Les basophiles prendraient le dessus sur les mastocytes dans l’allergie alimentaire.

lundi 3 décembre 2012 par Dr Philippe Carré799 visites

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Les basophiles prendraient le dessus sur les mastocytes dans l’allergie alimentaire.

Les basophiles prendraient le dessus sur les mastocytes dans l’allergie alimentaire.

lundi 3 décembre 2012, par Dr Philippe Carré

Cinétique des mastocytes et des basophiles et réponse à un test de provocation oral alimentaire, chez des patients adultes ayant une allergie à l’arachide et traités par omalizumab. : Jessica H. Savage, Jean-Paul Courneya, Patricia M. Sterba, Donald W. MacGlashan, Sarbjit S. Saini, Robert A. Wood

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - November 2012 (Vol. 130, Issue 5, Pages 1123-1129.e2, DOI : 10.1016/j.jaci.2012.05.039)

 Contexte :

  • Les anticorps monoclonaux dirigés contre les IgE démontrent leur efficacité clinique chez des sujets avec une allergie à l’arachide, mais des études antérieures n’ont pas évalué les cinétiques de la réponse clinique ou le rôle des mastocytes et des basophiles dans la réponse allergique alimentaire.

 Objectif :

  • Déterminer les cinétiques de la réponse clinique à l’omalizumab et son association éventuelle à une suppression des mastocytes ou des basophiles.

 Méthodes :

  • Des sujets ayant une allergie à l’arachide étaient traités par omalizumab pendant 6 mois et évalués vis-à-vis des réponses cliniques et cellulaires
  • A l’état basal, les sujets avaient un test de provocation oral alimentaire (TPOA) contrôlé, en double-aveugle contre placebo, ainsi que des prick-tests cutanés (PT) et un test de libération d’histamine par les basophiles (TLH)
  • Le TLH était répété à la deuxième semaine et de façon hebdomadaire jusqu’à ce qu’il diminue à moins de 20 % des valeurs basales
  • Le TPOA et les PT étaient répétés après réduction de la TLH (ou à la 8è semaine en cas de non réduction) et à nouveau à 6 mois.

 Résultats :

  • 14 sujets ont été enrôlés dans l’étude
  • Au second test de provocation alimentaire, il y avait une diminution significative de la dose d’arachide déclenchant des symptômes allergiques (80 à 6500 mg, p<0.01)
  • La THL induite par l’arachide était ou bien totalement supprimée (n=5) ou nécessitait 10 fois plus d’allergène pour induire une THL maximale (n=9), et les réponses aux PT n’étaient pas significativement modifiées par rapport à l’état basal
  • Après 6 mois de traitement par omalizumab, des modifications supplémentaires de la dose déclenchante d’arachide ou du TLH n’ont pas été observées, mais une diminution significative des PT a été observée.

 Conclusions :

  • La réponse clinique à l’omalizumab apparaît précocement après la baisse des basophiles, mais pas des mastocytes, suggérant un rôle des basophiles dans les réactions allergiques alimentaires aigues.

Les auteurs ont voulu explorer le rôle des mastocytes et des basophiles dans la réponse allergique, en prenant comme modèle d’anaphylaxie l’allergie alimentaire, et en utilisant l’omalizumab, anticorps anti-IgE dont on sait qu’il entraîne une diminution rapide de l’expression des récepteurs IgE sur les basophiles, et plus tardive sur les mastocytes.

Les objectifs de l’étude étaient d’évaluer chez 14 sujets allergiques à l’arachide, si après traitement par omalizumab les patients pouvaient tolérer une plus grande quantité d’arachide, et d’étudier par ailleurs la cinétique de la réponse clinique et sa corrélation avec des modifications de la réponse des basophiles et des mastocytes.

L’étude a comporté, avant traitement et à plusieurs moments au cours de la période de traitement de 6 mois, un test de provocation oral à l’arachide, des prick-tests cutanés pour évaluer la réponse mastocytaire, et un test de libération d’histamine pour évaluer la réponse des basophiles.

Les résultats montrent que la dose seuil d’arachide déclenchant l’allergie alimentaire était augmentée d’un facteur 56 après traitement, et ce de façon précoce ; cette réponse était associée à une augmentation de la dose d’arachide nécessaire pour obtenir le même niveau de libération d’histamine qu’avant traitement à l’état basal : cette association temporelle entre la réponse clinique et la réponse des basophiles suggère fortement l’implication des basophiles dans la réponse allergique alimentaire précoce. Par contre, l’absence de modification associée des résultats des prick-tests montre que les mastocytes ne sont pas un marqueur fiable de cette réponse clinique à l’omalizumab.

Bien que l’omalizumab n’ait pas d’indication actuelle dans l’allergie alimentaire, l’augmentation rapide de la dose seuil d’allergène observée sous traitement dans cette étude suggère qu’un traitement temporaire par omalizumab pourrait jouer un rôle en association avec la désensibilisation orale dans l’allergie alimentaire. Une étude pilote est d’ailleurs en cours à ce sujet.