Police du DRESS : il faut arrêter les Killers avant qu’ils ne commentent leur forfait !

lundi 21 mai 2012 par Dr Stéphane Guez795 visites

Accueil du site > Allergènes > Médicaments > Police du DRESS : il faut arrêter les Killers avant qu’ils ne commentent (…)

Police du DRESS : il faut arrêter les Killers avant qu’ils ne commentent leur forfait !

Police du DRESS : il faut arrêter les Killers avant qu’ils ne commentent leur forfait !

lundi 21 mai 2012, par Dr Stéphane Guez

Association entre DRESS et diminution du nombre des lymphocytes B périphériques et des cellules natural killer (NK). : Yazicioglu, M., Elmas, R., Turgut, B. and Genchallac, T. (2012),

The association between DRESS and the diminished numbers of peripheral B lymphocytes and natural killer cells.

dans Pediatric Allergy and Immunology, 23 : 289–296. doi : 10.1111/j.1399-3038.2012.01268.x

 Introduction :

  • La réaction médicamenteuse avec éosinophilie et symptômes systémiques (DRESS) est une affection sévère avec atteinte de plusieurs organes, induite par des médicaments, et dont la physiopathologie exacte n’est pas encore connue.

 Objectif de l’étude :

  • Il a été d’évaluer les modifications spécifiques induites au niveau des sous populations lymphocytaires du sang périphérique lors d’un DRESS induit par un traitement antibiotique.

 Matériel et Méthode :

  • 6 patients présentant un DRESS ont été étudiés.
  • L’analyse des leucocytes et des sous-populations lymphocytaires par immuno-phénotypage a été réalisée au début des symptômes et lors du suivi de l’affection.
  • Les réactogènes et les enzymes hépatiques ont été mesurés à la phase aigue chez tous les patients.
  • D’autres tests, sérologie virale, taux des immunoglobulines et tests cutanés ont été faits lorsque c’était possible.

 Résultats :

  • Le taux des lymphocytes B est bas chez tous les patients au début du DRESS, et les cellules NK sont également basses dans tous les cas sauf chez un patient.
  • Durant la convalescence, le nombre des lymphocytes B se normalise chez 5 patients.
    • Chez un patient il y a même une augmentation d’un facteur 10 du nombre des lymphocytes B, bien que le taux soit ensuite modérément bas après 3 mois.
    • Le nombre de cellules NK était dans les valeurs normales chez 3 patients.
    • Le nombre moyen des LB et des cellules NK était significativement plus important dans les seconds prélèvements par rapport aux valeurs observées à l’admission.
  • Les taux sériques d’IgA et IgM sont bas chez 1 patient.
  • Le test de provocation médicamenteux était positif avec la cefotaxime chez un patient.
  • Les sérologies virales réalisées chez 5 patients étaient négatives.

 Conclusion :

  • Une diminution des lymphocytes B et des cellules NK sont les anomalies les plus significatives qui sont associées au début d’un DRESS secondaire à des antibiotiques dans cette série de patients.
  • Cette altération immunologique pourrait être un indicateur prédictif utile du développement d’un DRESS.

Les auteurs ont étudié les paramètres biologiques qui pourraient aider à suivre un DRESS. Ils mettent en évidence, par l’analyse poussée de 6 patients, une diminution significative des LB avec une diminution des cellules natural killer au début de l’affection, modifications qui se normalisent à la guérison.

Le DRESS reste une affection mal connue et sévère de part ses atteintes multi-organes.

Le travail présenté ici confirme une hypothèse physiopathologique conduisant à la réactivation du virus de l’herpès 6 (HHV-6).

Les métabolites médicamenteux induiraient une dysfonction des cellules natural killer responsable d’une diminution de l’activation des lymphocytes B et de la production de certaines immunoglobulines.

La conséquence en serait la réactivation du virus herpétique présent de façon latente dans les cellules mononuclées.

En réponse à cette réactivation il y aurait une hyperstimulation des LT CD8+ avec des réponses croisées vis-à-vis de nombreux antigènes entraînant des lésions sévères au niveau de nombreux organes.

La mise en évidence précoce de cette chute des LB et des NK chez un patient sous des médicaments à risque (vancomycine, anticonvulsivants, allopurinol etc.) permettrait d’arrêter plus rapidement le médicament avant une défaillance multi viscérale.

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois