Pour comprendre les réactions croisées, il faut la 3 D !

mercredi 22 février 2012 par Dr Alain Thillay297 visites

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Pour comprendre les réactions croisées, il faut la 3 D !

Pour comprendre les réactions croisées, il faut la 3 D !

mercredi 22 février 2012, par Dr Alain Thillay

Allergie à la noix chez des patients allergiques à l’arachide : signification des épitopes séquentiels de la noix homologues des épitopes linéaires d’Ara h 1, 2 et 3 en relation à la réactivité clinique. : Leonard Rosenfelda, Wayne Shrefflerb, Ludmilla Bardinab, Bodo Niggemanna, Ulrich Wahna, Hugh A. Sampsonb, Kirsten Beyera

aDepartment of Pediatric Pneumology and Immunology, University Children’s Hospital Charité, Berlin, Germany ;
bDivision of Pediatric Allergy and Immunology and Jaffe Food Allergy Research Institute, Mount Sinai School of Medicine, New York, N.Y., USA

dans Int Arch Allergy Immunol 2012 ;157:238-245 (DOI : 10.1159/000327841)

 Contexte :

  • L’allergie à l’arachide est une allergie alimentaire fréquente et potentiellement mortelle.
  • Malgré la distance taxonomique important entre les plantes, les patients allergiques à l’arachide réagissent souvent aux fruits à coques comme la noix.
  • Alors que les allergènes de l’arachide et de noix ont un haut degré d’homologie dans leurs séquences d’acides aminés, on ne sait pas si cette similitude est responsable de la co-réactivité observée.
  • Par conséquent, nous avons analysé la liaison des anticorps IgE spécifiques à des épitopes séquentiels d’arachide et de noix chez des patients allergiques à l’arachide et allergiques ou non à la noix.

 Méthodes :

  • La liaison des IgE aux épitopes séquentiels de l’arachide et des régions homologues de la noix a été évaluée chez 32 patients allergiques à l’arachide en utilisant une technologie de microarray peptidique.
  • Douze patients avaient une allergie cliniquement pertinente à la noix et vingt y étaient tolérants.
  • Des tests d’inhibition avec des peptides d’arachide et des séquences de noix correspondantes ont été réalisés pour montrer la liaison spécifique à des épitopes séquentiels.

 Résultats :

  • Aucune différence dans la reconnaissance des épitopes séquentiels n’a pu être mis en évidence entre les patients allergiques à l’arachide qu’ils soient allergiques ou non à la noix.
  • Seuls quelques patients ont montré une liaison des IgE à des séquences de la noix qui correspondaient à des épitopes séquentiels d’arachide.
  • Dans les tests d’inhibition, pas de réaction croisée pertinente à IgE n’a pu être détectée pour les peptides analysés.

 Conclusion :

  • Nos résultats indiquent que bien qu’ils partagent un degré assez élevé d’homologie avec les régions correspondantes des allergènes de la noix, la séquence précédemment identifiée comme épitopes séquentiels capables de liés les IgE, Ara h 1, Ara h 2 et Ara h 3 n’ont pas d’équivalents dans les allergènes de noix.

L’allergologie moléculaire rend de très grands services dans le la démarche diagnostique des allergies, tant du point de vue des réactivités croisées que de l’indication de l’immunothérapie spécifique pour ne citer que les domaines pratiques les plus saillants. Mais parfois, elle interpelle.

Ainsi, qu’en est-il de la réactivité croisée entre des molécules de grande homologie séquentielle comme c’est le cas pour l’arachide et la noix ?

Comment ce type de réactivité croisée « séquentielle » est impliqué chez les patients cliniquement allergiques à ces deux types de fruits à coques plutôt éloignés sur le plan taxonomique ?

Dans cette étude, 32 sujets allergiques à l’arachide ont été sélectionnés, parmi eux 12 avaient des signes cliniques lors de la prise de noix.

Pour faire court, les résultats sont évidents, malgré la grande homologie entre Ara h 1, 2 et 3 et les séquences correspondantes des polypeptides de la noix, il n’existe pas de réactivité croisée pertinente quels que soient les patients.

Comment expliquer ce phénomène ?

Une grande homologie séquentielle, on pourrait dire linéaire, donc un enchaînement d’acides aminés comparables dans une grande mesure, mais pas de réactivité croisée.

Ce constat suggère que l’homologie séquentielle des polypeptides, leur structure primaire pour le dire autrement, n’est pas suffisante pour qu’il y ait réaction croisée.

Il s’agit ici de la prise en compte d’une homologie séquentielle globale, on le sait dans ce domaine il suffit de petites parties très fortement homologues peuvent être suffisantes pour qu’il existe une réactivité croisée.

Ainsi, il est estimé qu’une homologie de 40 à 60% soit convenable pour la RC.

En outre, l’homologie séquentielle n’est pas nécessaire obligatoirement pour obtenir une RC, il faut aussi tenir compte de la structure en trois dimensions due à la structure tertiaire des protéines (repliements) qui joue un rôle essentiel dans la création des épitopes croisants et à la structure quaternaire (la structure globulaire) qui est impliquée dans l’accès des IgE aux épitopes.

Il faut donc raisonner plus en homologie locale que globale tout en tenant compte de la structure spatiale des polypeptides.

On étudiera ainsi deux composantes : la composante séquentielle et la composante spatiale.

Pour que cela fonctionne, il faut des zones épitopiques très proches de 10 à 15 acides aminés.

Sur le plan spatial, il faut s’intéresser aux repliements qui rapprochent les AA utiles à la zone épitopique considérée et à la structure globulaire dont dépend l’accessibilité des IgE.

Nous comprendrons mieux la réactivité croisée entre arachide et noix lorsque sera pris en compte l’ensemble des ces critères.

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