Allergie aux acariens : un nouvel algorithme espagnol !

jeudi 12 juillet 2012 par Dr Alain Thillay1939 visites

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Allergie aux acariens : un nouvel algorithme espagnol !

Allergie aux acariens : un nouvel algorithme espagnol !

jeudi 12 juillet 2012, par Dr Alain Thillay

Analyse de patients allergiques aux acariens dans divers territoires par de meilleurs outils de diagnostic. : D. Barber, J. Arias, M. Boquete, V. Cardona, T. Carrillo, G. Gala, P. Gamboa, J. C. García-Robaina, D. Hernández, M. L. Sanz, A. I. Tabar, C. Vidal, H. Ipsen, F. de la Torre and M. Lombardero,

dans Clinical & Experimental Allergy, 2012 (42) 1129–1138.

 Contexte :

  • Il ya peu d’études comparant la sensibilisation aux allergènes des acariens de différentes espèces pouvant potentiellement être la cause d’allergie.

 Objectif :

  • Améliorer le diagnostic des patients allergiques aux acariens provenant de territoires divers dans lesquels les acariens D. pteronyssinus et D. farinae ainsi que les acariens de stockage peuvent être présents dans l’environnement.

 Méthodes :

  • Quatre cent soixante-sept patients (enfants et adultes) provenant de différentes régions couvrant les principales zones d’Espagne de prévalence des acariens, ont été recrutés.
  • Les IgE spécifiques de 8 allergènes ont été mesurées, des tests cutanés ont été pratiqués avec des extraits d’acariens totaux, le niveau d’exposition aux allergènes d’acariens et les IgG4 spécifiques ont été aussi quantifiés.
  • Le test d’activation des basophiles (BAT) et le test d’activation cellulaire par l’antigène (CAST) ont été réalisés dans un sous-groupe de patients.

 Résultats :

  • D. pteronyssinus et L. destructor sont plus fréquents dans les zones de l’Atlantique, tandis que D. farinae prédomine dans les régions méditerranéennes.
  • Environ 90% des patients étaient sensibilisés au groupe 1 et/ou au groupe 2 des allergènes.
  • Le groupe 2 était le plus fréquent et la réponse IgE/intensité de la sensibilisation par le BAT était plus élevée.
  • Les IgE spécifiques de Der p 2 et de Der f 2 croisent presque entièrement alors qu’aucune réactivité croisée n’a été détectée avec Lep d 2.
  • Les allergènes du groupe 1 croisent également mais chez certains patients une réponse spécifique à l’espèce a été observée.
  • Les IgE spécifiques de Lep d 2 sont associées à des tests cutanés aux acariens de stockage.
  • La sensibilisation à Der p 1 est plus fréquente chez l’enfant tandis que celle à Lep d 2 était plus fréquente chez l’adulte.
  • Un rapport plus élevé IgE/IgG4 spécifiques de Der p 2 est associé à la présence d’un asthme allergique.

 Conclusion :

  • Un meilleur algorithme de diagnostic a été établi.
  • Les allergènes du Groupe 2 semblent avoir un rôle de premier plan dans l’allergie aux acariens, mais, comme la sensibilisation au groupe 1pourrait être spécifique de l’espèce chez certains patients et sa prévalence plus élevée chez l’enfant, un équilibre adéquat entre les espèces d’acarien majeures et les allergènes majeurs doit être considéré pour la conception des vaccins contre les allergies aux acariens.

Les acariens sont responsables de par le monde d’un nombre de cas gigantesque d’allergie respiratoire persistante. C’est sans doute dans ce domaine que nous avons assisté à de grands progrès, comme la conception et la fabrication du vaccin allergénique. Ne sommes-nous pas passés des « extraits de poussière de maison » à des extraits hautement standardisés en passant par les extraits de poussière de maison dite enrichie en acariens ?

De plus, l’avènement de l’allergologie moléculaire nous a apporté de nouveaux outils pour affiner notre diagnostic.

Là est tout le sujet de cette étude espagnole.

