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Les enfants asthmatiques ont-ils une tête d’allergique ou pas ?
jeudi 16 février 2012, par
Les caractéristiques cliniques ne peuvent pas différencier l’asthme allergique de l’asthme non allergique chez les enfants. : Sinisgalli, Scott1 ; Collins, Melanie Sue2 ; Schramm, Craig M.
dans : Journal of Asthma, Volume 49, Number 1, February 2012 , pp. 51-56(6)
– Objectif :
- Les allergènes de l’environnement sont un facteur de déclenchement majeur de l’asthme, mais tous les asthmatiques ne sont pas allergiques
- Cette étude avait pour but de revoir les caractéristiques cliniques chez les enfants ayant un asthme allergique ou non allergique, basé sur la réponse aux tests cutanés allergiques, de façon à identifier une combinaison de caractéristiques qui pourraient distinguer l’asthme allergique de l’asthme non allergique chez les enfants.
– Méthodes :
- Les données médicales de 321 enfants ayant eu des tests cutanés allergiques ont été revues, et les données démographiques et cliniques ont été comparées entre les patients allergiques et non allergiques.
– Résultats :
- Approximativement les 2/3 des enfants asthmatiques avaient au moins un test cutané positif
- Ces patients allergiques tendaient à avoir plus souvent une histoire d’eczéma ou d’assurance Medicaid, mais ces résultats avaient une faible valeur prédictive
- Il n’y avait aucune différence entre les patients allergiques et non allergiques en termes d’histoire familiale d’atopie ou d’asthme, d’exposition à la fumée de tabac à domicile, d’âge de début de l’asthme, de sexe, de taux d’obésité ou de sévérité de l’asthme
- Parmi les patients asthmatiques allergiques, ni le nombre de tests cutanés positifs, ni les sensibilités allergiques spécifiques individuelles n’étaient corrélés avec l’âge de début ou la sévérité de l’asthme.
– Conclusions :
- Cette étude n’a pu identifier aucune combinaison de caractéristiques qui pourrait de façon fiable distinguer l’asthme allergique ou non allergique chez les enfants
- Tous les enfants asthmatiques devraient donc avoir des tests cutanés de façon à identifier les déclencheurs allergiques potentiels chez ceux ayant une allergie, et à éviter la mise en route de mesures de contrôle de l’environnement non justifiées chez les patients non allergiques.
Les allergènes de l’environnement sont un facteur déclencheur clé de l’asthme. Ainsi le NAEPP (panel d’experts américain) recommande de réduire l’exposition allergénique, et pour ce : d’identifier dans l’histoire du patient les expositions aux allergènes et de déterminer la sensibilité par des tests cutanés ou in vitro.
Cependant tous les asthmatiques ne sont pas allergiques, en particulier les enfants qui ont des périodes de sibilances au cours de l’enfance et de la période préscolaire.
Les auteurs ont donc cherché à savoir s’il pouvait exister une combinaison de signes caractéristiques, cliniques et démographiques, qui permettraient de différencier les enfants asthmatiques qui seraient allergiques de ceux qui ne le seraient pas.
Ils ont réalisé à cet effet une étude rétrospective des données médicales de 321 enfants asthmatiques (âge moyen 8 ans) ayant eu des tests cutanés au cours des années 2004 à 2007 ; les tests avaient utilisé un panel de 14 aéroallergènes (acariens, blatte, animaux, moisissures, et divers pollens) : les sujets ayant une réponse négative aux 14 allergènes étaient considérés comme non allergiques, alors que ceux ayant un test cutané positif à au moins 1 allergène étaient considérés comme allergiques.
Les résultats montrent que :
- les 2/3 des enfants asthmatiques étaient considérés comme allergiques
- il n’y avait aucune différence en termes d’histoire familiale d’atopie ou d’asthme, d’exposition à la fumée de tabac à domicile, d’âge de début de l’asthme, de sexe, de taux d’obésité ou de sévérité de l’asthme (selon la classification GINA)
- chez les allergiques, ni le nombre de tests cutanés positifs, ni les sensibilisations spécifiques n’étaient corrélés à l’âge de début ou à la sévérité de l’asthme
- il n’ y avait pas non plus de différence dans l’utilisation des corticoïdes inhalés.
Cette étude a plusieurs limites :
- l’allergie a été définie par le résultat des tests cutanés, qui sont plus sensibles, sans référence au taux sérique des IgE qui semblent être plus spécifique (moins de faux positifs)
- l’allergie alimentaire n’a pas été prise en compte, mais elle reste beaucoup moins fréquente que l’allergie aux aéroallergènes
- le caractère rétrospectif de l’étude n’a pas permis d’étudier d’éventuels autres facteurs étiologiques confondants
- il n’ y pas eu de comparaison par rapport au contrôle de l’asthme, qui est l’indice d’évaluation recommandé aujourd’hui
- elle ne répond pas à la question (mais ce n’était pas le but de cette étude) de savoir si les sujets non asthmatiques ayant des sensibilisations à des aéroallergènes ont un risque accru de développer de l’asthme.
Cette étude ne retrouve donc pas de caractéristiques cliniques ou démographiques fiables permettant de différencier les asthmes allergiques ou non allergiques chez le petit enfant ; ceci suggère que tous ces enfants asthmatiques devraient avoir une évaluation allergologique par des tests cutanés, de façon à identifier les éléments déclencheurs de l’asthme chez les allergiques et éviter des mesures coercitives de contrôle de l’environnement chez ceux qui ne sont pas allergiques.
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