, Maria J. Torres, Miguel Blanca
dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - December 2011 (Vol. 128, Issue 6, Pages 1192-1197, DOI : 10.1016/j.jaci.2011.06.012)
– Contexte :
- Les patients ayant été diagnostiqués antérieurement comme souffrant d’une rhinite non allergique (RNA) pourraient en fait avoir une nouvelle forme de rhinite allergique, la rhinite allergique locale (RAL) avec production locale d’IgE spécifiques et réponse positive à un test de provocation nasale spécifique (TPNS).
– Objectif :
- Nous avons évalué un protocole de TPNS utilisant plusieurs aéroallergènes pour la détection de polysensibilisation aux aéroallergènes chez plusieurs patients atteints de RAL.
– Méthodes :
- Les TPNS multi-allergéniques avec deux panels différents d’aéroallergènes pour les patients ayant une rhinite perannuelle et saisonnière ont été effectués chez 25 patients atteints de RAL et 25 patients atteints de RNA, dont la maladie a été diagnostiquée au moyen d’un TPNS unitaire un an plus tôt.
- La réponse à la provocation nasale a été évaluée sur des paramètres subjectifs (symptômes nasaux et oculaires) et objectifs (rhinométrie acoustique).
- Le taux nasal de tryptase et le taux nasal de protéine cationique de l’éosinophile ont été déterminés au moyen de tests immunologiques au départ, 15 minutes et 1, 2, et 24 heures après la provocation.
– Résultats :
- Le TPNS multi-allergénique a montré une concordance de 100% avec l’étalon-or représenté par le TPNS avec un seul aéroallergène.
- Pas de faux positif ou de faux négatif détectés.
-* L’utilisation du TPNS multi-allergénique atteint 75% de réduction du nombre total de visites nécessaires pour le diagnostic final dans le groupe RNA (168 à 42 visites) et une réduction de 55% dans le groupe RAL (144 à 65 visites) par rapport à un TPNS unitaire.
– Conclusions :
- Ces résultats démontrent que la polysensibilisation cliniquement pertinente aux aéroallergènes chez des patients atteints de rhinite allergique locale existe bien
- et que le test de provocation nasale spécifique multi-allergénique est un test utile, spécifique, sensible, reproductible, et consomme moins de temps pour le diagnostic in vivo ayant pour objectif le dépistage des patients atteints de RAL.
La rhinite allergique locale (RAL) est un nouveau phénotype de rhinite caractérisée par la production nasale d’IgE spécifiques, par une réponse inflammatoire de type TH2 dans les sécrétions nasales lors de l’exposition naturelle aux aéroallergènes et une réponse positive au test de provocation nasale spécifique avec production locale d’IgE spécifiques, de tryptase, de protéine cationique de l’éosinophile, en l’absence de terrain atopique.
Dans cette étude d’origine espagnole, les patients avaient tous une antériorité de rhinite d’au moins deux ans.
Ils avaient subi tous des tests cutanés et une recherche d’IgE spécifiques sériques concernant les aéroallergènes de grande prévalence en Espagne ; bien sûr tous ces tests étaient négatifs.
Un an avant, ils avaient fait l’objet d’un ou plusieurs tests de provocation nasale spécifique unitaire afin de séparer les patients atteints de RAL de ceux atteints d’une RNA.
Le test de provocation nasale spécifique multi-allergénique est relativement complexe de réalisation.
Quatre types d’extraits allergéniques seront pulvérisés consécutivement toutes les 15 minutes, D. pteronyssinus, A. alternata, O europea et pollens de Graminées.
Si les 4 pulvérisations ne provoquent pas de réaction, le patient est considéré comme atteint d’une rhinite non allergique.
Si une réponse positive, 3 options :
- Une réaction dans les 15 minutes qui suivent la quatrième pulvérisation, le patient est considéré comme allergique à l’allergène pulvérisé en dernier ;
- Une réaction positive dans les 15 minutes suivant la première, la seconde ou la troisième pulvérisation, le patient est déclaré allergique à l’allergène qui a provoqué cette réactivité, le test de provocation est suspendu, il sera revu 7 jours plus tard pour pratiquer les pulvérisations non effectuées ;
- Dans l’occurrence de cette éventualité, si il est négatif aux trois autres allergènes, il est confirmé allergique à celui qui a provoqué la réaction 7 jours avant, il s’agira alors d’un monosensibilisé ; si le patient réagit à un, deux ou 3 autres aéroallergènes, il sera déclaré polysensibilisé.
- Si une réponse positive intervient 1 heure après la quatrième pulvérisation, le patient est là aussi revu 7 jours plus tard, le même raisonnement est tenu que dans le cas de réactions immédiates et le patient ainsi considéré comme souffrant d’une rhinite allergique locale monosensibilisée ou polysensibilisée.
Les résultats sont concordants à 100% comparativement aux TPNS unitaires pratiqués un an auparavant.
Bien sûr tout cela méritera des études de plus grande ampleur, d’une part, pour bien confirmer l’existence de ce nouveau phénotype de rhinite, la rhinite allergique locale, et, d’autre part, pour bien valider le mode diagnostic par TPNS multi-allergénique.
Cette étude est perturbante dans la mesure où elle signifierait que l’Allergologue de terrain laisse passer des diagnostics de RAL en les qualifiant de rhinites non allergiques ou autres rhinites vasomotrices ce qui ne veut pas dire grand-chose d’ailleurs.
La méthode diagnostique proposée n’est pas facile à mettre en œuvre au cabinet.
Pour cette raison, il faudrait mettre au point un test biologique fiable de mesure des IgE spécifiques dans les sécrétions nasales.
Autre aspect, celui du versant thérapeutique, est-ce que ces patients ainsi diagnostiqués comme souffrant d’une RAL mono ou polysensibilisée répondent aux mesures d’éviction et à l’immunothérapie spécifique ?