A côté des classiques tests cutanés avec des extraits corps total d’acariens de différentes espèces, à côté du dosage des IgE spécifiques, là aussi, concernant l’ensemble des allergènes d’acariens, que peuvent apporter les connaissances nouvelles d’allergologie moléculaire mises en parallèle avec l’épidémiologie territoriale de la prévalence des différentes espèces et des tests élaborés comme le BAT et le CAST ?

Tout cela pour définir un nouvel algorithme de diagnostic des allergies aux acariens.
Il faut rappeler qu’un algorithme est une suite finie et non-ambiguë d’opérations ou d’instructions permettant de résoudre un problème.

Le recours au test d’activation des basophiles trouve son intérêt pour détecter les faux positifs des tests cutanés.

Le test d’activation cellulaire par l’antigène, qui mesure la libération des sulfoleucotriènes, permet de détecter les pseudo-allergiques.

Ces deux tests pratiqués sur un sous-groupe de patients contribuent à vérifier la pertinence des autres moyens de diagnostic.

Il faut rappeler l’objectif principal de cette étude, il s’agissait de préciser l’IgE réactivité vis-à-vis des différentes espèces d’acariens en fonction de la prévalence territoriale en Espagne.

L’objectif secondaire étant alors de faire préparer des vaccins allergéniques collant au plus près de l’IgE réactivité de chaque patient.

Les résultats de l’étude permettent donc de créer un nouvel algorithme plus précis et plus pertinent.

Ainsi, D. pteronyssinus et L. destructor sont plus prévalants sur la façade atlantique de l’Espagne alors que D. farinae l’est plus en zone méditerranéenne.

Les allergènes du groupe 1 et du groupe 2 gardent la tête de l’IgE réactivité, prévalence de 90% pour l’un des deux premiers groupes ou pour les deux.

Avec, point important, pour le groupe 2, la plus grande fréquence mais aussi la plus grande intensité d’IgE réactivité.

La réactivité croisée Der p 2 et Der f 2 approche les 100% alors que celle avec Lep d 2 est proche de zéro.

Pour les allergènes du groupe 1, si la réactivité croisée est là aussi importante, il semble exister des arguments pour dire qu’il peut exister une spécificité d’espèce.

La positivité d’un test cutané positif pour les acariens de stockage est corrélée à la présence d’IgE spécifique à Lep d 2.

L’IgE réactivité à l’encontre de Der p 1 est l’apanage de l’enfant alors que celle à Lep d 2 domine chez l’adulte.

Enfin, un dernier point important, un rapport élevé IgE/IgG4 spécifiques de Der p 2 est associé à l’asthme.

Cet algorithme est intéressant à confronter aux résultats d’une grande revue concernant les acariens domestiques parue dans Maladies Respiratoires de mars 2011 sous la rubrique « Pollution de l’air intérieur » coordonnée par Frédéric de Blay ; cette revue s’intitulant « Les acariens domestiques et leurs allergènes » J. C. Bessot et G. Pauli.

Dans ce travail exhaustif, les auteurs rapportent les travaux de Weghofer et al. qui suggèrent fortement que la combinaison Der p 1 et Der p 2 permet de faire le diagnostic d’un minimum de 97% de patients allergiques à D. pteronyssinus.

L’ajout de Der p 5 et Der p 7 apporte une sensibilité diagnostique de 100%, dans une étude pratiquée en Autriche, France et Suède.

Valenta, quant à lui, pense que dans l’objectif du diagnostic résolu par les composants, l’association Der p 1 et Der p 2 ou Der f 1 et Der f 2 est suffisante.

Notre étude espagnole ne semble pas dire autre chose tout au moins dans le cadre des acariens domestiques.

Enfin, signalons, que les ImmunoCAP nDer p 1 et rDer p 2 sont disponibles, par contre, pas d’ImmunoCAP Lep d 2 mais, nous l’avons vu, le test cutané avec le mélange acariens de stockage a une bonne corrélation.

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