Les IgG4 sont de retour ! (ça faisait longtemps)

vendredi 3 février 2012 par Dr Céline Palussière1557 visites

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Les IgG4 sont de retour ! (ça faisait longtemps)

Les IgG4 sont de retour ! (ça faisait longtemps)

vendredi 3 février 2012, par Dr Céline Palussière

Plus que leur immunoréactivité, les niveaux fonctionnels des IgG4 sont en étroite corrélation avec la réponse clinique de l’immunothérapie aux pollens de graminées : Shamji, M. H., Ljørring, C., Francis, J. N., A Calderon, M., Larché, M., Kimber, I., Frew, A. J., Ipsen, H., Lund, K., Würtzen, P. A. and Durham, S. R. (2012),

Functional rather than immunoreactive levels of IgG4 correlate closely with clinical response to grass pollen immunotherapy.

dans Allergy, 67 : 217–226. doi : 10.1111/j.1398-9995.2011.02745.x

 Contexte :

  • Une induction d’anticorps IgG4 spécifique de l’allergène est le résultat immunologique le plus constant dans les essais d’immunothérapie.
  • Les taux quantitatifs d’IgG4 n’ont toutefois pas prouvé leur intérêt dans l’évaluation clinique des changements, pendant ou après l’immunothérapie.
  • Dans cette étude, nous avons étudié la relation entre les résultats cliniques et les taux d’IgG4 spécifiques de l’allergène ou la réponse fonctionnelle des anticorps après une immunothérapie.
  • L’hypothèse était que les essais fonctionnels sur l’activité inhibitrice des IgG4, tels que l’inhibition de l’interaction entre IgE et allergène (facteur de blocage des IgE) et la liaison des IgE à l’allergène dépendant des CD23 (IgE-FAB), étaient plus étroitement corrélés avec le résultat clinique, et pouvaient être des biomarqueurs de la réponse clinique.

 Méthodes :

  • Dans une étude dose-réponse de 8 mois, randomisée en double aveugle contre placébo, 221 sujets souffrant de rhinite saisonnière polysensibilisés ont reçu des injections Alutard SQ de Phleum pratense 100 000SQ-U, 10 000SQ-U ou des injections de placébo.
  • Les échantillons de sérum ont été prélevés avant traitement, après augmentation des doses, pendant la haute saison pollinique et à la fin de l’étude.
  • Les taux d’IgG4 spécifiques de l’allergène et l’activité inhibitrice associée aux IgG4 ont été mesurés.

 Résultats :

  • Une augmentation de l’activité inhibitrice sérique liée au temps et à la dose était observée, à la fois pour le facteur bloquant des IgE et pour les IgE-FAB, parallèlement à l’augmentation des IgG4 spécifiques de pollens de graminées.
  • Une relation inverse modérée mais significative a été démontrée entre l’activité inhibitrice du sérum post immunothérapie et les score combinés symptomatiques et la prise de médicaments de recours (IgE-FAB : r=-0,25, p=0,0002 ; facteur de blocage IgE : r=-0,28, p=0,0001), alors que cela n’a pas été observé pour les taux d’IgG4 immunoréactifs (r=-0,11, p=0,12).

 Conclusions :

  • Les essais fonctionnels sur les IgG4 inhibiteurs et bloquant les IgE pourraient être plus utiles pour évaluer la réponse clinique que les taux d’IgG4.
  • Déterminer si ces anticorps peuvent servir de biomarqueurs prédictifs de l’efficacité clinique chez des patients pris individuellement nécessite des enquêtes plus approfondies.

Pour parfaire la prise en charge de ses patients, l’allergologue est à l’affut de tout outil lui permettant de mieux appréhender l’efficacité de ses traitements.

Cette étude propose une évaluation de l’immunothérapie spécifique grâce à un marqueur biologique : les IgG4 spécifiques. Non pas leur taux quantitatifs : trop simple ! Il s’agit là de leur activité inhibitrice de la liaison des IgE.

Des sujets souffrant de rhinite allergique aux pollens ont été traités par immunothérapie spécifique injectable, à deux doses différentes, ou par placébo. Les taux d’IgG4 spécifiques de fléole étaient mesurés à divers moments de l’étude, ainsi que leur capacité à inhiber la liaison de IgE avec l’allergène ou avec le CD23.

Au total, les taux d’IgG4 n’étaient pas liés à l’efficacité de l’immunothérapie spécifique, évaluée grâce à des scores symptomatiques et médicamenteux.

Au contraire, les paramètres fonctionnels étaient inversement liés à la gêne présentée par les patients.

Jusqu’à présent, l’utilité des dosages des IgG4 spécifiques avait été battue en brèche : au cours d’une immunothérapie, ils augmentent sans pour autant assurer de l’efficacité du traitement. En pratique, leur dosage n’est plus recommandé dans le suivi des patients allergiques.

Cette étude va plus loin, en analysant leur interaction dans la réaction allergique. L’aspect fonctionnel a ainsi plus d’intérêt que l’aspect quantitatif.

Le recours à ces études fonctionnelles a-t-il un intérêt en pratique ?

Dans cet article, le test de référence permettant d’évaluer l’efficacité de l’immunothérapie était un questionnaire ! Le recueil des symptômes présentés par le patient ainsi que ses prises de médicaments constituaient les paramètres les plus fiables pour évaluer l’efficacité du traitement. C’est quand même plus simple !

Cette étude a pour principal intérêt une meilleure compréhension du mécanisme d’action de l’immunothérapie. Mais en pratique, la biologie ne fait toujours pas mieux que l’interrogatoire et la clinique !

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