Allergie de contact des pieds : colles fortes et cuir !

mardi 20 mars 2012 par Dr Alain Thillay2233 visites

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Allergie de contact des pieds : colles fortes et cuir !

Allergie de contact des pieds : colles fortes et cuir !

mardi 20 mars 2012, par Dr Alain Thillay

Caractéristiques des tests épicutanés d’une étude transversale des données de l’IVDK chez des patients suspectés d’allergie de contact des pieds. : Landeck, L., Uter, W. and John, S. M. (2012),

Patch test characteristics of patients referred for suspected contact allergy of the feet–retrospective 10-year cross-sectional study of the IVDK data.

dans Contact Dermatitis. doi : 10.1111/j.1600-0536.2012.02046.x

 Contexte :

  • L’environnement chaud et humide, la friction et l’occlusion dans les chaussures font des pieds une zone corporelle favorable à la dermatite de contact allergique.

 Objectifs :

  • Evaluer et comparer les résultats des tests épicutanés chez les patients présentant une allergie de contact présumée des pieds avec les résultats de ceux ayant une participation concomitante des pieds et des jambes, des pieds et des mains, et tous les autres testés (à l’exclusion de la participation secondaire les pieds dans le groupe « autres »), pour ce qui concerne les modèles spécifiques de données cliniques et les résultats des tests épicutanés.

 Méthodes :

  • Pour la présente étude transversale, les données ont été recueillies dans les 59 centres participants au Réseau d’Information des Départements de Dermatologie en Allemagne, en Autriche et en Suisse, incluant 102 209 patients ayant subi des tests épicutanés entre janvier 2001 et décembre 2010.

 Résultats :

  • Les allergènes qui étaient significativement surreprésentés chez les 2671 patients souffrant d’eczéma des pieds testés incluaient le bichromate de potassium, la colophane et la résine p-tert-butylphénol-formaldéhyde (constituant des colles du cuir et du caoutchouc).
  • Parmi les matériaux apportés par les patients, des morceaux de chaussures (27,5%), les médicaments topiques et produits pharmaceutiques (24,4%) et les cosmétiques (16,8%) jouaient un rôle majeur.
  • Les diagnostics définitifs de dermatite vésiculaire et hyperkératosique, ainsi que de psoriasis, étaient significativement plus fréquents chez les patients ayant les pieds atteints.

 Conclusions :

  • Les composés du chrome et des adhésifs étaient les causes les plus fréquentes de dermatite de contact allergique chez les patients atteints au niveau des pieds.
  • Le psoriasis devrait être considéré, en particulier lorsque les mains sont touchées de façon concomitante.

Les allergies de contact atteignant les pieds sont le plus souvent en rapport avec la décomposition des produits constitutifs des chaussures qui représentent un milieu favorable du fait de l’occlusion, de la chaleur et de l’humidité.

Cette étude allemande se propose d’examiner les allergènes impliqués en fonction de la localisation de l’eczéma, atteinte des pieds uniquement, pieds/jambes, pieds/mains et les autres localisations.

Pour l’atteinte des pieds seule, ce qui correspond à 2671 patients, les éléments retrouvés sont, sans surprise, le chrome (cuir), la colophane (adhésifs, cirages) et la résine p-tert-butylphénol formaldéhyde (constituant des colles du cuir et du caoutchouc).

Chez ces patients, les sources personnelles étaient constituées par les morceaux de chaussures, les topiques et les cosmétiques.

Les auteurs soulignent bien le fait que lorsque d’autres localisations que les pieds, tout particulièrement les mains, sont atteintes, il faut penser aux diagnostics de dermatite vésiculaire et hyperkératosique et de psoriasis ; dans cette occurrence le bilan allergologique est négatif.

Petite remarque, à mon sens, ces deux possibilités ne font qu’un seul diagnostic car la dermatite vésiculaire et hyperkératosique n’est qu’une forme clinique de psoriasis.

Cette étude ne fera pas révolution, toutefois, elle est de grande ampleur et permet de justifier notre attitude quant aux allergènes responsables et au diagnostic différentiel.